Saints

Saintes

Novembre

Neuvième mois de l'année qui, autrefois, commençait au 1 mars.

- Novembre, mois des brumes, par devant réchauffe et par derrière refroidit (allusion à l'été de la saint Martin)

- Novembre chaud au début, froid à la fin.

- Le vent de novembre arrache la dernière feuille.

- Vent de novembre est mauvais sur l'eau.

- Quand il gèle en novembre, l'herbe part comme tendre (Lozère)

- En novembre s'il tonne, l'année sera bonne. (Berry -Dauphiné - Vosges - Indre)

- Chaleur de novembre nuit fort

- Quand en novembre il a tonné, l'hiver est avorté (pas vérifié)

- Brouillard en novembre, l'hiver sera tendre; (pas vérifié)

- Le 21 brumeux, hiver rigoureux (pas vérifié)

1 novembre

- A la Toussaint, manchons aux bras, gants aux mains.

- De la Toussaint aux Avents, jamais trop de pluie ni de vent.

- A la Toussaint, le froid revient et met l'hiver en train

- Pour la Toussaint, la gelée est dans les champs, pour la saint Martin, la gelée est par les chemins, pour la sainte Catherine, la gelée est aux cuisines.

- Pour la Toussaint, cape et grand foulard.

- S'il fait chaud le jour de la Toussaint, il tombe presque toujours de la neige la nuit suivante ou le lendemain.

- S'il neige à la Toussaint, l'hiver sera froid.

- Givre à la Toussaint, Noël malsain

- Tel Toussaint, tel Noël.

- De la verdure à la Toussaint, de la neige à Pâques.

- La Toussaint venue, rentre ta charrue

- Les semailles de la Toussaint sont les plus pauvres de l'année.

- A la Toussaint commence l'été de la saint Martin.

- Celui qui a trois fois sept ans, pour la Toussaint, ne laisse pas ses pommes de terres aux champs.

Toussaint

Vers le 4e siècle, les églises d'Orient célébraient en commun les martyrs. Mais cette fête se faisait à des dates différentes : 13 mai, vendredi après Pâques, le dimanche après la Pentecôte etc. Les Irlandais la fêtaient le 17 et le 20 avril.

Si cette fête était placée aux environs de Pâques, c'était pour l'associer à la résurrection du Christ.

Ce n'est que vers le 8e et 9e siècle que l'on voit progressivement fixer la date du 1 novembre. Une des premières mentions date de 798 où dans un concile réuni à Riesbach, l'archevêque de Salzburg choisit cette date.

Il est raisonnable de penser qu'elle fut placée à cette date pour christianiser la fête Celte d'Hallow'een. Mais aussi pour utiliser le rythme saisonnier d'une nature en train de mourir.

La Toussaint met en valeur la fête des saints et non celle des morts. La fête Celte d'Hallow'een célèbre plutôt les morts tout en les honorant en tant que "revenants".

Saint Austremoine (moine qui vient du sud - ou de l'est ou d'Austrasie- du levant)

Il serait venu de Rome avec Saint Nectaire et saint Sirénat. Missionnés par Saint Pierre il prêchèrent dans toute l'Auvergne. Austremoine resta à Clermont. Après un séjour dans le Nivernais, il revint à Clermont. Après 36 ans d'apostolat, il confia l'évêché de Clermont à saint Urbice et partit se retirer dans un ermitage à Ixiodore qui devint Issoire. Là, il convertit et baptisa Lucius, le fils du gouverneur. Le père de Lucius en colère fit jeter son fils dans un puits et envoya ses sbires pour tuer Austremoine mais celui-ci s'enfuit vers les montagnes. Il fut rattrapé sans doute à Trémouille-Saint-Loup où on lui trancha la tête.

Son corps fut transféré à Volvic puis à Mauzac, près de Riom, puis sans doute à Issoire.

Mais d'autres disent qu'il vint de Rome au 3ème siècle et qu'il ne mourut pas martyr.

Saint Grégoire de Tours raconte que l'histoire d'Austremoine aurait été inventée par un évêque ivrogne et avare : Cautinus. Une nuit, il aurait entendu chanter autour du tombeau d'Austremoine, il serait descendu à l'église pour y voir des personnages en blanc et munis de cierges. Le lendemain, il fit entourer le tombeau d'une grille. A partir de ce moment, on vint y prier et donner des aumônes.

Saint Marcel de Paris

Il est né vers la fin du IV siècle et devint le neuvième évêque de Paris.

Lorsqu'il était enfant et sage, un forgeron l'obligea à saisir un morceau de fer rougit au feu et à en dire le poids. Marcel prit l'objet et dit "il pèse 9 livres". On le pesa, le poids était exact et Marcel ne fut pas brûlé.

Lorsqu'il était assistant de l'évêque Prudence, il présenta à celui-ci de l'eau qu'il avait puisé dans la Seine afin qu'il se lave les mains. Mais l'eau était changée en vin. Étonné, l'évêque ordonna d'en verser dans le calice afin que les gens la boive à la communion.

Il y avait un garçon qui avait une très jolie voix et on l'invitait à chanter plus souvent que les autres. L'évêque mécontent ou jaloux de cette préférence ordonna de le fouetter. Mais dès que le petit Nonnitius cria de douleur, l'évêque, en punition, perdit sa voix. Marcel la lui rendit quelques jours plus tard en lui reprochant sa jalousie.

Un grande dame de mauvaise vie mourut. On la mit dans un tombeau mais un énorme serpent se glissa jusqu'à elle et se mit à la dévorer. Devant la frayeur des gens, Marcel entra dans le tombeau et frappa le serpent trois fois puis il lui mit son étole autour du cou et l'entraîna loin de la ville en lui ordonnant de ne plus jamais revenir. C'est ce qui arriva.

D'une église saint Marcel qui donnait sur l'actuel Boulevard saint Marcel, il ne reste rien.

Ce saint Marcel n'a rien à voir avec saint Marcel Pape fêté au 16 janvier et dont on promenait les reliques le même jour que celles de sainte Geneviève.

Saint Bénigne (bon saint, bienveillant)

Il est né à Smyrne (aujourd'hui Izmir, en ouest-Turquie). Disciple de saint Polycarpe, il fut choisi pour venir prêcher dans les Gaules au 2e siècle. Il était accompagné d'Andoche, Thyrse et Andéol. Il arriva par Marseille, s'arrêta dans plusieurs lieux. A Autun, il convertit le sénateur Fauste et son fils Symphorien qui devint saint Symphorien.

Puis il se dirigea vers Langres où il convertit les trois triplés de Léonille : Speusippe, Éleusippe et Méleusippe. Ensuite il alla vers Dijon où il établit le centre de sa mission.

Mais Marc-Aurèle allait passer par là. Bénigne s'enfuit vers Épagny. Dès son arrivée, Marc-Aurèle fit ériger un temple à Mercure et s'inquiéta d'avoir aperçu une "tête rasée". Il s'agissait d'une coutume chrétienne de cette époque. Les chrétiens se rasaient la tête pour ressembler aux esclaves.

Il fit rechercher la "tête rasée" qu'on trouva à Épagny.

Après lui avoir fait subir le chevalet, on le mit en prison où on lui scella les pieds dans du plomb fondu. Il était enfermé avec douze chiens affamés. Mais un ange vint calmer les chiens et desceller les pieds de Bénigne puis lui donner un pain céleste. Après six jours, on le trouva en pleine santé. Furieux, Marc-Aurèle ordonna qu'on lui rompit le cou avec une barre de fer puis qu'on le perça d'une lance.

Après sa mort, Léonille lui fit des funérailles chrétienne et l'embauma. Son corps est vénéré à la cathédrale saint Bénigne de Dijon.

Au 6e siècle, il y avait à Dijon un tombeau vénéré par les paysans peu christianisés, contre l'avis de l'évêque, et qui était objet d'un culte quasi païen. Ce personnage inconnu était appelé Benignus, "bon saint" "bienveillant" faute d'autres précisions. Puis des voyageurs ramenèrent d'Italie une vie de saint inventée par un faussaire. Elle venait à point pour christianiser un culte empreint de paganisme. Grégoire de Tours la transcrit dans son "Histoire des Francs". Elle fut reprise au XIe siècle où l'on attribua toute sortes de bienfaits à Bénigne.

Saint Vigor (vigueur)

Né en Artois au 6e siècle, il vint s'installer près de Bayeux pour y prêcher. Il débarrassa le pays d'un énorme serpent qui terrorisait les gens. Il est représenté avec un dragon ou serpent qu'il tient avec son étole.


2 novembre

- Le Jour des Morts, ne remue pas la terre, si tu ne veux pas sortir les ossements de tes pères.

- La neige du jour des Trépassés annonce un printemps ensoleillé.

Commémoration des fidèles trépassés

Dès l'origine du christianisme, on faisait, ça et là, des prières pour les morts ce n'est que plus tard, au 10ème siècles qu'apparut non pas le "jour des morts" mais la "commémoration des fidèles trépassés".

On raconte qu'un pèlerin aquitain, revenant de terre Sainte, avait rencontré un ermite qui lui avait donné un message pour Odilon de Cluny. Le message disait que l'ermite avait entendu les démons se plaindre de ce que les moines clunysiens leur arrachaient les âmes par leurs prières. Cela incita Odilon à fêter les âmes des morts le lendemain de la fête des Saints en 998. Cette fête ne fut généralisée que vers le 13eme siècle. Ce n'est qu'en 1913 que ce jour a été doté d'un office spécial.

Saint Nectaire (ou Victorin)

Nectarius, selon son appellation latine, fut le premier évêque connu de Poitiers. Il serait venu d'Orient. Son nom est confondu, sans doute avec raison, avec celui de Victorin.

Mais d'autres hagiographes contestent la confusion entre la ville de Ptuy ou Pettau (en Slovénie) Pettaviensis en latin et Pictaviensis (Poitiers). Victorin n'aurait donc rien à voir ni avec Nectaire ni avec Poitiers.

Ce saint dont on ne sait pas grand chose, mais qui fut cité par saint Jérôme, rédigea des commentaires bibliques. Familier de la langue grecque, il l'était moins de la langue latine dans laquelle il s'exprimait avec difficultés.

Il mourut martyr, au 4e siècle, lors de l'avant-dernière persécution de Dioclétien.

Selon les partisans de Nectaire, il fut enterré, près de l'église qui porte son nom à Poitiers, sans doute peu après sa construction. Son corps fut retrouvé en 1843.

Un autre Victorin est fêté au 15 mai.

Saint Marcien

Son histoire est racontée par Théodoret dans son ouvrage : "histoire des moines".

Sa famille était riche mais il abandonna tout pour se construire une cabane dans laquelle il passait son temps à réciter des psaumes et à lire les Écritures.

Il mangeait frugalement mais suffisamment pour ne pas laisser son esprit s'engourdir. Il eut bientôt deux disciples : Agapet et Eusèbe.

Un jour, Eusèbe vit un dragon grimpé sur la clôture et qui regardait Marcien comme s'il voulait le dévorer. Mais Marcien, sans s'émouvoir, souffla sur le dragon en faisant un signe de croix et la bête tomba en morceaux.

Il prêcha longtemps en luttant contre les manichéens et les ariens.

Se faisant vieux, nombre de ses fidèles attendaient sa mort pour se fournir en reliques. Ils bâtirent plusieurs chapelles afin de recevoir les restes de leur maître. Marcien l'apprit et recommanda à Eusèbe de l'enterrer discrètement. Ce qui fut fait. Ce n'est que bien longtemps après que le dernier survivant des fossoyeurs révéla le lieu où Marcien était enterré. On le mit alors dans un sarcophage de pierre.

Il mourut vers la fin du 4ème siècle.


3 novembre

- À la Saint-Hubert, les oies sauvages fuient l'hiver

- A la saint Hubert quitte sa place la perd. (renouvellement des baux et des emplois)

Saint Hubert

Patron des grandes chasses. (Hug-Berth : Intelligent et brillant)

Il n'y a pas que les enragés qu'on emmenait à Saint Hubert, dans les Ardennes belges, il y avait aussi les fous, les possédés et tous ceux qui paraissaient victimes du démon.

Bien des rituels avaient cours : La neuvaine, la taille et plusieurs obligations liées au manger, au coucher, à la coiffure, à la confession et à la communion.

Mais qui était ce personnage, à caractère humide, qui déplaçait ainsi les foules ?

Il est né en Aquitaine au 7ème siècle. Son père s'appelait Bertrand et aurait été duc d'Aquitaine ou encore descendant de Clotaire Ier. Sa mère s'appelait Hugberne ou Afre, soeur de Sainte Ode.

Il vécut, assez librement et de façon mondaine, à la cour, au temps des rois fainéants. Il aimait passionnément la chasse.

Lorsqu'Ébroïn, redevint Maire du Palais après s'être échappé de prison, il fit subir une telle tyrannie que biens des seigneurs quittèrent le pays d'Aquitaine. Hubert partit vers l'Austrasie où Pépin de Herstal (un parent) l'accueillit. Il le créa Grand Maître de sa Maison. Vers 682, il épousa Floribanne, fille de Dagobert, comte de Louvain.

C'était l'époque où Saint Lambert prêchait, et où Plectrude, femme de Pépin, pratiquait les plus hautes vertus, malgré les affronts de sa belle-mère Alpaïde, mère de Charles Martel.

Un jour de fête solennelle, plutôt que d'assister aux offices, Hubert partit à la chasse avec sa meute. Au milieu des forêts, il rencontra un magnifique cerf qui portait un crucifix entre ses bois. Les cerf lui dit "Hubert, Hubert, jusques à quand poursuivrez-vous les bêtes dans les forêts ? Jusques à quand oublierez-vous de penser plutôt au salut de votre âme ?"

Hubert, effrayé mais admiratif se prosterna et promit qu'il se consacrerait dès lors aux choses de la religion.

Il alla trouver Saint Lambert, évêque de Maëstricht qui l'instruisit.

Petit à petit, Hubert changea. Puis Floribanne mourut en mettant au monde Floribert, son fils. Après son veuvage, Hubert désira devenir le disciple de Saint Lambert. Il renonça aux honneurs militaires ainsi qu'à la succession de son père en Aquitaine. Il en fit bénéficier son frère Eudon à qui il confia l'éducation de Floribert, âgé de trois ans.

En 689, il se retira dans la forêt d'Ardennes en un lieu proche du monastère d'Andage. (aujourd'hui Saint Hubert, en Belgique)

Au bout d'un certain temps, Saint Lambert lui demanda de faire un pèlerinage à Rome. Pendant qu'Hubert était à Rome, Lambert fut martyrisé. A l'heure du martyre, un ange apparut au Pape Serge Ier en lui présentant le bâton pastoral de Lambert. Il lui demanda d'ordonner Hubert évêque à sa place. Le lendemain matin, muni de la crosse, Serge observa les pèlerins qui entraient dans Saint-Pierre et reconnut Hubert selon la description que l'ange lui avait donnée.

Pendant que Serge Ier donnait le bâton à Hubert, l'ange apparut à nouveau pour apporter les vêtements pontificaux de Saint Lambert. Mais il manquait l'étole. L'ange donna alors une étole en soie qui avait été envoyée par la Sainte Vierge. Hubert fut consacré évêque de Tongres et de Maëstricht.

Il reçu en même temps la science pour instruire ainsi que le pouvoir de guérison et en particulier celui de guérir la rage.

Quand il revint vers son pays, les habitants de Maëstricht n'eurent pas de peine à l'accepter vu qu'il portait les habits de Saint Lambert.

Il organisa alors la translation des reliques de Saint Lambert vers la ville de Liège où il fit bâtir une grande église et où il vécut. C'est pourquoi Liège est devenu une très grande ville.

Il visitait fréquemment le Brabant et les Ardennes. Un jour, il rencontra une femme qui, "pour avoir travaillé le dimanche, avait perdu l'usage de ses mains. Ses doigts et ses ongles étaient tellement serrés contre les paumes qu'il n'était pas possible de les en séparer." Hubert pria et guérit la femme.

