(étrangère)
4 décembre
Barbe à son papa
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es pompiers sont heureux, ils font la fête, aujourd'hui, c'est la sainte Barbe.
De
préférence ils ne font pas ça à "la sainte
Barbe" car ça pourrait exploser. La sainte Barbe étant ce
lieu, dans les bateaux, où l'on mettait les armes et la poudre.
L'Eglise,
a supprimé sainte Barbe du calendrier au profit de je ne sais quelle
Barbara. Mais c'est le même nom. Notre Barbara nationale
était-elle une sainte ?
Aujourd'hui,
vous planterez, avec vos enfants, le blé de la Sainte Barbe, dans une
assiette avec du coton humide ou de la terre. Ainsi, à 21 jours de
Noël, vous ritualiserez le fait que la terre est en train de
préparer la germination du renouveau proche.
Ca
brûle sous nos pieds, ça bouge, ça métamorphose
alchimiquement. Ce sera bientôt saint Nicolas ! puis le solstice.
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'histoire
de Barbe est une belle histoire incestueuse.
Contrairement
à ce que son nom indique, Barbe ne nous est pas étrangère.
Elle est fêtée constamment depuis l'an mille.
On
dit qu'elle était née en Toscane mais d'autres disent qu'elle
était d'Hiéliopolis (Baalbek) ou encore de Nicomédie. Il
se pourrait, d'ailleurs, qu'elle vienne du pays qui n'existe pas, ce qui est
beaucoup plus intéressant.
Son
père s'appelait Dioscore, était polythéiste, païen,
et adorait les idoles. Sa fille étant devenue adolescente, elle
était si belle qu'il voulut se la garder pour lui tout seul.
Il
fit construire un splendide château-forteresse, avec des jardins
merveilleux dans lesquels on trouvait nombre de statues d'idoles. Tout
ça était entouré de fortes murailles. Il plaça
Barbe dans la tour du milieu en espérant la voir succomber aux cultes polythéistes.
Beaucoup
de pères sont comme ça. Que leur fille jette quelques clins
d'oeil sur des jeunes gens de passage, ça va encore, mais qu'elle se
vouent à un autre père qui exige l'exclusivité, ça
ne va plus.
Dans
sa forteresse, Barbe faisait des études sérieuses. Petit à
petit, à la suite de ses profondes réflexions, elle se rendit
compte de la vanité de tous ces petits dieux qui virevoltaient ci et
là en vous chatouillant de partout. Un seul seigneur, non seulement
ça fait plus sérieux. Et puis, c'est beaucoup plus grand et
surtout plus loin, derrière les étoiles, et ça ne se
trompe pas.
Un
jour où était dans le jardin avec son papa, elle lui demanda ce
que signifiait toutes ces images. Le père lui répondit "ce
sont nos dieux, ma fille"
Barbe resta circonspecte.
Comme
elle désirait ardemment être baptisée, elle se prosterna un
jour, en prière, dans un des appartements du rez de chaussée de
sa forteresse. Elle s'écria tout à coup : "O Dieu qui
avez fait jaillir l'eau dans le désert, par Moïse, ouvrez ici la
fontaine dans laquelle je puisse trouver le baptême." Au même instant jaillit une source
d'eau vive qui se divisa en quatre parties et en forme de croix. Saint
Jean-Baptiste apparut et baptisa Barbe. Puis, dès que Jean Baptiste fut
parti, Jésus lui apparut sous la forme d'un jeune homme d'une
éclatante beauté. Il remit à Barbe une palme et un anneau
d'or en lui disant "je suis venu de la part de mon père vous
prendre pour épouse."
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faut dire qu'au dehors, il y avait pas mal de jeunes gens qui tournaient
souvent leurs yeux vers le château en fantasmant sur la belle Barbe qui
ne se montrait peu. Beaucoup la demandèrent en mariage. Mais Barbe
refusait et disait à son père qu'elle désirait avant tout
vivre avec lui pour devenir son bâton de vieillesse. Dioscore en
était ému jusqu'aux larmes et promit de lui rendre sont
séjour encore plus agréable.
Mais
derrière tout ça, vous savez bien qu'elle pensait à autre
chose.
Et
dehors, ça insistait et ça finit par gagner le père qui
proposa à Barbe d'épouser un bon parti.
Comme
elle refusait toujours, il pensa qu'un voyage et une absence de sa part
arrangeraient les choses.
Avant
de partir, il lui fit construire une somptueuse salle de bains dans sa tour.
Pendant
l'absence du père, Jésus lui apparut sous la forme d'un enfant
ravissant et qui, l'instant d'après, fut tout couvert de sang et de
blessures. Ca la rendit triste et augmenta en elle son amour pour
Jésus-Christ.
Armée
d'une force extraordinaire, elle abattit alors toutes les statues qu'avait fait
ériger sont père. Dans sa salle de bains où il n'y avait
que deux fenêtres, elle en fit ajouter une troisième afin de
symboliser la Sainte Trinité. Puis, elle y fit graver des croix partout.
Elle-même, de sa petite main fragile, elle traça la signe de la
croix avec son doigt et la pierre s'amollit pour en garder la trace. Elle fit
de même avec ses pieds sur le pavé.
Son
père revint et lui reposa la question du parti à prendre pour son
mariage. Devant son refus, il cacha sa colère, mais elle éclata
quand il s'aperçut du carnage et des statues brisées,
remplacées par des croix.
Il
demanda des explications à Barbe. Elle lui tint tout un discours sur les
avantages du monothéisme et sur les inconvénients du
polythéisme, ainsi que sur la réalité de la Sainte
Trinité qui, comme dans sa salle de bain amenait la même
lumière par trois fenêtres différentes.
