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Site "Les amis du conte" vendredi 6, Août 1999 De willy bakeroot


Visite touristique à Briare.


Sympa les amis qui m'ont invité une journée dans le Loiret. Une ambiance champêtre très agréable une temps magnifique et la verdure abondante qui vous caresse.
Ils avaient retenu des places sur un bateau mouche, à Briare, pour une balade sur les canaux. La glace de midi était trop bonne et nous sommes parti quelques minutes en retard sur l'horaire prévu. A l'arrivé à Briare, trop tard, le bateau était parti. Tant pis, nous n'étions pas d'humeur à grogner. Nous avons cherché et trouvé, à la volée, un
autre bateau sur un autre canal. Celui-ci devait nous faire traverser le "pont canal", au-dessus de la Loire.
Intéressant ce canal qui surplombe une Loire libre et sauvage. Ensuite, nous avons "repassé" le canal puis nous nous sommes enfoncé dans la forêt verte, verte, verte...
Calme et reposant tous ça.

Mais il y avait un animateur dans le bateau ! Dans la cabine où étaient assis bien sagement tous les passagers. Un type qui avait l'air sympa, environ 30 ans, bien de sa personne, dynamique, chemise blanche et pantalon noir. Un peu trop à l'aise pour être vraiment à l'aise.
Ce pays est magnifique, plein de poésie, construit sur une vaste mémoire tant historique que mythologique. Or, notre présentateur avait l'air de sortir d'une boîte en plastique provenant d'une usine de retraitement de matériel scolaire usagé. Usine construite dans un pays sans histoire.
"Mesdames, Messieurs, nous allons traverser le pont canal, unique au monde. Qui en connaît la longueur ?"- "Vous madame, vous monsieur, et toi..." s'adressant à un enfant. On finit par savoir qu'il mesure 600 mètres et 69 centimètres. Passe encore ! "Attention, sa longueur change selon la saison !
Quelques centimètres de moins par temps froid et de plus par temps chaud."
Passionnant !
"Et savez-vous combien de rivets ont été utilisés pour le construire ? Vous Madame ?" - "10.000 !" - "Non, plus ! Vous Madame" ?" - "I'm English !" - Il court chercher une documentation en anglais. Puis il passe dans le groupe en obéissant à sa technique imparable pour mobiliser l'attention de tous.
Finalement, en montant le chiffre, une dame clame "5 millions !" - "Oui madame, vous avez gagné un porte-clef !" Il passe un porte-clef à la dame triomphante.
Puis ça continue sur un rythme effréné, agité, envahissant. Pas une respiration, un rythme sans repos, une mélodisation toujours identique, une suite d'informations techniques qui s'accumulent, aucune invitation à la poésie : du quantitatif ! Pas de place pour l'imagination des auditeurs, l'amoncellement de rivets fixateurs d'un mécano qui se contente de fonctionner sans problèmes.
Au bout de bien des minutes bien trop longues, il s'est enfin arrêté pour aller boire un coup. Il y avait de quoi. Ca n'a pas duré longtemps. "Mesdames messieurs, nous allons reprendre notre étude... ?" et rebelote.
On a eu un cours sur l'économie et la gestion financière des bateaux. Il a quand même avoué - toujours sur le mode dératé - que Gustave Eiffel était pour quelque chose dans la construction du pont canal et que c'était lui qui avait inventé le porte-jarretelle...

Heureusement, à l'arrière du bateau, une petite plate-forme à l'air libre permettait d'échapper à ce ronron abusif. On y voyait les canards à l'affût de ce que les passagers pouvaient leur jeter.
Tout à coup, apparition surréaliste sous un pont : Un Écossais ! En kilt vert avec dessus un énorme médaillon métallique. Il était planté mains aux hanches, les deux jambes écartées, sur le bord du canal, au milieu de la forêt. Il contemplait le bateau du haut de sa moustache blanche. Au retour il n'y était plus. Je me demande si je n'ai pas rêvé

Cet animateur-conteur à un certain talent. En travaillant un peu, et surtout en lisant des choses sur son pays, il devrait trouver un discours plus cohérent pour une ballade en bateau dans le beau pays de Briare. Il pourrait peut-être même arriver à faire rêver les gens. Ce serait bien, au fil de l'eau, de se laisser imprégner par l'imaginaire du Berri.
A la fin du voyage, il nous restait du temps et nous sommes allé au Musée de la sorcellerie à Concressault (18) près de Vailly. Ca nous a consolé du pensum précédent. Ici, de l'humour, du fantastique, de l'histoire - très érudite et sans prétention - des personnages en carton pâte doués de parole, des dragons fumants, des documents fort bien mis en valeur, des explications simples, de nombreux objets et gris-gris mystérieux, et aussi, de terrible reconstitutions de procès effroyables.
De quoi donner le goût d'aller plus loin dans la connaissance de la sorcellerie, et, pour certains, qui sait, dans la pratique ?
Les enfants y sont les bienvenus juste assez pour faire peur sans trop effrayer. Il y a des grottes dans lesquelles il peuvent se glisser au risque de se trouver nez-à-nez avec une sorcière. Un impair : une télé qui passe le Merlin de Walt Disney.
Tout ça dans un cadre enchanteur d'une très belle et grande maison-château à un kilomètre du centre de Concressault. Même en entrant dans le parc, on entend des lutins ricaner sous les feuilles. En plus, c'est pas cher. Et les patrons sont sympa. C'est eux qui ont tout fait à la force de leurs poignets et sans subventions.
Il manque peut-être un conteur qui, entre deux salles raconte une histoire horrible. Mais il y a des enregistrements forts bien réalisés.

Toutefois quand on est avec des amis qu'on aime bien, et que ces incursions ne durent pas trop longtemps, la dimension sacrée de l'amitié passe avant tout.

Si vous passez par là allez-y faire un tour.

Bonsoirs pas sorciers.