Un jour qu'il faisait très sec, la Meuse était si basse que les bateaux ne pouvaient plus naviguer. Il leva les yeux au ciel qui se couvrit de nuage. Il se mit alors à pleuvoir. Ce n'est pas difficile en Belgique.

Il délivra un possédé, éteignit un incendie qui avait pris à son Palais. Il apprit au peuple à processionner avec les châsses des Saints afin de faire venir la pluie.

Un jour, à Nivelles-sur-Meuse, en plaçant un pieu dans l'eau de la Meuse afin d'y attacher un filet, il se blessa gravement la main mais souffrit sans demander la guérison.

Il apprit le jour de sa mort. Peu de temps après, en remontant la Meuse pour aller vers Liège, la fièvre le prit. On fut obligé de s'arrêter. Il vit alors apparaître des démons qui essayaient de l'effrayer avec leurs figures horribles. Il fit venir sa famille et son fils Floribert et, le matin du 30 mai 727, il mourut en récitant le Pater.

Son corps fut transporté à Liège dans l'église Saint Pierre. En 743, le 3 novembre, Floribert, qui lui avait succédé, procéda à l'exaltation du corps de Saint Hubert. On le retrouva sans aucune altération. En 825, on découvrit encore le corps qui était resté intact et qu'on transporta alors à Andage. Arrivé dans leur monastère, les moines ouvrirent le cercueil et reprirent l'étole, la crosse, une sandale et le cornet.
Les pèlerins commencèrent à arriver. Le nom d'Andage fit place à celui de Saint Hubert. La ville devint un haut lieu de guérison.

Saint Hubert est patron des chasseurs, on l'invoque pour la pluie, contre la rage.

Dans un article intéressant sur le saint, Pol-Pierre Gossiaux nous renseigne sur les rituels de la neuvaine. (La Neuvaine de Saint Hubert : une pensée sauvage ? - in Cahiers internationaux du symbolisme, Le rôle des traditions populaires dans la construction de l'Europe : Saints et Dragons, Numéros 86-87-88, 1997, p. 143 à 176 - CIEPHUM 20, place du parc, B-7000 Mons , Belgique : Tél : 00 32 65 33 50 84)

Le patient enragé subissait la "taille". Après avoir taillé une incision dans le front du patient, on introduisait un minuscule fragment d'or, tiré de l'étole de Saint Hubert.

Il fallait que la personne suive une neuvaine en observant les points suivants :
- Se confesser et communier 9 jours de suite
- Coucher seule en draps blancs et nets ou bien toute vêtue.
- Boire dans un verre et ne pas baisser la tête pour boire l'eau des fontaines ou des rivières. Sans s'inquiéter encore qu'elle regarderait ou se verrait dans les rivières ou miroirs.
- Elle peut boire du vin rouge, clairet et blanc même avec de l'eau, ou boire de l'eau pure.
- Elle peut manger du pain blanc ou autre, de la chair d'un porc mâle d'un an ou plus, des chapons ou poules aussi d'un an ou plus, des poissons portant écailles, comme harengs, sorets, carpes etc., des oeufs cuits durs, et toutes ces choses doivent être mangées froides. Le sel n'est point défendu.
- Ne pas se peigner les cheveux pendant 40 jours, la neuvaine y comprise.
- Le dixième jour, il faut faire enlever son bandeau par un prêtre, le faire brûler et mettre les cendres dans la piscine.
- Garder tous les ans la fête de Saint Hubert le 3 novembre. - etc.

Autrefois, on pensait que la rage était, majoritairement, due à la morsure d'un animal. Le venin de la rage était assimilé à d'autres poisons d'origine animale : serpents, dragons, crocodiles, scorpions etc. Le fiel animal étant perverti, une fois qu'il était transmis à l'homme, il attaquait d'abord le foie et embrasait toutes les humeurs : sang, phlegme ou pituite, et surtout l'atrabile (mélancolie normalement froide) produite par la rate. Les signes de la rage étaient l'abattement entrecoupé de convulsions et de pulsions agressives. L'horreur de la lumière et de l'eau (hydrophobie) malgré une soif intense.

En gros, la rage était une maladie du feu et du sec. On la combattait avec son opposé : l'eau et l'humide. Cela correspondait à un système d'opposition entre feu et eau, qui servait à classer. Par exemple, les porcs et les chiens étaient du côté du froid et de l'humide. Le miel, les amandes du côté du feu et du chaud, puisqu'ils peuvent donner de l'huile. Un grand remède contre la rage : les bains de mer.

Mais on comprend un peu pourquoi Hubert guérit de la rage. Il est chasseur et possède une meute de chiens. Il vit dans l'humidité des vertes forêts. Il a des rapports mystiques avec un cerf, symbole d'immortalité, force terreuse par excellence. De plus, il fait pleuvoir et gonfler la Meuse. Il est donc tout à fait du côté de l'humide et combat les maladies du feu diabolique.

Voir Saint Hubert

Saint Malachie (Hébr. mon message)

Malachie est un irlandais né en Irlande et portant le nom irlandais de Mael Maedoc Ua Morgair. Malachie est une transposition. Il est né en 1094 à Armagh. Il fut éduqué par un reclus : Imar O'Hégan.

Les petits Bollandistes - racistes dans l'âme - disent : "Mais comme les poissons nés dans la mer ne retiennent rien de son eau salée, il ne contracta rien dans sa naissance ni dans son éducation de la barbarie de son pays." Bravo pour les barbares irlandais.

Il avait une soeur qui n'était pas bien d'accord avec lui. Elle essayait de le détourner de ses intentions religieuses. Mais il fut quand même ordonné prêtre à l'âge de 25 ans.
Il se mit sous la direction spirituelle de Malc, (Mael Muire) évêque de Lismore dans la province de Munster. Il eut une vie très compliquée sur le plan de ses statuts successifs. D'autant plus compliquée que les irlandais n'arrêtaient pas de se taper dessus les uns les autres ce qui donnait bien de la mobilité à ceux qui croyaient pouvoir s'installer quelque part.

Il devint évêque de Connor, Puis, la guerre l'obligea à fuir. Il alla fonder le monastère d'Iveragh dans le comté de Kerry. Il devint primat d'Irlande puis démissionna.
Entre-temps sa soeur libertine mourut en état de péché mortel ! Malachie dit la messe pour elle, puis, peu de temps après n'y pensa plus.

Trente jours plus tard, une voix lui dit en songe : "ta soeur est devant ta porte ! Elle n'a plus rien mangé depuis trente jours !" Quand il s'éveilla, il compta les jours depuis le temps où il ne pensait plus à sa soeur. Il y avait trente jours depuis la dernière messe qu'il avait dite pour elle. Dare-dare, il recommença ses offices. Puis il la vit en songe, avec une robe noire, devant la porte de l'église, mais elle ne pouvait pas y entrer. Il continua de plus belle. Au songe suivant, il la vit avec une robe demi-blanche. Elle était dans l'église mais ne pouvait pas s'approcher de l'autel. Finalement, grâce à sa constance, il la vit "toute vêtue de blanc en compagnie des justes." Cette histoire est racontée par Bernard de Clairvaux.

Il partit pour Rome et s'arrêta à Clairvaux. Saint Bernard devint son ami, et plus tard son historien. A Rome, il demanda au pape Innocent II de pouvoir finir ses jours à Clairvaux, mais le pape refusa.

Retournant vers l'Irlande en passant par l'Ecosse, il y guérit le fils malade du roi David, avec de l'eau bénite, ainsi qu'une fille muette et une femme frénétique. En passant par un cimetière, il le bénit, ce qui donna au cimetière le don de guérir tous les malades qui s'y rendaient. Il rentra en Irlande et visita ses fondations. Fit beaucoup de miracles. On lui demanda où il désirerait mourir, il répondit que si c'était en Irlande, ce serait dans le cimetière de saint Patrice, et si c'était en France, ce serait à Clairvaux. Alors il partit pour Clairvaux où il mourut tout tranquillement dans un lit, sans que personne ne s'en aperçoive. On croyait qu'il dormait. C'était le jour des morts au soir en 1148.

On lui attribue des prophéties sur les papes. Elles ressortent à chaque élection pontificale. Mais je ne les connais pas. Ceux que ça intéresse peuvent se référer au livre de R. Thibaut : La mystérieuse prophétie des papes, Namur 1951.

Sainte Alpais (Aram. Bouvier)

Elle était née du côté de Sens vers 1150. Elle était fermière et portait souvent sur ses épaules de gros tas de fumier. Elle aiguillonnait les boeufs et gardait les moutons. Bref, elle aidait son père.

Éreintée, elle tomba malade affreusement. Sa maladie la rendait horrible et puante. Sa mère n'osait même plus l'approcher, elle lui lançait de loin son quignon de pain. Ses frères pensaient qu'il ne fallait plus la nourrir. Elle s'habitua au jeune et pouvait rester des semaines entières sans manger. La vierge la guérit en lui promettant qu'elle pourrait vivre sans manger.

C'est alors qu'elle eut ses visions extraordinaires.

Elle vit "Saint Nicolas dans toute sa gloire." puis "elle assista à l'épreuve éliminatoire du passage des défunts sur un pont de fer dominant un étang infecte." "Deux vieillards vénérables montrèrent à Alpais la fontaine du paradis et l'invitèrent à s'y plonger : elle répondit qu'elle ne s'était jamais lavée." etc.

Elle fut quelquefois en état de ravissement, hors de son corps. Elle mourut le 3 novembre 1211.

(Cf. PP. Bénédictins - novembre p. 117-118)


4 novembre

Saint Girard de l'oiselière.

Il naquit en Mayenne non loin de Château-Gontier.

Il devint prêtre puis se fit moine à l'abbaye de Saint Aubin d'Angers. Comme il était marginal, on lui construisit une cellule en dehors de l'abbaye. En effet, il ne mangeait que du pain d'orge, des fruits, des herbes sans sel et des oignons. Pour boire il ne prenait qu'une décoction de feuilles de lauriers. Quelquefois il mangeait du miel lors des grandes fêtes. En outre, il passait une grande partie de la nuit dans l'église et dormait peu. Il travaillait à défricher les forêts environnantes.

On raconte qu'un jour, un renard vint pour manger les poules d'un paysan. Celui-ci le frappa avec son bâton. Le renard fila se réfugier auprès de Girard. Girard le gronda lui disant qu'il ne fallait pas manger les poules. Puis il le garda sous son manteau jusqu'à ce que le paysan soit parti. Le renard ne revint jamais plus au poulailler.

Il vécut dans une petite cellule où il pleurait sans cesse. Il portait un lourd collier de fer à son cou. Du collier pendait une chaîne qui tenait une lourde pierre. Il avait un silice garni de pointes de fer et une ceinture en fer. Sous les aisselles, il portait aussi un anneau de fer. Ses cuisses en étaient cerclées. Il dormait sur un paquet de joncs avec une pierre pour oreiller. Il fit beaucoup de miracles. Il mourut en 1123 complètement décharné et usé par l'ascèse qu'il s'imposait.

On le représente avec les cheveux négligés, une longue barbe et portant de longues chaînes de fer au cou et aux bras.

Saint Émeric

Fils d'Étienne, premier roi de Hongrie. Un jour que son père allait visiter un monastère des religieux de Saint Martin, Émeric, encore enfant, embrassa les religieux mais ne donnait pas la même quantité de baisers à chacun. A certain il donnait un baiser, à d'autres jusqu'à sept baisers. Lorsqu'on lui demanda pourquoi il faisait ça, il répondit qu'il comptait ses baisers en raison du degré de pureté du religieux. Plus ils étaient purs, plus il donnait de baisers.

Il se maria mais, en accord avec sa femme, ils restèrent chastes. Il mourut très jeune, en 1032.

- À la Saint-Charles, la gelée parle.

Saint Charles Borromée

En raison de services rendus à la ville de Rome, la famille de Charles fut appelée "Borromée", ou "bon romain". Né en 1538 dans une famille riche et notable, Charles enfant était "parfait". Il fut rapidement sollicité pour les choses ecclésiastiques par le Pape lui-même. Il devint archevêque de Milan puis cardinal (à 22 ans) et travailla à la conclusion du Concile de Trente qui se termina en 1563. (Concile qui dura 18 ans)

Il s'installa à Milan dans sa maison qui comportait une centaine d'ecclésiastiques administrateurs. Ce fut un grand organisateur qui prescrivit des règles pour toutes les situations de la vie en commun. Il organisa la ville en quartiers avec des responsables chargés de veiller sur les bonnes moeurs et sur l'assistance aux pauvres honteux. (Cf. Petits Boll.) Il établit des règlements concernant les sanctions données à ceux qui ne respecteraient pas les bons usages : emprisonnements et châtiments. En un mot, il mit la ville de Milan au pas.

Il est vrai que les institutions religieuses étaient devenues soit des lieux de débauche, soit des occasions de rapines pour les supérieurs qui s'appropriaient des biens au détriments de la communauté.

Mais la révolte gronda. Charles fut l'objet d'une tentative d'assassinat. Un religieux (de l'ordre des humiliés) entra dans la chapelle où il priait et lui tira un coup d'arquebuse qui rata heureusement sa cible. Cela fit grand bruit dans toute la ville et toutes les cours d'Europe furent en émois. On trouva l'assassin qui s'était enfuit et on l'occit.

Si les dérèglements couraient dans les rues de Milan, le pire était dans la campagne. Charles se mit à parcourir toute la région, y compris les territoires Suisses qui dépendaient de sa juridiction. Au rythme de situations difficiles et de repas de châtaignes, il alla prêcher dans les montagnes, grimpant courageusement et osant entrer là où tout était inaccessible.

Puis il fonda des séminaires et organisa la venue à Milan de communautés de savants et saints religieux dont les premiers furent les Jésuites.

Afin de supprimer Carnaval, il obligea les gens à commencer le carême le premier lundi de la semaine. Une ambassade populaire se rendit à Rome pour faire casser les ordonnances de Charles mais elle ne fut pas écoutée. On les appela "les ambassadeurs du Carnaval". L'évêque institua de nouvelles dévotions pour conjurer le temps de Carnaval.

Lors de la peste de 1576, il organisa de grandes processions en l'honneur de saint Sébastien. (invoqué pour guérir de la peste) Lui-même y marchait pieds-nus, la corde au cou et la croix entre les bras.

Cet restaurateur de discipline et dénonciateur de la pédophilie (le Jésuite Ribera) avait la bougeotte. Bien qu'occupant le siège de Milan, il voyageait beaucoup. Il allait régulièrement à Rome mais parcourait son territoire en long et en large. Quelques jours avant sa mort, en 1584, il partit encore à Arone, près du lac Majeur, où il était né. Il revint à Milan la veille de sa mort.

Ce prélat organisateur fut sans doute un des artisans majeur de la consolidation de l'institution religieuse et vaticane au détriment de tout pouvoir populaire. Sa vie en fait plus un administrateur qu'un penseur.


5 novembre

Sainte Sylvie. (Forêt)

Seulement, on ne sait rien de la vie de Sylvie, mais alors rien du tout. Sinon qu'elle à accouché d'un grand pape : Grégoire le Grand, et qu'elle a eut de son mari qui s'appelait Gordien. C'est ce Grégoire qui aurait inventé le chant dit Grégorien. mais ce n'est même pas vrai. On se perd donc en conjectures. C'est vrai qu'on se perd facilement dans une forêt.

Sainte Bertille

Elle naquit dans le Soissonnais et fut la première abbesse de Chelles, dans le diocèse de Meaux.

Comme elle était pieuse, on la plaça à l'abbaye de Jouarre, près de Meaux, sous la conduite de l'abbesse Teudechilde. Elle devint prieure de l'abbaye. Un jour, elle fut agressée verbalement par une religieuse et ne fit rien paraître de sa réaction mais elle supplia Dieu de s'occuper de l'affaire. Peu de jour après, la religieuse mourut subitement sans avoir reçu les sacrements.

