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Les saints de glace

« Saint Mamert, saint Servais, saint Pancrace, voilà les trois saints de glace. »

Les « saints de glace » désignent une période de refroidissement de 3 jours qui, théoriquement, se situent du 11 au 13 mai.
Ce sont les derniers sursauts de l’hiver après lesquels on pourra planter sans risquer le gel. Ils font suite à la période des cavaliers opérant du 23 avril au 3 mai.

Ces trois jours de refroidissement font pendant aux trois jours de réchauffement appelés « Été de la saint Martin » qui se situent aux environs du 11 novembre, jour de la saint Martin, l’ours. Les deux phénomènes sont à six mois de distance, – donc une moitié d’année – ils déterminent la période des moissons. En mai, fin du printemps, en novembre, début de l’hiver.
Les deux extrémités de cette période sont repérées en mai par le lever de la constellation des « Pléiades » et en novembre par son coucher.
Les Pléiades sont un amas de six à neufs étoiles bien visibles dans le ciel à la droite de la constellation du Taureau et de celle d’Orion.
Allemands, Anglais, Hébreux ou Aztèques l’ont appelé la « poussinière » ou encore la « grappe de raisin ».
Le nom de Pléiade vient du Grec qui signifie « faire voile ». On les appelle les « 7 sœurs », filles d’Atlas et de Pleionè.
Les japonais l ‘appellent « Subaru ».

Les Pléiades ont été repérées, dans le monde entier, depuis la nuit des temps. Elles ont toujours fait l’objet de croyances liées aux mouvements de la terre ainsi que de références pour les cultivateurs.

Dans notre calendrier grégorien, elles correspondent à trois fêtes de saints : Saint Mamert le 11, Saint Pancrace le 12, Saint Servais le 13.

Voici quelques mots sur leur histoire  et leurs hauts faits :

« Les trois saints au sang de navet, Pancrace, Mamert et Servais, sont bien nommés les Saints de Glace, Mamert, Servais et Pancrace. »

« Les saints Servais, Pancrace et Mamert, à eux trois font un petit hiver. »

« Au printemps ramènent l'hiver, Pancrace, Servais et Mamert. »

Saint Mamert. (5ème siècle) Premier saint de glace ou de neige.
Appelé aussi quelquefois saint Criard. On l'invoquait pour guérir des coliques hépatiques qui favorisaient les cris de douleur.
On sait peu de choses sur saint Mamert, à part qu'il remit en valeur le rituel des Rogations.
Autrefois, la ville de Vienne (France) était souvent soumise à des tremblements de terre, à des incendies et des invasions de bêtes sauvages. Une nuit de Pâques, un incendie ravagea un édifice public. Mamert arrêta l'incendie avec ses larmes. C'est là qu'il conçut de réinstaurer les Rogations.

Les Rogations

Les Rogations sont un rituel processionnel créé par Saint Mamert, évêque de Vienne. Elles proviennent sans doute de rituels bien plus anciens.
Elles sont restées vivaces depuis le VIIIème siècle et sont tombées en désuétudes depuis peu.
Il s'agit d'un rituel essentiellement agraire qui dure trois jours. Des processions vont d'une église à l'autre et parcourent les campagnes en bénissant les terres. Chaque jour est consacré à la protection d'une récolte différente. On observe le temps de chaque jour, ce qui permet de prévoir le temps qu'il fera à la récolte.

« Avant les Rogations, on ne doit pas quitter sa toison. »

Saint Pancrace ou Crampace. (Toute force ou Toute-puissance) deuxième Saint de glace.

Il est invoqué dans certaines régions sous les noms de : Pancré, Plancard, Planchais, Plancher, Brancard, Braillard etc.
Il est invoqué pour les crampes d'estomac et pour les engelures. Mais on l'invoque aussi pour guérir les enfants qui pleurent tout le temps. Il guérit aussi les boiteries et les rhumatismes.
Venu de Phrygie, avec son tuteur Denis, il arriva à Rome au 4ème siècle. Ayant vexé l'empereur, celui-ci lui fit couper la tête. Il avait 14 ans. Son attribut est l'épée.
Il a des reliques un peu partout, à croire que si on les rassemblait, on pourrait faire une dizaine de Pancrace.
Autrefois, ceux qui allaient faire un serment sur son tombeau, à Rome dans l'église qui lui est dédiée, tombaient morts s'ils ne disaient pas la vérité.

Saint Servais, évêque de Tongres.

« Avant la Saint Servais point d'été, après la Saint Servais plus de gelées. »

Troisième saint de glace ou de neige.
On dit qu'il serait né sur les frontières de la Perse de la famille de sainte Anne et qu'il fut amené à Tongres par un ange. Il ne parlait que le persan et pourtant, tout le monde le comprenait.
Pour manger, il ne prenait que des hosties.
Lorsqu'il dormait, un aigle venait lui couvrir le visage avec une aile et l'éventer avec l'autre.
Il aurait participé à plusieurs conciles.

Un jour, en revenant de Rome, il fut arrêté par des Huns qui le jetèrent dans une basse fosse. Mais une grande lumière apparut et les geôliers, impressionnés, le délivrèrent.
Saint Pierre lui apparut et lui révéla que la ville de Tongres serait envahie par les Huns.
Quand il arriva à Tongres dont il fut l'évêque, Il avertit la population du futur désastre puis, emportant avec lui des reliques, il partit vers Maestricht où il mourut.
Quelques temps plus tard, la prédiction s'accomplit et Tongres fut détruit.

Lorsque la neige tombait, elle entourait son tombeau mais ne se posait pas sur lui.

On l'invoque contre le mal de jambes (même pour les animaux), contre les rats et les souris ou pour la bonne réussite des entreprises.