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père comprit que Barbe était chrétienne et il tomba en
dépression. Il pleura, supplia etc. etc. et tout ça fit germer en
lui une violence sans borne. Il saisit alors son épée et voulut
transpercer Barbe. Elle brûlait du désir de se voir
transpercée par cette épée mais aussi craignait-elle que
son père ne soit souillé par un crime aussi odieux. Elle demanda
à Dieu de lui venir au secours.
Elle
s’enfuit de la maison. Comme son père essayait de la rattraper, un
rocher s'ouvrit pour la laisser entrer puis se remit dans sa position
première, empêchant ainsi le père de passer. Elle fut alors
transportée par un vent impétueux qui l'amena dans une grotte
cachée par des buissons où elle se cacha pendant quelques temps.
Mais
le père, devenu féroce, cherchait partout jusqu'à
l'épuisement. Il finit par apercevoir deux bergers qui lui indiquèrent
où ils avaient vu une jeune fille qui se terrait. Barbe, l'entendant
venir, sortit courageusement de sa caverne et marcha devant lui pour se jeter
à ses genoux. Le père l'accabla de coups, lui donna des coups de
pieds, la traîna par les cheveux à travers les rochers et les
épines et la ramena à la maison où il la jeta dans un
sombre cachot.
Elle
y resta trois jours en l'honneur de la sainte Trinité.
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ioscore
alla trouver le préfet Marcien en lui racontant que sa fille
était chrétienne. Barbe fut convoquée devant le
gouverneur. Mais celui-ci, impressionné par sa beauté, se
radoucit fit des reproche au père à cause de sa dureté.
Puis il entreprit Barbe sur les avantages du polythéisme et sur les
inconvénients du monothéisme.
Barbe
lui répondit en faisant un long discours sur les avantages du
monothéisme et sur les inconvénients du polythéisme, ainsi
que sur la réalité de la Sainte Trinité.
Marcien
en fut irrité d'autant plus que ses avances étaient
repoussées par cette petite prétentieuse. Il la fit
déshabiller et flageller cruellement. Puis il ordonna qu'on la
déchire avec des ongles de fer. Même les païens qui
assistaient au spectacle ne purent s'empêcher de pleurer.
Seule
Barbe était ravie et chantait les louanges du Seigneur.
Le
gouverneur qui était de plus en plus furieux la fit suspendre en l'air
par les pieds. On lui frappât la tête jusqu'à ce que le sang
s'écoule de toutes parts. Puis on mit une épaisse couche de sel
sur ses plaies et on la revêtit d'un habit de crin. Ainsi on la roula sur
des fragments de vases brisés. Puis on la jeta dans une prison sinistre.
Barbe
était toujours triomphante. Jésus lui apparut pour la
réconforter.
Le
lendemain, le gouverneur la fit à nouveau comparaître. Quelle ne
fut pas sa surprise de voir que Barbe était complètement
guérie de ses blessures. Elle apparaissait en pleine santé. Il
lui dit "vous voyez comme nos dieux polythéistes ont prit soin
de vous !" Barbe
rétorqua "Insensé que vous êtes ! c'est mon Dieu
monothéiste qui m'a guérie !"
Marcien hors de lui fit recommencer les tourments. Elle fut mise sur un chevalet et redéchirées avec des ongles de fer. Puis on la brûla avec des torches ardentes qu'on lui passa sur tout le corps. On fit de même avec des lames rougies au feu.
Le
gouverneur ne savait plus quoi inventer pour tourmenter la vierge. Il ordonna
qu'on lui arrache les mamelles avec des tenailles ardentes puis de la promener
nue dans la ville en frappant sans cesse sur ses plaies.
En
entendant ça, Barbe fut tout de même troublée. Le supplice,
passe encore, mais être montrée nue par toute la ville ça
dépassait les limites. Elle pensa tout de même qu'une fois les
mamelles arrachées, on ne la reconnaîtrait pas. Elle pria Dieu
pour que les regards impudiques des spectateurs n'atteignent pas sa
virginité. Elle fut exaucée. Non seulement elle fut
complètement guérie mais elle apparut comme vêtue d'une
longue robe qui éblouissait tout le monde.
Marcien
s'avouant vaincu l'injuriait en la traitant de magicienne. Il ordonna qu'on lui
coupe la tête. Barbe était au comble du ravissement. Elle allait
enfin rejoindre son céleste époux.
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on
père demanda à lui porter le coup fatal. Cela lui fut
accordé bien que les spectateurs en furent horrifiés.
Dioscore
conduisit alors sa fille sur une montagne voisine. Barbe n'opposait aucune
résistance et marchait d'un pas ferme et assuré en chantant.
Arrivés là-haut, beaucoup de spectateurs se convertirent. Mais le
père, aveuglé par sa haine, saisit sa hache et, d'un seul coup,
fit rouler la tête de sa fille qui avait tendrement tendu le cou.
Cela
se passa le 4 décembre 235.
Le
père, satisfait de son coup, descendait la montagne en traitant sa fille
de tous les noms. Mais un feu vint du ciel et le consuma à tel point
qu'il n'en resta que quelques cendres. Marcien subit le même
châtiment. C'est la raison pour laquelle, maîtresse du feu, Barbe
est aussi la patronne de ceux qui l'éteignent.
On
la représente avec une tour percée de trois fenêtres ou
ayant, à ses pieds, son père terrassé par la foudre.
On
l'invoque contre la foudre et la mort subite.
Elle est patronne de tous ceux que le métier expose à
la mort subite : artificiers, armuriers, pompiers, fondeurs, charpentiers et
maçons, mineurs.
De par son nom, elle est aussi patronne des brossiers, vergetiers,
chapeliers et de tous ceux qui s'occupent des poils.