Bertille se pencha alors sur le corps de la morte et lui imposa les mains. La religieuse revint à la vie et dit :"qu'avez-vous fait, soeur ? Pourquoi me rattrapez-vous sur la route brillante ?." Bertille lui répondit quelle l'aimait beaucoup et qu'elle lui donnait la permission de partir en paix. La religieuse mourut alors pour de bon.

C'était à Jouarre au 8ème siècle.


6 novembre

Saint Léonard de Noblat (lion hardi - Fort comme un lion)

Il naquit dans les Gaules, sans doute près d'Orléans, vers la fin du Ve siècle. Il était de la nation des Francs et ses parents avaient quelque dignité à la cour du roi Clovis.

Il poursuivit de brillantes études et fut tonsuré par saint Rémi à Reims. Saint Rémi avait persuadé les rois de France d'ouvrir les portes des prisons chaque fois qu'il entrait dans une ville. Léonard demanda, lui aussi, qu'on lui accorde ce privilège. Le roi accepta sans hésiter. Lorsque les prisonniers invoquaient le nom de saint Léonard, leurs chaînes tombaient.

Clovis lui proposa de rester à sa cour et de lui conférer des titres honorifiques mais Léonard préféra partir. Il se dirigea vers Orléans et s'arrêta quelques temps à l'abbaye de Micy. C'est à Orléans qu'il fut nommé Diacre.

Cherchant un ermitage, il alla dans le Limousin et se fixa dans une forêt non loin de Limoges. Il y avait, dans cette forêt, une demeure royale où le roi venait de temps à autre pour chasser. Toute la famille royale était présente lorsque la reine, qui était enceinte, fut prise des douleurs de l'enfantement. Mais tout se passa fort mal et l'on crût que la Reine allait mourir. Des cris de douleurs se firent entendre partout dans le château et résonnèrent dans la forêt. Léonard qui passait par là en priant les entendit et se dirigea rapidement vers la demeure. Comme il avait un aspect angélique, on l'accueillit avec empressement et on le fit entrer dans la chambre de la reine. Tout se calma, la délivrance et l'enfantement se passèrent normalement.

En récompense, le roi lui fit don de la forêt. Mais le saint répondit qu'il accepterait seulement une terre dont il aurait fait le tour assis sur son âne. Léonard y construisit un oratoire sur une colline à plus d'un kilomètre de la Vienne. Comme ses compagnons avaient de la peine à aller chaque jour puiser de l'eau et la remonter, il fit jaillir une source près de l'oratoire.

Il distribua une partie de ses terres à des prisonniers relâchés afin qu'ils puissent subvenir à leurs besoins et ne plus vivre de rapines.

Beaucoup de gens venaient le voir afin qu'il les guérisse.

Il mourut dans la seconde moitié du VIe siècle.

Saint Léonard fait partie de ce que l'on appelle les saints "lieurs". Il est parfois appelé Liénard ou Liénart ou Lénard et est même associé à saint Lié ou Lyé ou encore Lien (à Avrillé, Maine et Loire). Il est invoqué pour la délivrance. Qu'elle soit délivrance des prisonniers ou délivrance de l'enfantement. Il est représenté avec une chaîne.

On l'invoque parfois pour "délier" les enfants "noués".

Il est patron des prisonniers et des aliénés et aussi des fruitiers et des fromagers.


7 novembre

Saint Willibrord ou Willibrod (flèche du dieu Willi)

Il naquit vers l'an 658 au Royaume de Northumberland. Son père s'appelait Wilgils. Il fut confié au monastère de Ripon sous la houlette de l'abbé Wilfrid. Celui-ci s'étant disputé avec le roi, partit pour Rome. Willibrod en profita pour se rendre en Irlande sous la direction d'Egbert, abbé de Rathmelsigi. Il y resta 12 ans.

En 690, Willibrod partit vers la Frise avec Egbert et 11 autres moines. Pépin II, duc d'Austrasie les protégea et favorisa leur apostolat. Il avait compris que le royaume ne serait jamais solide si les pays restait païen.

Le centre de leur mission fut placé à Anvers. En 695, Willibrod alla se faire sacrer apôtre des Frisons à Rome. Revenu au pays, il s'installa à Utrecht. Un peu plus tard, une veuve donna à Willibrod une propriété ou un monastère qu'elle avait fondé à Echternach (Grand Duché de Luxembourg)

Il s'y rendit et remis le monastère en état. Son activité se déroula alors entre Utrecht et Echternach.

Ensuite il fit une incursion au Danemark. Puis dans d'autres régions. Passant par l'île de Helgoland, il fit tuer quelques bêtes pour le repas. C'était aller contre les usages des indigènes qui avaient un respect religieux pour la nature. Ils ne tuaient aucune bête. La bravade de Willibrod fit que leur groupe fut dénoncé au roi Radbod. Celui-ci les fit prisonniers et martyrisa un des leurs. N'osant aller plus loin et craignant la riposte de Pépin, il les renvoya.

Willibrod se dirigea vers l'île de Walkeren où il brisa l'idole de l'île. Le gardien furieux lui donna un coup d'épée sur la tête. Ce coup ne fit aucun mal à l'évêque mais le gardien tomba en transe dans une crise de possession démoniaque.

En 714, Willibrord fonda un nouveau monastère à Susteren (Limbourg hollandais)

Pépin mourut en 714. Sa femme Plectrude prit le pouvoir au nom de son petit-fils Theudoald. Pour écarter un concurrent, elle fit enfermer à Cologne le fils naturel de Pépin : Charles Martel. Mais les Neustriens s'allièrent à Radbod, roi des Frisons contre l'Austrasie qui était maintenant aux mains d'une femme.

Willibrod fuit vers Echternach où il se fixa.

Charles Martel qui avait réussi à s'échapper rallia les Austrasiens, battit Radbod puis infligea une sévère défaite aux Neustriens à Compiègne. En 718, Charles Martel partit combattre les Frisons avec succès. Radbod étant mort, Willibrod retourna d'abord à Susteren puis à Utrecht.

Charles Martel distribua tous les biens de églises à ses acolytes. Il fit une exception pour Utrecht et pour Echternach.

Willibrord mourut en 739 à l'âge de 81 ans, à Echternach où il fut enterré.

Ni les Petits Bollandistes ni les PP. Bénédictins ne parlent du voyage de Willibrod à Ephèse. Cependant ce voyage le met en rapport avec les 7 Dormants enterrés à d'Ephèse. (voir au 28 juillet) Il raconte dans un texte, que je ne possède pas, son itinéraire vers les tombeaux des 7 Dormants ainsi que celui de sainte Marie-Madeleine.

Echternach se disait autrefois Epternacensis, "le 7 Renaissants" ou "les 7 Dormants renaissants". Ce qui met la ville en phase avec le récit de son voyage.

Voir Procession dansante d'Echternach


8 novembre

Les Saintes Reliques.

On fête les reliques de tous les saints.

- Il pleut au saint jour des reliques, et vente à décorner les biques, mais souvent le grand saint Martin, pour trois jours sèche le chemin.

- Temps couvert à la Saint-Geoffroy amène trois jours de froid.

Les quatre Couronnés

Il s'agit des saints Sévère, Sévérien, Carpophore et Victorin. On les confond avec les saints martyrs (302) Claude, Nicostrate, Symphorien, Castorius et Simplice qui furent des sculpteurs. Normalement, ceux-ci devraient être patrons des sculpteurs - principalement sculpteurs et tailleurs de pierre - Mais parce qu'on les fête le même jour, ce sont les premiers qui portent ce patronage. On leur donne souvent comme emblème un maillet, ou une équerre ou un marteau couronné ou une couronne sur la tête. Dans certaines images, on voit des chiens défendant leurs reliques. Cela correspond à leur histoire.

Les noms des quatre couronnés ont été connus par "révélation divine" mais on n'a pas découvert leurs corps. Ce qui leur donne un caractère nettement mythologique et populaire. Il a été décidé qu'ils seraient fêtés en même temps que les cinq autres sous le nom des quatre couronnés.

Les quatre couronnés, sculpteurs, charpentiers, tailleurs de pierre, ont une importance particulière dans la symbolique maçonnique.

Saint Geoffroy de Molincourt

Fut évêque d'Amiens au 11e siècle. On le représente quelquefois avec un chien. Celui-ci mourut empoisonné après avoir mangé un morceau de pain qui contenait du poison et qui était destiné à Geoffroy.


9 novembre

- À la Saint-Mathurin, des fruits rouges, c'est la fin.

Saint Mathurin de Larchant (maturité)

Son père s'appelait Marin et sa mère Euphémie. Ils vivaient près de Sens, à Liricant (Larchant, dans le Gâtinais, Seine et Marne). Ses parents étaient païens mais l'évêque Polycarpe influença Mathurin et le convertit. Il devenait tellement vertueux que ses parents le laissèrent pratiquer sa religion librement et se convertirent eux-mêmes.

Il devint prêtre à l'âge de 20 ans.

Il reçut le don des miracles et se fit une spécialité dans la délivrance des énergumènes.

A Rome, la fille de l'empereur Maximien était possédée et tombait régulièrement dans les transes. Elle clama que seul Mathurin pourrait la guérir. On le fit donc venir. Il fit boire de l'huile à la fille de l'empereur et elle vomit son démon.

Mathurin passa 3 ans à Rome et y mourut le 1 novembre. On l'enterra mais le lendemain, on constata qu'il avait quitté sa tombe. On comprit qu'il voulait reposer à Larchant et l'empereur fit reporter son corps dans sa terre natale.

On fête saint Mathurins à des dates différentes entre le 1 et le 10 novembre. On ne sait pas quand il a existé. Sa légende est entièrement inventée. On ne connaît rien sur son histoire.

Il est invoqué pour la guérison des fous que l'on appelait "mathurins" ou "mathelins". Il est aussi invoqué contre les femmes méchantes et les bouffons l'ont pris pour patron.


10 novembre

Saint Noé (reposé, apaisé)

Patriarche réputé de l'Ancien Testament. Il fut le seul rescapé du déluge. Dieu qui le trouvait seul bon parmi les mauvais, lui avait commandé de construire une arche et d'y placer un couple de tous les animaux de la terre. Puis Noé entra dans l'arche avec sa famille et Dieu ferma la porte derrière lui. Puis la pluie tomba, la crue se fit pendant 150 jours et tout fut noyé sauf Noé, sa famille, et les animaux qui étaient dans l'arche. On ne voyait plus une montagne car tout était submergé et détruit.

Ils restèrent dans l'arche le temps d'un savant mais curieux calcul calendaire qui nous laisse à imaginer que tout ce petit monde habita l'arche pendant une année. Noé avait 600 ans en entrant et 601 en sortant. D'autres ne sont pas de cet avis puisqu'il y en a qui prétendent que Noé est entré dans l'arche le 1 août et qu'il y resta jusqu'au 7 septembre.

Quand la pluie cessa, Noé envoya un corbeau qui revint parce qu'il n'avait pas trouvé un endroit pour se poser, puis il envoya une colombe qui revint avec une feuille fraîche d'olivier dans son bec. Il attendit encore 7 jours puis renvoya la colombe qui ne revint plus.

L'arche s'était posée au sommet du Mont Ararat (Est-Turquie) Puis il sortit de l'arche avec sa famille et tous les animaux.

Dieu bénit Noé et lui recommanda de remplir la terre en se multipliant. En même temps, il établit la règle du "oeil pour oeil, dent pour dent". Puis Dieu établit son arc dans les nuées en témoignage de l'alliance qu'il avait fait avec les Hommes.

Un jour, Noé planta une vigne. Quand la vigne porta du fruit, il but du vin et s'enivra. Dans sa tente, il se découvrit. Cham, le fils cadet, surprit son père nu et alla raconter la chose à ses frères en se moquant. Mais Sem et Japheth prirent un vêtement et marchant à reculons vers la tente, couvrirent la nudité de leur père sans la voir.

Quand Noé se réveilla de son ivresse, il maudit Cham (père de Chanaan) en lui disant qu'il serait l'esclave de ses frères.

Noé vécut encore 350 ans et mourut à l'âge de 950 ans. Il eut une postérité innombrable.

Une légende raconte que, hormis les passagers de l'arche, deux êtres ont pu échapper au déluge : Le réëm, un cerf monstrueux qui suivait l'arche à la nage et Og, roi de Basan, qui suivait l'arche soit à califourchon sur une échelle flottante, soit à califourchon sur le toit de l'arche. Noé le nourrissait par un trou dans le toit de l'arche

D'après le Talmud, l'effet du vin vient de ce que Noé ayant sacrifié plusieurs animaux, il planta une vigne sur le lieu du sacrifice. Le sang animal donna toute sa saveur et sa puissance au vin.

Sébillot raconte une légende sur Noé : "Noé expliqua aux oiseaux comment construire leur nid. La huppe timide lui demande, après les autres, avec quoi elle ferait le sien, "avec de l'or". N'ayant pas compris, elle répète la question, "avec de l'argent". Elle répète encore sa question et Noé, impatienté lui dit "avec de la merde". (Sébillot Folk. III, p. 371) C'est pourquoi la huppe pue et est liée à l'impureté. Claude Gaignebet fait remarquer qu'elle est l'oiseau intermédiaire entre La Reine de Saba (impure) et Salomon.

On parle de Noé dans le Coran, à la Sourate X puis à celle qui s'appelle "Noé".

Saint Tryphon

Nom d’origine grecque qui a christianisé l’ancien démon des vignes
Son nom signifie « tendre », « efféminé », « dissolu », « voluptueux », « magnifique », de plus il fait partie des « saigneurs » et trouve sa place en ces jours du sang et de la souillure.

Dans l’Europe de l’est, Saint Tryphon est invoqué le 1er février, veille de la « Chandeleur-Purification ». Dans notre calendrier de l’Europe de l’ouest, il est fêté le 10 novembre, jour de la saint Noé, veille de la Saint Martin. Remarquons que Tryphon comme Noé, sont en rapport avec la vigne et le vin. Celui-là est tailleur de vigne et celui-ci en est l’inventeur. Il est curieux de voir ce vigneron placé à côté de saint Noé premier vigneron. Les Petits Bollandistes le font venir de Phrygie et particulièrement d’Apamée, ville située non loin d’Iconium (Konya) d’où sont issues les Saintes Tryphène (la délicate) et Tryphose (la délicieuse). Ces deux saintes sont également fêtées le 10 novembre.
Le même jour, est fêtée sainte Nymphe, dont le corps fut déposé en l’église de saint Tryphon et Respice à Rome.

Le Tryphon du 10 novembre est celui des Latins et semble être celui que les Grecs et les Bulgares fêtent au 1 février.  Il est étrange que la description du martyre de Tryphon soit semblable à celle du vigneron saint Vincent (22 janvier).Tous deux semblent être écrasés, déchirés, foulés et saignés telles des grappes de raisin.

Tryphon est vigneron. Dans plusieurs contes Bulgare, la Vierge Marie est souvent présentée comme la sœur de Tryphon. Elle ne s’entend pas très bien avec son frère qui semble pourtant amoureux d’elle et jaloux. Certains textes l’affublent d’un amour incestueux pour sa soeur.
En allant à la vigne, il rencontra sa soeur, la Vierge Marie qui se promenait avec Jésus. Il se moqua d'elle : "Tiens, voyez donc c'est notre Marie ! Qui ne l'a pas vue ? La voici, telle une chienne avec son chiot, qui traîne son bâtard ! Où vas-tu ? Où est le père de cet enfant ?" Elle lui répondit en se moquant et mettant en doute ses qualités de vigneron. Il voulut montrer par geste qu'il savait comment couper les vignes. "Il faut faire comme ceci, dit-il, en faisant un geste horizontal mais il ne faut pas faire comme ça, dit-il, en faisant un geste vertical. Et il se coupa le nez." (extrait de Anastasia Ortenzio, Aux origines du monde, Contes et légendes des Balkans, Flies France, Paris 2008)
À rapprocher aussi du mythe Grec de Lycurgues à qui est arrivé une histoire semblable après avoir saccagé les vignes de Dionysos.

