La mythologie
confond souvent l’oie et le cygne. Le terme “oie” vient
d’une racine indo-européenne AW, qui signifie “oiseau”.
Le latin “avis” a donné “avion”. Le latin “anser” a
donné “avica” puis “oue” (XIIe) Curieusement “oue” s’est
parfois transformé en “ours” (la rue aux ours, à Paris
s’appelait d’abord rue aux oues).
“Avis” a
aussi donné “auspices”.
Les
oies sont membres de l’ordre des ansériformes et de la famille
des anatidés
et sont sauvages ou domestiques et dotées d’un plumage gris.
Leur bec et leurs pattes sont jaunes ou roses.
Lorsqu’elles
migrent, elles se déplacent en V ou en ligne. Elles s’adaptent à tous
les modes de vie.
Le mâle
de l’oie est le jars qui a la réputation d’être
fidèle en amour. Aphrodite conseillait à ceux qui avaient
des problèmes de couple d’élever des oies.
Dans l’Empire
Romain, la légende veut qu’elles sauvèrent le Capitole
de l’invasion gauloise, en 390 avant J.C., leurs cris avait
donné l’alerte.
Némésis
(“l’équité” ou “la vengeance divine”),
fille de la nuit, fut aimée par Zeus mais voulut lui échapper
en se déguisant en castor puis en poisson, puis en oie. Zeus changeait
de forme à chaque fois. Il finit par se transformer en cygne et
s’unit à elle. Némésis pondit un oeuf qui fut
ramassé par des bergers et donné à Léda (“la
dame”, femme de Tyndare, roi de Sparte). De cet oeuf sortirent les
Dioscures, (Castor et Pollux) Hélène et Clytemnestre.
D’autres
disent que Némésis pondit deux oeufs. Du premier sortirent
Hélène (éclat du soleil) et Polydéicos (ou
Pollux, “très brillant”) et du second Clytemnestre (courtisée
honorablement) et Castor (éclatant).
Némésis
(qui, en Grèce, devint plus tard un concept philosophique) reçut
l’épithète d’adrasteia (à laquelle on
ne peut échapper). Elle était représentée décorée
de cerfs et tenant dans une main une branche de pommier et dans l’autre
une roue. La roue était à l’origine de l’année
solaire. Les Romains l’appelèrent Fortuna ou Vortumna (celle
qui fait tourner l’année) Elle portait un fouet à sa
ceinture afin de flageller les plantes et ainsi les féconder.
Le sens de “Némésis”, à la
fois temporel et inéluctable, ce à quoi on ne peut échapper,
peut être mis en relation avec le membre de l’oie qui prit
une importance singulière dans toute l’aire européenne
: sa patte.
Une sainte bergère
du Poitou, fêtée au 14 janvier, sainte Néomaye ou Néomoise,
ou Noémie (nouvelle lune) était recherchée par plusieurs
jeunes gens. Comme elle voulait leur échapper, elle demanda à Dieu
de lui envoyer une difformité. Elle fut exaucée et un de
ses pieds devint une patte d’oie. Les prétendants effrayés
par la patte s’enfuirent sans demander leur reste.
La patte d’oie
signe l’état de menstruation. Or, le tabou universel des règles établit
qu’aucun homme ne doit voir une femme dans cet état. La fille
poursuivie et sur le point d’être violée, montre sa
patte d’oie. Le violeur présumé est effrayé et
s’enfuit.
Le statut des
menstrues, que certaines femmes appellent quelquefois “les ourses”,
est de générer les cycles du temps. Elles sont un symbole
de pérennité et donc une espérance d’éternité.
La racine “men” a le sens de “mesure”... du temps.
(d’où “mensuration”)
On ne peut y échapper.
La patte d’oie
se réfère donc au réel sacré qui nous échappe
et nous effraye. Le pouvoir de la génération est intimement
lié au cycle menstruel et fait l’objet, en même temps,
de toutes les envies et de tous les effrois des humains. L’effroi
surgit d’ailleurs souvent devant une quelconque difformité corporelle
: boiteux, bègues, borgnes, bossus, roux, ont toujours un caractère “animal” et
donc divin. On leur prête des savoirs mystérieux. Il faut
s’en méfier.
C’est pourquoi
le statut des menstrues est identique à celui de la lèpre.
Autrefois, on obligeait les lépreux à porter une patte d’oie
jaune car ils étaient considérés comme impurs.
D’autres
version parlent de pied d’âne - On la fait passer aussi sur
un pont fait du bois de l’arbre de la connaissance du bien et du
mal. Comme elle prévoit que cet arbre servira pour la Croix, elle
refuse et passe la rivière en relevant sa robe. Salomon découvre
alors son infirmité.)
L’image
qui nous est la plus familière est bien sûr celle de la Vierge
Marie posée sur un quartier de lune avec un serpent qui lui entoure
les pieds au risque de la piquer et de faire couler le sang...cataménial.
Ouï-dire (Raymond Devos)
Il y a des verbes qui se conjuguent
très irrégulièrement.
Par exemple, le verbe ouïr
Le verbe ouïr, au présent, ça fait J'ois... j'ois...
Si au lieu de dire « j'entends », je dis « j'ois »,
les gens vont penser que ce que j'entends est joyeux alors que ce que
j'entends peut être particulièrement triste. II faudrait
préciser :
Dieu, que ce que j'ois est triste
!
J'ois... Tu ois... Tu ois mon
chien qui aboie le soir au fond des bois?
Il
oit... oyons-nous ? Vous oyez... Ils oient. C'est bête ! L'oie
oit.
Elle
oit, l'oie !
Ce
que nous oyons, l'oie l'oit-elle ?
Si au lieu de dire « l'oreille »,
on dit « l'ouïe », alors l'ouïe de l'oie a ouï.
Pour peu que l'oie appartienne à Louis
• L'ouïe de l'oie de
Louis a ouï.
• Ah
oui ? Et qu'a ouï l'ouïe
de l'oie de Louis ?
• Elle a ouï ce que
toute oie oit...
• Et
qu'oit toute oie ?
Toute oie oit, quand mon chien
aboie le soir au fond des bois, toute oie oit ouah ! ouah ! Qu'elle oit,
l'oie !
Au passé, ça fait
: J'ouïs... J'ouïs!
Il n'y a vraiment pas de quoi
!