Également : Sainte Tryphène, Sainte Tryphose, Sainte Nymphe.
Deux autres Tryphon, plus "convenables" sont fêté le 8 octobre et le 15 décembre.


11 novembre :

- A la saint Martin, l'hiver est en chemin / Manchons aux bras et gants aux mains. A la saint André, il est tout acheminé.

- Si l'hiver va droit son chemin, il commence à la saint Martin. S'il retardait un seul instant, vous l'aurez à la saint Clément (23)

- S'il trouve le chemin barré, vous l'aurez à la saint André (30)

- Si par hasard il s'égarait, vous l'aurez en avril ou mai. (Calendrier des bons laboureurs - pour 1618)

- A la saint Martin, il faut goûter le vin.

- Il faut semer son grain, quand est beau l'été de la saint Martin.

- Fume tes prés à la saint Martin

- Pour la saint martin, mène ta chèvre au bouquin

- S'il y a pleine lune à la saint Martin, l'hiver sera rigoureux.

- Le grand vent tirant le jour de la saint Martin, l'hiver sera doux / si c'est la bise, l'hiver sera rude.

- Le temps du jour de saint Martin est le temps commun de l'hiver.

- L'été de la saint Martin dure trois jours et un brin.

Saint Martin

Mon père est grand
ma mère méchante
ma nourrice sombre
et moi, enfant blanc ?
Qui suis-je ?

La châtaigne.

Hallowein-Samain, la Toussaint et le jour des morts introduisent, dans la mythologie calendaire, le temps des revenants. Les fantômes - entendons ici les âmes des morts - "reviendront" jusqu'à Pâques.

A la période du début novembre, on honore les morts et les saints. Le temps bascule et change complètement, il prend le rythme du froid. Qui se douterait que, sous la terre, tout prépare déjà le printemps à venir ?

Martin, au 11 novembre, est associé à la venue du froid de l'hiver. Dans sa légende, il coupe son manteau en deux. Le militaire Martin, venu de Hongrie, membre de l'armée romaine, partage son manteau avec un pauvre, à la porte d'Amiens.

Bien mal lui en a pris, car il est interdit de détériorer le matériel militaire. En guise de punition, on l'a déshabillé, puis on l'a attaché à un poteau. Pourtant, il faisait bien froid. Mais tout à coup, le froid est tombé, le temps s'est radouci, le soleil est apparu et les arbustes ont refleuri. Pendant les trois jours de sa punition, le beau temps fit que Martin ne souffrît pas du froid.

La nuit, il vit Jésus en songe qui lui promit un éternel printemps au Paradis et l'assurance que, chaque année, à la même époque, le beau temps apparaîtrait. C'est ce qu'on appelle l'été de la Saint Martin.

D'autres racontent que ce radoucissement s'est produit après sa mort, lorsqu'on ramenait son corps de Candes à Tours.

La plupart des statues de Saint Martin le représentent sur son cheval, coupant son vêtement. C'est ce qu'on appelle "la charité Saint Martin". Cette coupure du manteau symbolise la coupure entre le temps chaud et le temps froid. L'été est terminé, l'hiver reprend ses droits.

Ouverte aux associations, la pensée populaire, rapproche cette histoire de l'ouverture des bogues des châtaignes pour y voir un emblème du passage à l'hiver. Observez une bogue après son mûrissement, vous la verrez ouverte, coupée en deux, symbolisant les deux périodes.

Le manteau (la mère) qui couvre le fruit est bien celui, "fait de poils grossiers" de Martin qui avance sur son âne, en quête d'âmes à convertir. La conversion de l'été à l'hiver provoque la déchirure du manteau et l'accouchement du fruit automnal préfigurant la naissance, 40 jours plus tard, du soleil nouveau, de Jésus  ou de Mithra.

Une tradition veut que griller des châtaignes vers la période des morts, ce sont autant d'âmes du purgatoire qui passeront au Paradis.

Dans un passionnant article d'Annick Fedensieu, paru dans le bulletin de la Société de Mythologie Française, (n° 187, 97-98), il est fait mention de la petite devinette mise ici en exergue, mais aussi de Saint Martin prêchant sous un châtaignier, représenté sur un vitrail de l'église de la commune de Continvoir en Gatîne, près de Bourgueil, pays de Rabelais.

Martin - symbolise un "point d'orgue" important dans le déroulement du temps qui adopte un nouveau rythme, celui, avec la mort automnale, des pincements de l'hiver.

La véridique histoire de Saint Martin

Saint Martin de Tours (petit mars, martial, guerrier, apparenté aussi à Marc : cheval ou marteau)

Il est impossible de dinstinguer clairement l'histoire du saint de sa légende et des mythes qui l'accompagnent.

"Singulière figure d'évêque ! Parmi les prélats gallo-romains, personnages d'allures souvent mondaines, il avait un peu l'air d'un paysan du Danube : tonsure laide, habit grossier, une contenance humble..." (PP Bénédictins)

Certains disent qu'il fut un évêque bien ordinaire et qu'il fut mis en vogue par son panégyriste.

Plusieurs récits racontent la vie de Saint Martin. Les deux récits essentiels sont ceux de Sulpice Sévère et de Grégoire de Tours.

On sait que Martin est né en Hongrie, à Sabarie (Szombathely) au 4ème siècle. Son père était tribun militaire. Au hasard des périples militaires, il fut élevé à Pavie. Comme la loi le voulait, il devint lui aussi militaire et fut enrôlé dès l'âge de 15 ans. Mais cela ne lui plaisait pas bien car il était très attiré par la piété. Il servit dans la garde impériale à cheval. Il avait à coeur d'être au service de tous. Il nettoyait lui-même les chaussures de son esclave-ordonnance et distribuait sa solde aux pauvres.

Vient ensuite l'histoire la plus connue, celle de son manteau, que nous avons déjà relatée.

Quelques temps plus tard il demanda à quitter l'armée. C'était au moment où les Germains attaquaient l'empire. On le traita de lâche. Il rétorqua qu'il était décidé, le lendemain à se mettre au premier rang, sans armes, mais dès le point du jour, une délégation de Germains vint demander la paix.

Il quitta donc l'armée et alla à Trêves trouver l'évêque Maximin. Ils partirent à Rome puis à Poitiers où se trouvait l'évêque Maixent, frère de Maximin.

Après la mort de Maixent, Hilaire devint évêque et Martin devint son disciple. Il fut déclaré exorciste.

On voyageait beaucoup en ce temps là. Martin retourna en Hongrie puis passa en Illyrie, dans la région de Ljubljana où il fut battu publiquement puis chassé. Il passa en Italie où il apprit que saint Hilaire avait été exilé en Orient (en Turquie actuelle, plus exactement à Séleucie (Silifke)

Martin se retira à Milan où il se construisit, pour la première fois, un petit monastère. Mais il fut encore expulsé par un évêque arien.
Martin désemparé, n'ayant pas tellement envie de retourner dans les Gaules en raison de l'absence d'Hilaire, se réfugia dans une petite île près de Gênes : l'île de Gallinaria, appelée ainsi parce qu'on y trouvait beaucoup de poules. (Isoletta d'Albenga) (1) A peine avait-il mis le pied sur l'île que Belzébud, ne pouvant supporter la présence de Martin, quitta l'île en poussant des cris horribles.

Martin, qui ne vivait que d'herbes et de racines, avala un jour de l'Hellébore. Cette plante a la réputation de guérir de la folie, mais elle est vénéneuse. En fait, c'est la racine qui soigne, alors que les tiges et les fleurs empoisonnent. Se sentant empoisonné, il se mit à prier et fut guéri subitement et complètement.

(Helléboros ou elleboros, grec, ou elleborum, latin, à donné Aliboron et désignait au 15ème siècle un homme omniscient qui pouvait être le Diable. Au 16ème siècle, Aliboron désignait quelqu'un de prétentieux et d'ignorant. D'où le nom de l'âne que l'on appelle aussi Martin.)

La persécution aryenne s'étant apaisée, Martin rentra à Poitiers pour y retrouver saint Hilaire revenu de son exil "turc". Hilaire lui donna une terre dans la vallée du Clain afin d'y construire le monastère de Ligugé.

C'est alors qu'il se mit à faire des miracles et, en particulier, à ressusciter deux morts.

Mais il lui arriva une curieuse aventure. Tours venait de perdre son évêque et avait jeté son dévolu sur Martin en raison de sa réputation. Les gens de Tours savaient qu'il aurait refusé. Alors, ils inventèrent une ruse. Une troupe se dirigea vers Ligugé et leur chef Ruricius les fit arrêter à quelque distance du monastère.

Celui-ci alla à Ligugé et demanda à voir Martin pour lui dire que sa femme était dangereusement malade et qu'il fallait qu'il vienne à son secours. Martin s'empressa de le suivre, mais peu après, il se trouva entouré par la troupe des tourangeaux qui le raptèrent et l'emmenèrent pieds et poings liés à Tours où il fut bien obligé de devenir évêque, en remplacement de Saint Lidoire.

A son arrivée à Tours, des gens furent dégoûtés de voir ce guenilleux si négligé et trouvèrent qu'il n'était pas question d'élire évêque ce va-nu-pieds. Il y eut un parti anti-Martin qui se forma. Il était dirigé par un évêque qui s'appelait "Défenseur".

Sulpice Sévère raconte : "Or, parmi les évêques qui étaient là, le principal opposant fut, dit-on, un certain Défenseur. Aussi remarqua-t-on qu'il reçut alors un blâme sévère, par la lecture d'un verset prophétique. Car le hasard voulut que le lecteur à qui revenait en ce jour la charge de lire les textes, se trouvât par le peuple empêché de passer.

Aussi, dans l'émoi des officiants, tandis que l'on attendait l'absent, l'un des assistants saisit le psautier et attrapa le premier verset venu. Or ce psaume était : "par la bouche des enfants et des nourrissons, tu t'es rendu gloire à cause de tes ennemis, pour détruire l'ennemi et le défenseur".

A cette lecture, les clameurs du peuple s'élèvent, le parti adverse est confondu, et l'on tint pour assuré que ce psaume avait été lu par la volonté de Dieu afin que Défenseur entendit porter ce témoignage sur ses oeuvres..." (La vie de Saint Martin, Sulpice Sévère, p. 20, Les Classiques, Foi vivante. Éd du Cerf)

Malgré ses occupations d'évêque, Martin réussit à fonder, près de Tours, le monastère de Marmoutier, où il allait se ressourcer.

Parmi les moines, il se trouvait un nommé Brice (13 novembre) qui critiquait souvent son maître. Chaque fois que Martin lui faisait quelques reproches sur sa conduite mondaine, Brice lui répondait vertement en lui reprochant son passé de militaire durant lequel il aurait participé à la licence des camps. Il était jaloux de Martin. Un jour qu'un pauvre était venu demander Martin, Brice lui dit : "Si tu cherches ce radoteur, lève la tête, c'est celui qui regarde le ciel comme un insensé".

Mais Brice se corrigea de ce défaut et fut même le successeur de Martin à l'évêché de Tours. Martin et Brice sont fêté à 3 jours de différence. Ils constituent un "doublet" qui peut symboliser encore le passage entre deux temps.

Martin mourut pendant une visite à Candes en 397 ou en 400, le 11 novembre.

Martin, aussi chrétien soit-il, n'en est pas moins considérablement mythifié. Il a donné son nom à bien des villages et à bien des églises, il a suscité bien des cultes et fut associé à de nombreux mythes paysans, marquant un retournement dans le temps. Sa fête à un moment calendaire sensible de métamorphose correspond au début de l'hibernation de l'ours.

Martin est un des noms de l'ours. L'ours a été un des premiers objets de vénération. Son anthropomorphisme lui donne un rôle fréquent dans les aventures humaines et même dans les aventures sexuelles.

Un mythe de l'invention des menstrues raconte qu'une femme mariée avait des rapports avec un ours. - les femmes n'avaient pas encore de règles. Le mari les surprit en pleine copulation. Il tua l'ours et prit son sang dans la blessure qu'il jeta sur sa femme, juste à l'endroit du sexe en disant : "à partir de maintenant, tu seras maudite. Tous les mois le sang te viendra".

(Cf. Le sacré et la violation des interdits - Laura Lévy Makarius, Payot 1974)

Encore aujourd'hui, beaucoup de femmes appellent les menstrues, les "ourses". Ce n'est pas pour rien que les enfants ont un ours dans leur lit. L'ours-animal ou les ourses-menstrues connotent la fécondité et la promesse de maternité. Autrefois, en Grèce, les petites filles devenues réglées, allaient, en procession, au temple d'Artémise, en tenant leurs linges menstruels. Elles portaient des masques d'ours.

L'ours (le Arth, Arthur, Arthaud, Artémise... ou encore le Ber, Berne, Berlin, Berzé la ville, Bern-ard...) est velu et procède de l'humide, autant que le cerf ou le loup. Il est un des symboles de la fécondité. L'hiver venu, il entre en hibernation et n'en sortira qu'au printemps.

Ce qui veut dire qu'il est courageux (Mars) puisqu'il passera l'hiver aux enfers, en compagnie des âmes des morts et des démons. Dans le conte "Jean de l'ours", Jean, mi-ours mi homme, combat le diable qui par la suite n'osera plus sortir des enfers.

L'association entre Martin et l'ours est donc une vieille histoire. La légende Dorée présente Martin avec son manteau de poil et le fait prêcher dans les églises, assis sur un tabouret. Ceux qui ont vu des montreurs d'ours peuvent relier ce que dit la légende dorée au fait qu'ils font souvent asseoir leur animal sur un tabouret.

Mais le pelage de l'animal est essentiel. L'ours possède le velu du sauvage qui se régénère dans la forêt, (cf. le vêtement de "l'homme à la peau d'ours" du conte de Grimm). Sa pelisse est le symbole de la végétation féconde et humide de la terre. L'ours, aux allures humaines, et pourtant dieu antique des passages, Hermès dyonisiaque, mangeant du miel et des sauterelles comme saint Jean-Baptiste au désert, comme saint Martin et ses vêtements à poils drus, comme Merlin dans sa forêt.

La vie de Saint Martin est marquée par des histoires de vêtements velus, grossiers, en poil de chameau etc. C'est pour cela qu'il est aussi patron des tailleurs.

Le temps s'est une nouvelle fois retourné dans son rythme effréné. Il se retounera à nouveau au solstice d'hiver, dans quarante jours, à l'avènement du soleil nouveau.

Saint Martin et l'armistice

Saint Martin est patron de l'infanterie - et, par extension, de l'armée.

En 1918, les allemands étaient d'accord pour signer l'armistice bien avant le 11 novembre. Les maréchaux Joffre et Foch insistèrent pour que celui-ci fut signé le 11 du 11 à 11 heures.
C'est que le 11 novembre est le jour de la fête de Saint Martin. Force des mythes ! Curieusement, dans le mot "armistice", on trouve presque l'anagramme de Martin. Lorsqu'on demande aux gens quelle est la date de la Saint Martin, la plupart ne le savent plus par le fait que le mot "armistice" occulte le nom de Martin. Mais pas tout à fait.

L'armistice fut signé dans un lieu hautement oursin : la forêt de Compiègne, à 5 heures du matin, pour devenir effectif à 11 heures. C'est au moment - et à l'heure - où la tradition veut que l'ours entre en hibernation et rejoigne le monde des morts, que prend effet la cessation des combats. L'association entre le saint et l'ours est suffisante pour habiter ce jour d'une aura mythique considérable.

La fête des morts patriotique rejoint la descente oursine aux enfers. Martin, 40 jours avant le solstice d'hiver, nous invite à entrer dans le monde infernal (sous-terrain) où va se tramer, le retour de la fécondité de la terre.

C'est le temps des revenants, de la Mesnie Hellequin avec sa chasse sauvage, et de leur collègue : le père Noël. C'est le temps des loups.

(1) Je ne sais pas ce que les poules... et les coqs ont à faire là-dedans mais les gallinacés ont un intérêt en ce qui concerne les morts. Ce sont les coqs qui, par leur chant, font se ressouvenir des vies antérieures que le défunt va retrouver dans son voyage de retour. C'est sans doute pour cela qu'ils sont au sommet des églises. Quant à Gallinaria, c'est à la fois les gallinacés mais aussi Gaulois, Gallika comme nous appellent les grecs : les laiteux. A condition que le coq soit blanc, symbole de la France.

Voir la vie de saint Martin en cliquant sur : Martin


12 novembre

Saint Christian

"Christian" vient du latin Christianus qui signifie Chrétien, Disciple du Christ, soit Oint (Onction par l'huile) et donc "l'élu".

Saint Christian fait partie de ceux qu'on appelle les 5 frères, avec Benoît, Jean, Isaac et Matthieu, tous polonais et morts martyrs en 1003.

Ils vécurent du temps du duc Boleslas CHROBRY (surnom qui signifie le brave, le vaillant) qui joua un rôle décisif dans la christianisation de la Pologne.

Il fit venir d'abord Benoît et Jean, deux camaldules italiens. Jean était borgne et souffreteux. On leur bâtit un petit oratoire et des polonais, Matthieu et Isaac, vinrent se joindre à eux. Ils laissaient pousser leurs barbes pour ne pas choquer les païens. Il s'administraient mutuellement de copieuses flagellations selon l'usage des premier camaldules. Ils avaient en plus deux ou trois serviteurs.

Suite à une intrigue, les serviteurs décidèrent de s'emparer des richesses du monastère. La nuit du 10 au 11 novembre 1003, alors que les moines disaient l'office de la vigile de Saint Martin, les serviteurs les massacrèrent. Christian, le cuisinier polonais qui couchait un peu plus loin, fut réveillé par le bruit, prit un bâton et courut sus aux agresseurs. Mais il fut abattu à son tour.

Le lendemain, les paysans du coin enterrèrent les cadavres. On déposa les corps des 4 camaldules dans l'église et celui de Christian dans le cloître, considérant qu'il était moins saint vu qu'il avait essayé de se défendre avec un bâton. Les assassins furent repris et condamnés à mort. Boleslas commua leur peine. Il devraient mourir d'inanition, enchaînés aux tombeaux de leurs victimes.

Mais les saints montrèrent qu'ils avaient pardonné aux meurtriers car leur chaînes se rompirent miraculeusement. Il furent donnés alors comme serfs à l'ermitage reconstruit.

Sainte Natalène ou Lène

Ça se passe à Pamiers, en Ariège. Elle fut la neuvième fille de Frédélas, gouverneur de la ville au 4ème siècle. Lorsqu'elle naquit, son père se fâcha tout rouge "encore une fille !" s'écria-t-il. C'était la neuvième nana ! Dans sa colère, il ordonna qu'on jetât Natalène dans l'Ariège.

L'homme qui devait exécuter ces ordres, on dit que c'était Saint Martin, vit trois croix lumineuses sur le berceau de Natalène. Il jeta alors Natalène dans les bras d'une nourrice fort chrétienne qui fit de la petite une fille bien vertueuse.

Elle grandit en sagesse mais aussi en beauté. Elle s'était jointe à d'autres vierges qui se consacraient à faire le bien à Pamiers. Elle soignait les pauvres et les malades dans l'hôpital de la ville. Elle était infirmière quoi !

Un jour, Alydanus, un lieutenant de Frédélas qui inspectait l'hôpital, fut frappé par la beauté de Natalène. Il en tomba amoureux. Alors, il "essaya par tous les moyens de la faire tomber dans le crime". Mais Natalène refusa. Éconduit, il la dénonça comme chrétienne auprès de Frédélas qui la fit comparaître devant son tribunal.

Il lui demanda "qui êtes-vous ?" Elle répondit : "je suis la fille du gouverneur, vous êtes mon père". Frédélas, interloqué, écouta son histoire jusqu'au bout. Puis, étouffant sa colère, il lui dit "d'accord, vous serez ma fille, mais il faudra renoncer à votre religion"

Comme Natalène refusait, elle fut condamnée à mort. On l'amena sur les bords de l'Ariège et on lui coupa la tête. A peine la tête avait-elle roulé à terre que Natalène la ramassa, au grand étonnement des spectateurs, (on le serait à moins) longea le rivage et rentra dans la ville par la porte Sainte Hélène et marcha jusqu'à la place du camp où elle rendit l'âme. En laissant tomber sa tête, elle fit jaillir une fontaine, la fontaine de Sainte Natalène, qui coule encore près du cimetière Saint Jean.

Avec Saint Antonin (2 septembre) elle est patronne de Pamiers.

Saint René

Pour Saint René, ça se passe plutôt à Angers, plus précisément dans un village proche qui s'appelle la Possonnière. Un jour, Saint Maurille (13 septembre) qui passait par là, rencontra une dame noble qui s'appelait Bononia et qui n'avait pas réussi à avoir un enfant. Elle supplia Maurille de faire quelque chose. Il se mit en prière et, un an après, Bononia mit au monde un garçon qu'elle offrit à Dieu pour le remercier. Mais le fiston avait tout juste 7 ans lorsqu'une maladie mortelle l'emmena aux portes de la mort sans être baptisé. Sa mère courut à l'église de Saint Pierre d'Angers où Maurille disait la messe. Elle monta à l'autel pour demander à Maurille de venir vite le baptiser. Mais Maurille, tranquille, lui dit, "quand j'aurai fini la messe !". Et l'enfant mourut.

La suite de l'histoire, vous la trouverez dans la vie de Saint Maurille que nous avons raconté au 13 septembre.

Culpabilisé, Maurille se crût indigne des fonctions d'évêques et fugua vers l'Angleterre où il devint jardinier. Il y a, à la clef, une sombre histoire de clefs du trésor de l'église d'Angers, que des pêcheurs retrouvèrent dans le ventre d'un poisson. (voir au 13 septembre)

Sept ans plus tard, Maurille revint à Angers et ressuscita l'enfant grâce à la prière et à d'abondantes larmes. On appela alors l'enfant du nom de René, puisque re-né. Logique !

On le mit à l'école où il fit naturellement de rapides progrès. Il devint ensuite archidiacre puis administrateur de l'église de Chalonnes. Plus tard, il remplaça Maurille comme évêque. Il mourut en 450.

Il est souvent confondu avec le bon roi René ou encore avec un saint René à Sorrente (qui pourrait bien être un saint d'importation amené par Charles d'Anjou)


13 novembre

- Tel jour Brice, tel jour No (Noël), tel 1 janvier.

Saint Brice

Il est né à Tours à la fin du 4e siècle. Ses parents le confièrent à Saint Martin qui l'amena à recevoir les ordres sacrés.

S'il avait d'abord bien profité des enseignements de Martin, il devint cause de scandales par un comportement fait d'oppositions et d'agressivité.

Lorsqu'il arriva au monastère de saint Martin, il était pauvre mais il devint vite riche et possédait des écuries et des esclaves. On disait qu'il achetait surtout des filles au beau visage. Martin lui reprochait ses frasques et Brice ne le supportait pas.

Brice critiquait publiquement son maître Martin en lui reprochant d'avoir des visions ridicules :"Le voila cet insensé qui regarde toujours le ciel comme un fou !"

Martin avait songé à le chasser de son église mais il avait appris par un songe que Brice lui succéderait. Il se garda donc de le renvoyer mais essaya, par la douceur, de le ramener à de meilleurs sentiments.

Il fallut attendre la mort de saint Martin et l'élection de Brice à l'évêché de Tours pour que celui-ci change complètement d'attitude.

Mais il s'était fait beaucoup d'ennemis et dût supporter bien des calomnies.

On l'accusa d'être le père d'un enfant né d'une religieuse qui s'occupait de sa lingerie. Lors d'une assemblée, Brice prit le bébé à bout de bras et, contre toute attente, le bébé se mit à parler en disant "non, vous n'êtes pas mon père !".

Il y eut une ordalie (jugement de Dieu) pendant laquelle Brice prit des charbons ardents dans un pan de son vêtement et les porta jusqu'au tombeau de saint Martin, mais le feu de le brûla pas. On ne voulut pas vraiment croire à son innocence et il fut chassé de Tours pendant 7 ans. Après ce temps passé à Rome, son innocence fut reconnue par le pape. Il retrouva son siège qu'il occupa encore pendant 7 ans. Puis il mourut en 444 après 47 ans d'épiscopat.

On l'invoque contre les maux de ventre, sans doute parce qu'il était d'un tempérament bilieux.

L'imaginaire populaire a considérablement mythifié le couple "saint Martin-saint Brice". Dans le conte le plus répandu qui soit : "La jeune fille aux mains coupées" ou "La jeune fille sans mains", Hélène de Constantinople donne le jour à deux jumeaux. Son mari, Henri, est partit à la guerre et a confié sa femme au Comte de Glocester. La Reine-Mère lui envoie un message disant que sa femme a accouché de deux chiens. Henri répond qu'il faut brûler Hélène et ses deux enfants. On coupe un bras à Hélène pour témoigner de ce qu'elle a bien été exécutée. Mais Marie, la cousine de la Reine s'interpose et demande à être brûlée à sa place. Marie est brûlée et Hélène est bannie, mise dans un bateau avec ses deux enfants. Un des enfants tient le bras de sa mère attaché à son cou. Il sabordent sur les côtes bretonnes. Elle s'endort et, pendant ce temps, un loup et un lion enlèvent chacun un enfant. Un ermite les trouve et les arrache à la sauvagerie. Il les nomme Lion et Bras.

Henri revient de guerre et découvre la supercherie. Il part à la recherche de sa femme et de ses enfants. Pendant ce temps, Lion et Bras sont pris en charge par l'archevêque de Tours. Ils s'appelleront désormais : Martin et Brice. Finalement tout le monde se retrouve grâce au bras que Brice porte toujours en bandoulière.

Dans le roman d'Hélène de Constantinople, Martin et Brice ou Bras sont d'emblée appelés saint Martin et saint Brice.

Dans les récits d'autrefois, les caractères des gens étaient donnés sous forme d'actions. Le but de ces contes était d'être édifiants mais certainement pas historiques. Qu'apparaissent les deux saints, à la fois amis et ennemis, n'est qu'une manière de spiritualisation et de sanctification de la saga d'Hélène. (Cf. Catherine Vellay-Valentin, "L'histoire des contes" Fayard 1992. p. 95 à 134)

"Brice" pouvait donc s'appeler "Bras". Un village de la Meuse s'appelle Dombras. Autrefois il s'appelait "Domnus Brictius", saint Brice.

Une fois de plus, le calembour joue un rôle important dans toute mythologie. Paul Canestrier raconte que saint "Brice" était patron de "Brès" (hameau de Guillaumes 06) On sortait sa statue lorsqu'il tombait des grêlons afin de les arrêter. La statue était tellement vermoulue qu'elle s'effondra sous les grêlons. On en fit tailler une nouvelle dans un poirier qui n'avait jamais porté de fruits. Mais il fut inefficace. Un vieille dame objecta :"il est trop jeune, rentrez-le vite qu'il n'attrape pas un rhume de cerveau !"

(Cf. Paul Canestrier, "Fêtes populaires et traditions religieuses en pays niçois", Nice, Serre, "Vida" 1985.

Brice est aussi un maître du feu. Cet aspect s'explique par le transport de braises ardentes dans son vêtement.


14 novembre

Petit à petit les feuilles commencent à tomber et l'automne s'installe. La terre se meurt doucement et la lumière du ciel s'efface progressivement au profit de la noirceur. Pas tout à fait juste ! Si les châtaignes commencent à tomber et s'ouvrent pour laisser apparaître leur fruit, c'est bien qu'elle mettent en valeur ce qui se produit à l'intérieur. Si la lumière céleste se recueille, c'est pour faire place à la lumière de dessous la terre. Lumière de la fécondité qui, dans la période qui précède le solstice d'hiver, prépare déjà le renouveau printanier. Mais en sourdine. Laissons venir ces temps de l'Avent où nous fêterons surtout le feu sous-terrain.

- L'automne à tous peu donne. (Languedoc)

- Mauvais automne n'enrichit personne.

- Bel automne vient plus souvent que beau printemps.

- Automne clair, hiver venteux.

- Pluie abondante pendant l'automne annonce printemps sec.

- Automne en fleurs, hiver plein de rigueur.

- Bel automne, printemps pluvieux.

Le 14 novembre 1854 : Tempête en mer de Crimée et naufrage du vaisseau "Henri IV". Le Verrier est chargé d'organiser un réseau météo.

"Le 14 novembre, un violent orage balaya les bivouacs, emporta les tentes et les baraquements, noya les tranchées, coula les bateaux. Les souffrances commencèrent. "La Chersonèse, disait un témoin, ressemble au fond d'un étang à peine vidé; nos bivouacs sont changés en marécages, les cadavres de chevaux jonchent la terre." (Arnaud R. La deuxième République et le Second Empire. Hachette 1929)

En 1854-1856, Guerre de Crimée : la Chersonèse Taurique = Crimée

Saint Sérapion

Au 13ème siècle, il fit partie de l'ordre des religieux de la Merci à Barcelone. Il travailla avec saint Raymond Nonnat (31 août) mais eut moins de chance que lui. Séjournant à Alger pour y racheter des captifs, il n'avait pas assez d'argent pour les racheter tous. Il se constitua donc prisonnier à leur place. Comme il était plus bavard que Raymond Nonnat il se mit à prêcher aux musulmans mais pour le faire taire, on l'enferma. Comme il ne voulait pas rester discret, on l'attacha à deux poteaux, bras et pied gauche liés à celui de gauche et bras et pied droit à celui de droite. Puis on lui brisa le corps en le tailladant de partout. On enroula ses intestins autour d'un treuil puis on lui coupa la tête à moitié afin de la laisser pendre.


15 novembre

- A la saint Léopold, couvre tes épaules.

Saint Léopold (Germ. liut-bald : peuple courageux)

De lignée royale, il était si vertueux qu'on le surnomma "Le pieux". En 1096, il devint le 16e Margrave d'Autriche.

En 1104, il combattit sous l'empereur Henri IV dans une guerre contre son fils Henri V. Finalement, il prit partit pour Henri V et épousa sa soeur qui s'appelait Agnès et qui était veuve de Frédéric, duc de Souabe. Elle deviendra grand mère de Frédéric Barberousse.

Léopold et Agnès firent 18 enfants, 8 garçons et 10 filles. 7 enfants moururent encore bébés.

On l'appelait "le père des pauvres" en raison de sa grande charité.

Un jour qu'ils se promenaient avec sa femme, le voile qu'Agnès avait sur sa tête s'envola bien loin. Quelques années plus tard, Léopold le retrouva accroché au sommet d'un arbre. Il paraissait presque neuf. Il décidèrent donc de bâtir une magnifique basilique en ce lieu qui s'appelait Neubourg, près de Vienne.

Plus tard, il érigea encore, non loin de Vienne un monastère dit de la Sainte Croix.

Il mourut en 1136 et fut canonisé en 1485. On le représente entouré d'une ribambelle d'enfants.

Saint Albert le Grand (noble - brillant)

Né vers 1193 à Lauigen en Souabe bavaroise. Il devint évêque de Ratisbonne et mourut à Cologne le 15 novembre 1280.

Saint Malo ou Macout ou Mahout. (celtique : Mach : garantie ou otage et Lou : lumineux)

Il venait d'Irlande et devait s'appeler Mac Low. Sa mère Darval avait 66 ans quand elle enfanta Malo le jour de Pâques 497. D'autres le font naître en 547.
Son père s'appelait Gwent (le blanc) et passe pour avoir fondé la ville de Cherstow (Castel-Gwent) dans la baie de Bristol.

Un soir qu'il jouait avec des camarades sur la plage, il s'éloigna pour trouver un peu de solitude et s'endormit sur un paquet d'algues. Quand les enfants furent rentrés au monastère, on s'aperçut de l'absence de Malo. On le chercha mais la marée avait tout recouvert. On pensa qu'il s'était noyé.
Le lendemain, on reprit les recherches et on le trouva debout sur le paquet d'algues qui avait grandi et formé une île protectrice. Malo n'était même pas mouillé. La motte d'algue s'accrut et forma un île qui émerge toujours des flots.

Plus tard, il fut élu évêque de l'ancien diocèse d'Aleth. (aujourd'hui Saint Servan) Persécuté il quitta sa région pour l'Aquitaine. Il aboutit à l'île d'Hiers (Brouage) dont Léonce était évêque et s'y installa avec ses moines.

Un âne était utilisé pour rendre de nombreux services à la communauté. Un jour un loup dévora l'âne. Malo obligea le loup à remplacer l'âne dans les travaux.
Un autre jour, la fille du gouverneur de Saintes avait été mordue par un serpent venimeux. Malo la guérit en appliquant sur la plaie une feuille de lierre trempée dans de l'eau bénite. En récompense le gouverneur lui offrit des terres afin qu'il puisse y construire une abbaye.

Un jour un enfant tomba dans un puits et s'y noya. Malo fit sortir le corps et le fit porter dans l'église. En se prosternant 7 fois sur le corps de l'enfant, Malo le resusscita.

Puis Malo fut avertit par un ange de ce qu'il devait rentrer dans son diocèse où la misère régnait. A son arrivée, tous les fléaux cessèrent. La sécheresse fit place à d'abondantes pluies.

Comme il avait promis de venir mourir en Saintonge, sentant sa fin prochaine, il se mit en route pour aller y mourir le 15 novembre 630.

On le représente rendant la vue à un seigneur aveugle - obligeant un loup à remplacer son âne - disant la messe sur le dos d'une baleine (on lui attribue la même aventure que celle de Saint Brendan).
Il est patron de Rouen, de Saint Malo, de Dinan et on l'invoque contre l'hydrophysie.


16 novembre

Saint Émilion (émule)

(Extrait du document donné aux visiteurs de la ville de saint Émilion)

1/ L'ERMITAGE DE SAINT-EMILION

L'ermitage de Saint-Emilion est le plus vieux monument de la cité (il date du VIIIème siècle), ce qui explique sa situation géographique ; la ville entière s'est en effet organisée et construite autour.

Saint-Emilion ou Emilian est né à Vannes dans le département du Morbihan en Bretagne.

Il était l'intendant du comte de Vannes, et en tant que tel, avait des libertés Il en profitait pour voler du pain dans les cuisines du château afin de le distribuer aux pauvres. Un jour, le comte le surprend et lui demande ce qu'il cache sous son manteau ; Emilion lui répond que c'est du bois, et joignant le geste à la parole, ouvre son manteau et montre des morceaux de bois. Il s'agit du 1er miracle d'Emilion.

Devenant populaire, et étant de nature modeste, il va préférer fuir vers le sud et va s'arrêter à Saujon en Charente Maritime dans un monastère de bénédictins.

Il deviendra lui-même moine et restera en ce lieu 6 ans.

Il quittera ce monastère suite à la réalisation de son deuxième miracle. En effet, en tant que moine-boulanger, un jour, au moment de récupérer les pains du four, ne trouvant plus sa pelle à pains, il est entré lui-même dans ce four et en est ressorti sans aucune brûlure. Il va fuir une seconde fois et continuer son chemin vers le sud. En suivant la rivière Dordogne, il finira par arriver dans notre région, à l'époque appelée Ascumbas, (du celte : les combes) présentant au coeur de nos vallons des cavités naturelles. Emilion se réfugiera dans l'une d'entre elle pour en faire son ermitage, le lieu où il a vécu en ermite quelque temps avant d'être rejoint par des disciples et de fonder le village de Saint-Emilion.

Emilion est donc le saint patron du village, et n'a rien à voir avec la vigne et le vin contrairement à ce que l'on croit. En fait, le saint patron national des vignerons est Saint-Vincent et le saint patron local des vignerons de Saint-Emilion est Saint-Valéry, qui a été un de ses disciples et certainement sur l'initiative du re-développement de la vigne au VIIIème siècle.

Cette grotte a été agrandie par Emilion en forme de croix latine. L'ouverture d'origine ayant été condamnée par la construction d'un bâtiment au XVIIIème siècle, une autre a été aménagée et constitue aujourd'hui le seul accès à la grotte. Les balustres ont également été rajoutées à la même époque.

En entrant dans la grotte, sur la gauche, on peut voir la source utilisée jadis comme fonds baptismaux. Cette source, qui est en fait une résurgence, aurait permis à Emilion de guérir une aveugle en lui frottant les yeux avec cette eau.

On y trouve aussi des épingles à cheveux, car une légende bretonne raconte que si deux amoureux viennent chacun jeter une épingle et que celles-ci se croisent en arrivant au fond de l'eau, ils seront mariés dans l'année.

Derrière l'autre balustre se trouve le lit d'Emilion.

A côté, creusé dans le roc, il y a le fauteuil de méditation, également appelé fauteuil de fécondité. En effet, une vertu lui est attribuée car il est dit que si une femme stérile s'y assoit et fait le vu d'avoir un enfant, elle sera enceinte dans les mois qui suivent. Légende ou non ? En tout cas, il fait l'objet de plus en plus de visites chaque année, et quelques faire-parts de naissances arrivent de temps à autre à l'Office de Tourisme.

Sa fête est, normalement le 6 janvier (date de sa mort) mais aussi le 16 novembre.


17 novembre

Saint Grégoire le Thaumaturge, évêque de Néocésarée (Niksar en Turquie) vers 250.

Avant Vatican II, on fêtait sainte Élisabeth de Hongrie le 19 novembre - elle est placée aujourd'hui au 17 et occulte Grégoire le Thaumaturge. Les dictons ont pris leur sens dans le cours du calendrier d'avant le concile de Vatican II, ils n'ont plus de sens lorsqu'ils sont déplacés dans le temps. Aussi, je conserve les anciennes dates.

Saint Aignan, évêque d'Orléans, est devenu le protecteur des teigneux. (saint teignan


18 novembre

Saint Maudez ou Mandé.

Mandé était le 10ème enfant du roi d'Irlande Éréléus. (7eme siècle) Ses neufs frères moururent. Il restait seul pour assurer la pérennité du trône.

Quand on voulut le marier, il demanda à Dieu qu'il lui envoie une infirmité. Sa prière fut exaucée, il répandait une odeur si mauvaise que personne n'osait s'approcher de lui. Il s'en trouva délivré dès lors qu'il ne fut plus question de son mariage.

Il devint prêtre puis quitta sa patrie pour venir s'installer à Tréguier, près de saint Tugdual puis il se fit ermite à Lanmodez, près de Lezardieux.

Il débarrassa l'île de Saint Maudez des reptiles qui l'habitaient puis s'y construisit une chapelle.

Quand saint Maudez voulut attacher des ardoises sur la couverture de sa chapelle, il n'y avait pas de clous, et il se désolait parce qu'il ne savait pas comment s'en procurer. Un homme du pays ayant appris que le pauvre saint Maudez n'avait pas de clous lui en porta tout ce qui lui en fallait.

Or cet homme avait des clous (furoncles) dans une fesse, qui le faisait beaucoup souffrir et l'empêchait de travailler; Saint Maudez, pour le récompenser lui guérit aussitôt ses clous. (P. Sébillot, cité d'après Lazerges 1940, 40)

On délaie encore la terre de cette île avec de la liqueur et on la fait boire aux enfants qui ont des vers.

Le seigneur qui lui avait donné cette île avait 2 enfants dont l'un tua l'autre en jouant. Maudez le ressuscita.

Il mourut dans l'île au 7e siècle (Lannion : Lezardieux)

C'est le patron de Saint-Mandé (Vincennes)


19 novembre

- Sainte Élisabeth fait prévoir comment sera l'hiver

- Sainte Élisabeth nous montre quel bonhomme l'hiver sera.

- A la sainte Élisabeth, tout ce qui porte fourrure n'est point bête. (en référence avec les fourrures imposées par l'hiver)

Élisabeth de Hongrie (Dieu est mon sept, ma plénitude)

Elle était fille de André II de Hongrie et de Gertrude de Méranie son épouse. Nièce de sainte Edwige, duchesse de Silésie et de Pologne. Son frère Bela IV, fut roi de Hongrie et père de sainte Cunégonde. Son second frère s'appelait Coloman et fut roi de Galicie et prince de Russie.

Elle fut fiancée à 4 ans pour des raisons politiques au prince Louis, fils de Hermann, landgrave de Thuringe. Mariée à 14 ans, (en 1220) maman à 15 ans, veuve à 20 ans, chassée du trône et réduite à la misère, elle meurt à 24 ans. Elle sera canonisée 4 ans après son décès. (XIIIème siècle)

Sa miséricorde envers les pauvres n'avait pas de bornes. De même, son humilité lui faisait négliger les habits de cours au profit de tenues simples qu'elle mettait lorsqu'elle allait soigner les pauvres. Les difficultés et les chemins malpropres ne la rebutaient pas. Elle soignait, pansait et nourrissait les pauvres de ses propres mains.

On raconte qu'un jour, alors qu'elle transportait, dans son tablier, de la nourriture pour les pauvres, elle rencontra son mari qui revenait de la chasse. Il lui demandait ce qu'elle portait là. Malgré elle, elle laissa tomber le tablier qui fit apparaître des roses blanches et rouges. Louis fut d'autant plus surpris que ce n'était pas la saison des fleurs.

Voyant que sa femme était troublée, il voulu s'approcher afin de la rassurer mais il aperçut une croix lumineuse au dessus de sa tête. Ému, il la pria de continuer son chemin sans inquiétude et remonta au château.

Quelques temps plus tard, Louis mourut en Sicile, alors qu'il partait en Terre-Sainte. Le prince Henri, son beau-frère la chassa du château et la jeta dans la boue. Les pauvres qu'elle avait secouru ne l'aidèrent pas. Elle se débrouilla seule avec ses enfants.

L'évêque de Bamberg et quelques grands du royaume l'obligèrent à rentrer au château et obligèrent Henri à lui demander pardon

Mais elle renonça d'elle-même à tous ses biens. Elle se fit construire une petite maison de terre et de planches dans Marburg.

Elle fut réduite à un état de pauvreté et d'austérités indescriptibles.

Sur l'intervention du pape Grégoire IX, on lui rendit sa dot qu'elle préféra avoir en monnaie. Elle commença à la distribuer aux pauvres mais son directeur, le prêtre Conrad, l'empêcha de tout dépenser et la maintint dans une situation qui lui permit de vivre normalement.

Elle mourut le 19 novembre 1231. Elle avait 24 ans. Elle est patronne des dentellières et du personnel hospitalier. (elle fonda un hôpital) A Marburg, en Allemagne, on montre encore une grande tapisserie à laquelle elle aurait travaillé


20 novembre

Sainte Maxence

Au Ve siècle, Maxence naquit en Irlande. Elle était fille du roi des Scots Malcolm. Elle était très belle et remplie de sagesse et disciple de saint Patrice. Maxentius, un prince débauché la demanda en mariage. Elle voulait se consacrer à Dieu et s'échappa de son pays pour se soustraire à Maxentius.

Elle traversa la Manche et arriva en France pour se fixer dans la forêt et vivre en ermite non loin de la ville Litanobriga (Pont sainte Maxence)

Mais Maxentius en colère la poursuivit et la rattrapa. Comme elle refusait toujours de l'épouser, il la prit par les cheveux et lui trancha la tête.

Les habitant de Litanobriga recueillirent le corps de Maxence et lui donnèrent une sépulture. on culte devint si populaire qu'au 7e siècle, la ville prit le nom de Pont sainte Maxence.

On la représente près d'un pont ou décapitée.

Saint Edmond (protecteur des richesses)

Le roi Offa régnait sur les Est-Angles. Comme il voulait finir ses jours à Rome en bon religieux, il abdiqua et passa la couronne à son fils de 15 ans, Edmond.

Celui-ci régna avec sagesse et efficacité. Il avait trente ans lorsque les Danois attaquèrent son pays. Edmond rassembla ce qu'il put pour former une petite armée qui eut quelques victoires dans le Suffolk. Mais rapidement les Danois eurent le dessus, arrêtèrent Edmond et l'emprisonnèrent. Ils lui firent des propositions qu'il refusa car elles mettait en cause se religion.

Le chef Hiaguar le fit fouetter, puis, comme il refusait toujours, le fit percer de flèches puis décapiter.(en 870)

On raconte que lorsqu'on voulut retrouver son corps, on organisa une battue. Les batteurs s'interpellaient entre eux pour ne pas se perdre. Tout à coup, ils entendirent "here, here, here" (ici) et se dirigèrent vers la voix. Il découvrirent un loup qui gardait la tête d'Edmond entre ses pattes pour la protéger des bêtes de la forêt.

On le représente attaché à un arbre et percé de flèches ou encore décapité avec, à ses côtés un loup qui défend sa tête contre les animaux carnassiers.

Saint Agapios (Gr. amour don)

Ami de sainte Thècle au 4ème siècle, Agapios subit le martyre peu après celui de Thècle. A Césarée, le tyran Maximin Daïa était présent. Comme Agapios avait été condamné à être mangé par les bêtes, on le réserva donc pour les jeux de la fête en l'honneur de l'empereur.

Il fut mis dans l'arène avec un criminel qui avait tué son maître. L'empereur fit grâce au criminel mais fut sans pitié pour Agapios qui défendait sa religion. Celui-ci fut poussé devant une ourse qui le dévora. Quand elle le laissa, il n'était pas mort et on l'emporta en prison. On lui attacha des pierres aux pieds et on le jeta dans la mer.

Saint Silvestre de Chalon sur Saône.

Évêque de Chalon pendant 42 ans, il mourut vers les années 520-530.

On mettait les malades sous son lit qui guérissait des fièvres. Le lit miraculeux fut transporté dans le trésor de l'église. Son culte est resté limité à la région de Chalon.


21 novembre

Présentation de la Vierge au Temple.

- Le vingt et un brumeux, hiver rigoureux


22 novembre

- Pour la sainte Cécile, chaque fève en fait mille. (on sème les fèves d'hiver) (Vivarais)

- A la sainte Cécile, si on plante des pois, l'viennent comme des mats (Bretagne)

- Quand Simon et Jude (28 octobre) n'apportent pas la pluie, elle n'arrive qu'à la sainte Cécile.

Sainte Cécile (aveugle)

Martyre, patronne des musiciens (rien dans sa vie n'explique pourquoi elle détient ce patronage.)

...Finalement, Cécile (3ème siècle) fut sommée de comparaître devant le tribunal. Après un long discours vantant les mérites des chrétiens, Cécile fut condamnée à être reconduite chez elle pour y être étouffée dans sa salle de bain. Almachius ne voulait pas d'une mort glorieuse comme la décapitation. C'eut été faire trop d'honneur à Cécile.

On l'enferma donc dans son caldarium et on fit du feu tout autour. Mais Cécile passa tranquillement la journée dans sa salle de bain sans que les vapeurs l'incommodent.

Almachius était vaincu par une coriace. C'était insupportable. Il décida donc de lui faire couper la tête.

Le bourreau se présenta chez Cécile qui était pleine d'allégresse à l'idée du martyre. Elle présenta son cou. Le bourreau, mal assuré - allez savoir pourquoi ? - lui donna un premier coup mais la rata, il ne fit qu'une petite blessure. Il lui donna un deuxième coup mais la rata à nouveau. Jamais deux sans trois, le troisième coup manqua son but. Les trois coups donnés, Cécile était toujours bien vivante. Ensanglantée mais vivante. La loi interdisait à un bourreau d'achever la victime s'il n'avait pas réussi à l'abattre après trois coup. Il quitta la maison en laissant Cécile baigner dans son sang au milieu de la salle de bain.

Comme la porte était restée ouverte, les gens s'y précipitèrent en recueillant le sang de la vierge sur des linges. Pendant trois jours, la salle de bain ne désemplit pas de gens qui la réconfortaient et qui lui ramassaient le sang. Urbain, qui s'était absenté, revint enfin au bout de ces trois jours pour lui donner une dernière bénédiction. Cécile était couchée sur le côté droit et l'on voyait nettement sur son coup la marque des trois essais du bourreau. Enfin, elle rendit l'âme.

Cécile est la reine de l'harmonie. Il se pourrait que ce patronage soit dû à son nom "aveugle" qui donne aux oreilles une prépondérance sur les yeux ?

Voir Sainte Cécile


23 novembre

- Si l'hiver vient doucement, vous l'aurez à la saint Clément.

- Saint Clément montre rarement un visage avenant.

- Passé la saint Clément, ne sème plus ton froment.

- Si les rivières sont en crue entre saint Clément et saint André, la récolte sera mauvaise. au contraire, si les eaux baissent, le prix du blé tendra à diminuer. (Vosges)

Saint Clément

Pape de 88 à 98. Il fut jeté, une pierre au cou dans la mer de Crimée.

C'était Torcutien comte des offices, qui présidait à ce massacre. Il obligea Mammertin, un de ses préfets, à faire comparaître le pape Clément devant les tribunaux, pour sacrilège envers les dieux. Mais comme il ne trouvait pas en Clément de quoi le faire condamner, il en informa l'empereur Trajan qui répondit que si Clément ne voulait pas sacrifier aux dieux, il fallait l'exiler.

Et Clément fut condamné à un voyage forcé vers la Chersonèse Taurique (Crimée).

Mammertin avait pitié de lui. Il lui fit préparer un bateau confortable en lui souhaitant bonne chance et un court bannissement.

Arrivé en Crimée, Clément trouva plus de 2.000 chrétiens qui étaient condamnés aux durs travaux de carrières. Clément les fortifia dans leur foi.

Une chose très pénible est qu'il n'y avait pas de source à proximité pour y boire. Ils devaient envoyer quelqu'un chercher l'eau à plus de deux lieues. Clément se mit en prière, et, peu après, il vit sur la montagne un agneau qui marquait un endroit avec sa patte. Il s'y rendit avec une bêche. Au premier coup de bêche, une fontaine jaillit.

Ce miracle fit la réputation de Clément en Crimée. Beaucoup se convertirent et les temples païens furent abattus. Trajan apprenant ça envoya le président Ausidien, pour arrêter l'hécatombe.

Comme il n'arrivait pas à ses fins, il s'en prit à Clément qu'il condamna à être jeté dans la mer avec une ancre au cou. Le pauvre fut conduit en pleine mer et noyé. Les chrétiens éplorés suivaient le sacrifice depuis la plage.

Cela se passait le 23 novembre de l'an 100.

Peu de temps après sa mort, deux de ses disciples, Corneille et Phoebus, proposèrent à tous les chrétiens de se mettre en prière pour connaître l'endroit où était mort Clément. Miracle, pendant qu'ils priaient, la mer se retira de deux lieues. Il suivirent en foule, à pieds secs, et trouvèrent une petite chapelle bâtie par la main des anges où reposait Clément.

Un ange leur apparut pour leur demander de laisser là le corps du pontife. Il les avertit que chaque année, à la même période, la mer se retirerait afin que tous puissent aller rendre hommage au saint.

La mer se retira chaque année, pendant plusieurs siècles, et l'on assista à toutes sortes de miracle et de guérisons. Les gens du pays se convertirent de sorte qu'il ne restait plus un païen.

Un année, une femme qui faisait partie des pèlerins, laissa, sans y penser, dormir son enfant dans la chapelle. Elle s'en aperçut au moment où elle revint sur la plage. Mais la mer avait déjà recouvert l'édifice. L'année suivante, elle retrouva son enfant sain et sauf, toujours endormi dans le sanctuaire.

Voir Saint Clément

Sainte Rachilde (Rachel)

Fêtée le 23 novembre elle fait pourtant partie intime de l'histoire assez compliquée de sainte GUIBORAT (ou VIBORADE : en allemand WEIB-RATH : conseil de femme) fêtée au 2 mai.

Son nom, comme celui de Rachel, signifie "brebis". (voir Rachel au 15 janvier)

Guiborat est née au 10ème siècle d'une famille noble de la Souabe, en Haute Allemagne. Très pieuse, elle se voua avec son frère Hitton à une vie de charité envers les pauvres. Une de ses servantes l'accusa d'avoir des rapports incestueux avec son frère. A la suite d'une épreuve appelée &laqno; jugement de Dieu », elle fut libérée de tout soupçon par l'évêque de Constance. Il lui proposa de l'accompagner, en voyage, à l'Abbaye de Saint Gall. Le lieu lui paru propice et elle y resta. Elle se bâtit une cellule à Saint Magne, non loin de l'Abbaye et y vécut recluse.

Elle apprit qu'il y avait, dans les environs, une fille nommée Rachilde qui était sujette à beaucoup d'infirmités corporelles. Jugée incurable, ses parents avaient projeté un voyage à Rome en espérant y trouver la guérison par les saints qui y étaient enterrés.

Mais Guiborat se la fit amener et la garda sous sa protection. Rachilde retrouva une bonne santé grâce aux soins de sa protectrice.

Cependant, les maladies revenaient par intervalle, le corps de Rachilde &laqno; allait en pourriture par la multitude des ulcères qui s'y formaient ». On attendait sa mort d'un instant à l'autre.

La guerre arriva. L'invasion des Hongrois amena l'abbé de saint Gall à proposer à Guiborat de se retirer dans une forteresse bien défendue.

Elle y envoya Rachilde ainsi que son frère Hitton mais elle resta dans sa cellule pour prier.

Le Barbares hongrois survinrent. Ne trouvant pas d'entrée dans la cellule de Guiborat, ils montèrent sur le toit et la découvrirent à genoux et descendirent dans la cellule. Ne trouvant pas d'argent, ils déchargèrent trois coups de hache sur la tête de la recluse. Puis ils la laissèrent à demi morte. Elle perdit son sang qui coula jusque sur les murs qui parurent ensanglantés pendant plusieurs années.

Hitton revint et porta le corps de sa sur dans son église afin de lui offrir un tombeau.

Rachilde survécut encore pendant vingt et un ans, minée par les ulcères, les infirmités et les langueurs continuelles. Puis elle mourut et fut mise au tombeau près de Guiborat.

L'histoire souffrante de Rachilde peut être comparée à celle de sainte Ludivine du 14 avril.


24 novembre

- A la sainte Flora, plus rien ne fleurira.

Sainte Flora

Sainte Flora est invoquée contre la foudre. En 801, en Espagne, elle fut livrée aux chiens et aux oiseaux. (Il ne s'agit pas de sainte Fleur qui est fêtée au 5 octobre)

Saint Jean de la Croix

Religieux et mystique espagnol, né à Fontibère, près d'Avila en 1542. En 1563 il devint Carmes puis collabora efficacement avec sainte Thérèse d'Avila. Il écrivit quelques ouvrages dont "Les cantiques spirituels". Sa vie fut parsemée d'extases et de ravissements. Il mourut le 14 décembre 1691 à l'âge de 49 ans.


25 novembre

- A la sainte Catherine, l'hiver s'achemine (Berry)

- Pour la sainte Catherine, le temps devient mauvais (Lozère)

- A la sainte Catherine, tout arbre meurt ou prend racines.

- Si le 25 novembre est froid, l'hiver sera de même (Brie)

- Quand Catherine au ciel fait la moue, il faut patauger longtemps dans la boue.

- Saint Catherine ne va pas sans un blanc manteau.

- A la sainte Catherine, pour tout l'hiver fait ta farine.

- A la saint Catherine, le feu est à la cuisine.

Sainte Catherine (purification)

Elle se lança dans la philosophie et dans la théologie et devint très très forte en ces matières. De plus, elle parlait très bien. Alexandrie était sous le joug de Maximin II qui était cruel et sauvage. Un jour, il ordonna que tout le monde devait sacrifier aux dieux. C'est pourquoi Alexandrie était encombrée par des gens qui conduisaient des animaux au sacrifice. Non seulement les rues et les carrefours pullulaient mais les odeurs de viandes grillées infestaient la ville.

Catherine était sortie de chez elle pour voir quel était ce remue-ménage. Elle s'aperçut que même des chrétiens se laissaient entraîner pour sacrifier aux idoles.

Elle alla trouver Maximin et lui fit un long discours qui remettait en cause ses ordres. Il n'était pas très futé, aussi, il ne sût que répondre. Mais comme Catherine était incroyablement belle, il en tomba de suite amoureux.

Il lui demanda alors d'attendre avec patience la fin des sacrifices.

Puis, il fit venir, de tout le pays, 50 orateurs, remplit de science et de savoir, et qui se demandaient bien pourquoi on les avait fait venir. Écouter une femme ! Leur mauvaise humeur était à la hauteur de leur mépris.

Mais quand ils entendirent Catherine, ils restèrent bouche bée et se convertirent tous. L'empereur fou de rage fit dresser un grand bûcher et les jeta tous dans les flammes. Comme ils regrettaient de mourir sans baptême, Catherine leur dit "ne vous en faites pas, vous recevrez le baptême du sang et du feu." Mais bien qu'ils mourussent, ils ne furent pas atteints par les flammes.

Quoique ivre de colère, l'empereur restait amoureux de Catherine. Il en conçut même un amour violent, et pourtant, il était déjà marié.

"O vierge généreuse, ménage ta jeunesse; après la reine, tu tiendras le second rang dans mon palais; ta statue sera élevée au milieu de la ville, et tu seras adorée de tous comme une déesse." elle lui répondit : "cesse de parler de choses qu'il est criminel même de penser, je me suis livrée au Christ comme épouse : il est ma gloire, il est mon amour, il est ma douceur, et l'objet de ma tendresse; ni les caresses ni les tourments ne pourront me faire renoncer à son amour." (LD)

Alors Maximin, amoureux éconduit, la fit étendre sur un chevalet sur lequel il la fit fouetter avec des scorpions (cordes munies de fers tranchants) puis il la fit mettre dans une basse fosse afin de l'y laisser mourir de faim.

Mais Faustine, la reine, avait de l'affection pour Catherine. Maximin avait dû partir en voyage. Pendant la nuit, elle vint avec Porphyre, général des armées.

Elle vit, dans la prison, les anges qui pansaient les plaies de Catherine. Ils la trouvèrent complètement guérie de ses plaies. Elle se mit à parler. Peu de temps après, Faustine et Porphyre ainsi que 200 soldats, se convertirent.

A son retour, l'empereur se mit en colère en la voyant guérie et pleine de santé. Elle avait même pris de l'embonpoint.

Il fit torturer les gardiens, puis construire, en trois jours, une machine Kafkaïenne. Elle était constituée de quatre roues auxquelles on avait fixé des rasoirs et des couteaux tranchants. Deux roues se mouvaient dans un sens, deux autres dans l'autre sens afin de mieux déchirer les chairs. On y plaça Catherine, mais dès le premier mouvement des roues, le feu du ciel, guidé par un ange du Seigneur, vint briser la machine. Elle éclata et tua quatre mille spectateurs.

La reine vint faire des reproches sévères à son mari, mais ni les reproches ni le miracle ne changèrent rien chez l'empereur qui fit d'abord couper la tête à sa femme Faustine (23 novembre) puis à son général Porphyre. (24 novembre)

Maintenant que sa femme n'était plus là, il lui semblait qu'il n'y avait plus de difficulté à son mariage avec Catherine, elle pouvait devenir impératrice. Mais Catherine ne l'entendait pas ainsi, elle devint méprisante et dit à l'empereur qu'il était indigne de la vie dont il jouissait.

Il s'écria "Oh ! que je suis malheureux !" De rage, il lui fit couper la tête.

Pendant qu'on la conduisait au supplice, Catherine implora Dieu afin que si des vierges l'implorent, elles soient protégées à jamais. Tout le monde pleurait, sauf Catherine qui exultait de joie.

Lorsque sa tête fut tranchée, de son corps, il coula du lait à la place du sang.

La Légende Dorée raconte qu'un moine de Rouen alla au Sinaï. Il resta sept ans au service de Sainte Catherine. (Il existe une monastère de Sainte Catherine au Sinaï) Avant de rentrer à Rouen, il alla auprès du tombeau et supplia Sainte Catherine de lui laisser une parcelle de son corps. Un doigt de la main tomba du corps. Il le ramena à son monastère.

Catherine est aussi patronne de l'éloquence.

La forme de la roue de son supplice est probablement l’origine des chapeaux pour les catherinettes qui ne sont pas mariées à l’âge de 25 ans.

Voir Sainte Catherine


26 novembre

- A la sainte Delphine, mets ton, manteau à pèlerine.

Sainte Delphine. (1283-1323 à Signe, près de Apt)

Delphine Vient du Grec delfis qui signifie "Dauphin"

Elle était fille de Guillaume de Signe, seigneur de Puimichel. Sa mère était Delphine de Barras.

Elle perdit ses deux parents à l'âge de sept ans, en 1291.

Sa tante, Cécile du Puget était abbesse du monastère de Sorbs (près de Riez) et prit Delphine en charge après le décès de ses parents.

Elle était si belle qu'elle fut remarquée par Charles II, roi de Naples et comte de Provence qui voulut la fiancer à Elzéar de Sabran.

Mais Delphine n'en voulait pas ! Pourtant, sous la pression de la famille, elle finit par accepter de l'épouser. Ils se marièrent en 1299.

Mais le soir de ses noces, Delphine arriva à convaincre son mari de vivre dans la continence. Ils vécurent comme frère et soeur, dans la prière, les jeûnes et la mortification.

Elzéar fut appelé en Italie et y resta quatre ans puis vint rechercher sa femme afin d'aller vivre à Naples. Puis, vers 1321, il revint à Avignon avec sa femme. Appelé à Paris pour une négociation, il y mourut en 1325. Delphine lui survécut trente cinq ans. Elle se retira à Cabrières, près d'Ansouis.

Peu après, elle retourna à Naples pour y devenir une mendiante qui parcourait la Sicile et l'Italie, vivant de ce qu'on lui donnait. Arrivée en Provence, elle vendit tous les biens qui lui restaient et en fit don à de pauvres filles qui cherchaient de l'argent pour se marier. Enfin, elle se retira de nouveau à Cabrières dans une maison presqu'en ruine. Mais son beau-frère, Guillaume de Sabran l'obligea à accepter une chambre dans son château d'Apt.

Elle y passa le reste de sa vie vêtue d'une robe de bure, ceinte d'une corde, et voilée. Elle couchait sur la paille et restait dans un silence absolu. Elle agitait une clochette pour demander qu'on lui apporte à manger.

Elle y mourut le 26 novembre 1360, à l'âge de 76 ans.

Ses restes sont dans la cathédrale d'Apt, à côté de ceux de son mari saint Elzéar (fêté au 27 septembre)


27 novembre

- A la saint Séverin chauffe tes reins

Saint Séverin ermite.

Il vécut à l'emplacement de l'actuelle église Saint Séverin, à Paris. (VIème s.)

Un autre saint Séverin (ou Seurin) est fêté le 23 octobre. On l'invoque contre la sécheresse. Il fut évêque de Cologne puis de Bordeaux au Ve siècle. Le 23 octobre correspond à la deuxième invasion polaire de la saison froide (statistiquement). Il n'est donc pas certain que le dicton cité à ce jour corresponde exactement au 27 novembre mais plutôt au 23 octobre.

Saint Jacques l'intercis (le haché)

Jacques était Persan. Il habitait à Beth-Lapeta ou Épale. Il faisait même partie du gratin et avait toutes les faveurs du roi Isdebergè. Il avait été élevé chrétien, pourtant, de par son admiration pour le roi, il s'était mis à sacrifier aux idoles. Mais sa mère et sa femme en étaient désolées. Elle lui écrivirent une lettre en lui disant que s'il continuait comme ça, elle ne lui parleraient plus et le considéreraient comme un étranger.

Jacques en fut très ému et ça le rendit taciturne. Il s'éloigna de la cour et s'isola. Isdebergè étant mort, Vararanès lui succéda.

S'apercevant du changement de Jacques, il le convoqua. Jacques lui avoua qu'il était redevenu chrétien. Vararanès en colère lui promit que s'il ne changeait pas, on le couperait en morceau.

Comme il refusait de changer en disant qu'il n'avait pas peur des menaces, on le mit sur un chevalet et le bourreau lui coupa le pouce de la main droite. il s'écria : "Jésus de Nazareth, mon libérateur, recevez ce rameau de l'arbre de votre miséricorde; car celui qui cultive la vigne en coupe le sarment, afin qu'elle pousse de plus beaux jets et qu'elle produise avec plus d'abondance." (LD)

Autour, tout le monde pleurait. Le bourreau lui-même exhortait Jacques afin qu'il obéisse et qu'on ne soit pas obligé de continuer le supplice. Mais Jacques continua sur la comparaison avec la vigne et les sarments."N'as-tu pas vu un cep de vigne ? Quand on coupe les sarments, le noeud qui reste produit de nouvelles branches."

Alors le bourreau lui coupa le second doigt.

Jacques dit "recevez, Seigneur, ces deux rameaux que vous avez plantés."

Le juge aussi se mit à pleurer. Quand on coupa le troisième doigt, Jacques dit "O Seigneur, mon coeur est réjoui, recevez cette troisième branche." Et ainsi de suite, chaque fois qu'on lui coupait un doigt, il rendait grâce au Seigneur en lui demandant d'accepter les branches.

Les bourreaux passèrent à la main gauche. Tout le monde l'implorait pour qu'il accepte de sacrifier afin de se garder en vie.

Mais rien n'y fit. Il dit "Vous ne savez pas que celui là n'est pas digne de Dieu, qui, après avoir mis la main à la charrue, regarde en arrière !" (PB-Luc IX)

Les bourreaux lui coupèrent successivement les doigts des deux mains, puis ceux des deux pieds. A chaque morceau qui partait, il l'offrait à Dieu en rendant grâce. Il dit aux bourreaux "maintenant qu'il n'y a plus de branches, abattez aussi le tronc." Puis il lui coupèrent le pied gauche, le pied droit, les mains, les bras, les jambes, les cuisses.

Les bourreaux étaient épuisés car ils étaient à l'ouvrage depuis la première heure jusqu'à la neuvième.

Son tronc vivait encore et il continuait à bénir le Seigneur. Il dit "Pardonnez-moi, Seigneur, je n'ai plus ni bras ni mains pour les tendre vers vous. Je n'ai plus de jambes pour m'agenouiller. Je suis comme une maison qui a perdu ses colonnes et qui va s'écrouler."

Enfin, on lui trancha la tête. Les chrétiens ramassèrent tous les morceaux et les mirent dans une urne qu'ils enterrèrent en un lieu secret.

On le représente avec une hache.


28 novembre

Saint Jacques de la Marche

Né un dimanche de 1391 dans la Marche d'Ancone, il reçut le nom de Dominique en raison du dimanche de sa naissance.

Il fit ses études de droit civil à l'université de Pérouse puis il devint précepteur des enfants d'une famille de Pérouse.

Il suivit cette famille à Florence puis se retira avec le nom de Jacques au couvent franciscain de sainte Marie des Anges à Assise. Il avait 21 ans.

Il ne dormait que trois heures par nuit et ne mangeait jamais de viande. L'ascèse mina sa santé. Il se vit atteint de quatorze différentes maladies, toutes très-douloureuses, comme la pierre, la goutte, le mal d'estomac .

Mais il voulait surtout prêcher. Il alla en pèlerinage à Notre-Dame de Lorette. La Vierge lui apparut en lui promettant que son souhait serait exaucé. En 1426 il reçut la licence pour prêcher.

Puis il voyagea dans l'Europe de l'est, d'abord à Prague où l'on tenta de l'empoisonner puis en Bosnie. En 1436 il fut nommé inquisiteur en Hongrie et en Autriche. Revenu en Italie en 1440, il demanda à partir pour l'Orient. Il tomba malade à Chypre et revint en Italie.

Sa vie fut faite de voyages successifs pendant lesquels il prêchait sans relâche tout en menant une vie ascétique. Au long de ses voyages, il se fit beaucoup d'ennemis et fut l'objet de plusieurs tentatives d'empoisonnement de même qu'il fut agressé physiquement bien souvent. Il parlait de ses ennemis "qui le déchirent comme des chiens..." D'autre part, les gens le prenaient et le suivaient comme un oracle. Cela suscitait de la jalousie chez d'autres religieux qui menacèrent de le faire paraître devant le tribunal de l'inquisition.

Il voyageait toujours en âne ou en cacolet - petit siège double à dossier, placé de part et d'autre sur une mule.

Il fut un ardent disciple de saint Bernardin de Sienne.

Vers la fin de sa vie, le roi de Naples, Ferdinand voulut qu'il vienne dans son royaume. Jacques s'y transporta et vécut au couvent de l'observance.

Vers la soixantaine, après une vie tumultueuse, les souffrances s'intensifièrent. De plus, il n'arrivait pas à dormir. Ses dents étaient toutes tombées. Un flux de sang le rendit étique. Une colique le faisait horriblement souffrir et la soif le tenaillait. A la dernière extrémité, il finit par boire et resta un quart d'heure à se tordre de douleur, en appelant Jésus à son secours, puis il mourut. (à Naples le 28 novembre 1476)

Il laissa un traité contre les Fraticelles (ou Frérots). Il avait lutté contre eux toute sa vie.

Les Fraticelli, formèrent une branche dissidente des Franciscains. Il s'apparentèrent au Béguins en France et aux Beggars d'Allemagne. Il enseignaient qu'il fallait distinguer entre l'Église extérieure, dirigée par le Pape et les évêques qui amassent des biens pour en profiter et celle des pauvres qui n'a que Jésus-Christ pour chef et les Frérots pour membres. Il n'y avait de sacrements qu'au sein de leur église.

A l'origine, une simple communauté Franciscaine de moines dissidents, les Fraticelli grossirent amplement mais s'adjoignirent une bande de brigands. Il assaillirent des monastères et pillèrent des voyageurs. Le schisme fut coupé de ses racines franciscaines et se fondit dans plusieurs petites sectes qui finirent par disparaître.

Par. 14. "La première erreur donc qui sort de leur officine remplie de ténèbres invente deux Églises, l'une charnelle, écrasée par les richesses, débordant de richesses et souillée de méfaits, et sur laquelle règnent, disent- ils, le pontife romain et les autres prélats inférieurs ; l'autre spirituelle, pure de par sa frugalité, ornée de vertus, ceinte par la pauvreté, dans laquelle ils se trouvent seuls avec leurs pareils, et à laquelle ils président également eux-mêmes de par le mérite d'une vie spirituelle, si du moins l'on peut faire crédit à leurs mensonges."

JEAN XXII : (1316-1334) Constitution " Gloriosam Ecclesiam ", 23 janvier 1318.

Voir Saint Jacques de la Marche

Saint Sosthène. (celui dont la force est préservée)

Disciple de l'apôtre saint Paul. (Cf Corinthiens)


29 novembre

Saint Saturnin

(ou Sernin, ou Savournin) dont le nom évoque Saturne et sa mélancolie, fut traîné par un taureau furieux, attaché par des cordes, à Toulouse au 1er siècle. Une basilique y porte son nom car il en fut le premier évêque.

La planète Saturne est associé au plomb parce qu'elle se traîne longuement dans sa révolution céleste. Pour cela, elle était considérée comme la planète la plus lourde du système solaire. Le saturnisme est la maladie provoqué par l'ingestion de plomb.


30 novembre

- Quand l'hiver n'est pas pressé, il arrive à la saint André.

- A la saint André, la perche sous l'olivier. (Languedoc)

- A la saint André, la terre retournée, le blé semé, il peut neiger.

- Neige de Saint André peut 100 jours durer.

- Pour que tout marche à votre gré, jeûnez à la saint André (allusion à la période de l'Avent qui fut jadis un carême)

Saint André

André est patron des porteurs d'eau et des poissonniers. Il est invoqué contre la coqueluche des enfants. La croix de saint André vient du fait qu'il a été crucifié sur une croix en X. On l'invoque contre la stérilité des femmes.

La croix de Saint André est semblable aux rais d'une roue. Elle est associée avec la roue de Sainte Catherine qui fut torturée au 25 novembre. Cet ensemble marque le début de l'Avent (ce qui advient). La roue est celle du temps qui passe et qui devient.

Symbole du temps l'année qui "tourne" et amorce la ligne droite vers le soleil nouveau du solstice, à Noël, là où le tournant de l'année sera marqué par "Sol Invictus" ("soleil invaincu" chez les Romains) qui se retournera vers l'année nouvelle.

Autrefois, à l'heure des vêpres, le plus jeune enfant de la maisonnée était chargé d'apporter sur la table, un verre d'eau plein à ras bord. S'il débordait en l'amenant, l'année serait humide, s'il ne débordait pas, l'année serait sèche.

Dans la région de Liège, des jeunes filles faisaient un cercle autour d'une oie blanche. La première que touchait l'oie se marierait bientôt (cité dans "dictons de la pluie et du beau temps éd. Belin)

On ne sait pas grand chose sur Saint André. Il avait le teint basané, une grosse barbe et il était petit, dit-on. Frère de Saint Pierre, il était né à Bethsaïde, en Galilée. (tribu de Nephtali) Comme Pierre, il était pêcheur. Un jour qu'ils pêchaient dans le lac de Génésareth, Jésus, passant par là, entra dans la barque de Pierre et d'André. Après une pêche extraordinaire, il leur dit "venez avec moi, je vous ferai pêcheurs d'hommes".

En fait, 12 pêcheurs suivirent Jésus. De quoi faire une année complète avec ses 12 mois solaires. A moins qu'à eux 13, ils ne forment une année lunaire avec Jésus au milieu. C'est du calcul élémentaire.

Il paraît qu'André avait déjà pris contact avec Jean-Baptiste qui l'avait bien préparé par ses prédications.

Quand les apôtres se partagèrent le monde. André alla prêcher en Scythie (Nord Turquie actuelle qui était habitée par les Scythes) alors que Matthieu alla prêcher en Myrmidonie (Éthiopie) où les gens, entendant ce qu'il racontait, lui arrachèrent les yeux et le mirent aux fers en attendant de le tuer. Un ange du Seigneur apparut à André et lui commanda d'aller au secours de Matthieu.

Quand André arriva dans la ville où se trouvait Matthieu, il trouva la porte de la prison ouverte et, quand il le vit dans un tel état, il se mit à pleurer si longuement que Matthieu recouvrit la vue et put s'évader. Mais les gens n'étaient pas contents de cette évasion. Ils se saisirent d'André et le torturèrent. André se mit alors en prière et les gens se convertirent. Ainsi, il put partir tranquillement vers l'Achaïe.

Arrivé en Grèce, un jeune homme nommé Abdias s'attacha à André et alla vivre avec lui dans la même maison, à Patras. Les parents du jeune homme n'étaient pas contents. Il mirent le feu à la maison d'André. Mais Abdias prit un vase et versa de l'eau sur le feu qui s'éteignit. Les parents se dirent que leur fils était devenu un grand magicien. Ils montèrent alors sur des échelles pour envahir la maison mais Dieu les aveugla au point qu'ils ne voyaient même pas André ni Abdias. Quelqu'un qui était là leur conseilla de descendre avant que la colère de Dieu ne leur tombe dessus. Ils redescendirent, rentrèrent chez eux, moururent et furent enterrés cinquante jours plus tard. (LD)

Un jour qu'il voyageait à Nicée (Iznik, Turquie actuelle) on lui dit que sept démons tuaient les passants sur un chemin, près de la ville. André les fit venir sous la forme de sept chiens puis leur commanda de ne plus jamais remettre les pattes ici. Ils disparurent. André continuant son voyage arriva dans une autre ville où l'on enterrait un jeune homme. On lui dit que sept chiens étaient venus et l'avaient fait mourir dans son lit. André se mit à pleurer longuement, pensant aux sept chiens d'Iznik, et finit par ressusciter le jeune homme qui, alors, s'attacha à lui.

Revenu en Achaïe, André convertit beaucoup de monde. Il convertit même la femme d'Égée le proconsul.

Egée n'était pas content du tout. Il était impensable que sa femme soit membre d'une secte aussi superstitieuse.

Il fit comparaître André. Le grand argument d'Égée était que la secte des chrétiens honorait un soi-disant Dieu qui s'était fait mettre en croix à force de raconter des bêtises. André lui tint un long discours sur le mystère de la croix et de la souffrance. "Oh croix ! Bonne croix, que j'ai aimée avec sollicitude, que j'ai longtemps désirée, sans relâche, qui a reçu gloire et beauté des membres de mon maître" etc. etc. (vous le retrouverez dans la Légende Dorée, si ça vous intéresse)

A force d'entendre parler de la croix, Egée pensa que si André continuait comme ça, il le ferait mettre en croix !

C'est ce qui arriva.

Bien sûr, on mit André en croix. Egée insista pour qu'on ne l'y cloue pas mais qu'on l'attache avec des cordes afin que son sang ne coule pas. Il y resta deux jours. Comme la foule menaçait Egée à cause de sa décision de faire périr un saint doux comme ça, le proconsul vint pour le délivrer. Mais André protesta qu'il voulait rester sur la croix. De toutes façons, ceux qui s'approchaient pour lui enlever les cordes devenaient paralysés. Pendant son séjour sur la croix, il prêcha tellement qu'il convertit vingt mille personnes.

A un moment donné, il fut entouré d'une lumière si vive que plus personne ne pouvait le regarder. C'est là qu'il rendit l'esprit. Le 30 novembre 62.

Maximilia, femme de sénateur (ou peut-être la femme d'Égée) détacha le corps de la croix, l'embauma et l'enterra. Egée se mit en colère mais il fut saisi par un démon furieux qui l'emmena sur la place publique et l'y étrangla.

Stratocle, son frère, qui était chrétien, ne voulut même pas hériter des biens d'Égée. Il le fit enterrer là où l'on mettait les mort-nés.

Et tout Patras se convertit.

Il a été crucifié la tête en bas sur une croix en X appelée croix de saint André ou croix de Bourgogne. C'est la croix "decussata" (croisée) des alphabets que l'on trace sur le sol lors de la consécration d'une église. Jusqu'à 1310 (ppBé) on le représentait sur une croix ordinaire. Cependant, il y a, à l'église Saint Paul-hors-les-murs, à Rome, un Saint André pendu à un bois fourchu.

Godefroid de Bouillon avait pour cri de guerre : "Saint André de Patras". La Bourgogne se mit sous le patronage de saint André sous prétexte que les Bourguignons seraient d'anciens Scythes. Le cris de guerre des bourguignons était : "Notre-Dame Bourgogne ! Montjoie Saint André !" (PB)

Saint Grégoire de Tours, dans son livre sur "la gloire des martyrs" raconte que tous les ans, au jour de sa mort, il coulait une liqueur de son sépulcre qui, selon qu'elle était plus ou moins abondante, marquait la fertilité ou la stérilité de l'année suivante.

Saint André est un des patrons des pêcheurs et des poissonniers, de Bordeaux, d'Agde, d'Orange, de la Bourgogne, du Brabant.

On l'invoque contre la stérilité des femmes.