Mythologiques

Soirée Hallow'een 2005

Sympa cette année, Hallow'een. Il y avait foule et c'est bien la première fois. Plus de dix groupes sont passés, plus ou moins déguisés. J'avais bien acheté des bonbons mais je n'en n'avais plus pour le dernier groupe. L'an dernier, il est tout juste passé deux groupes et je m'étais basé sur celà pour la quantité de bonbons.

Je voulais acheter aussi une citrouille mais je n'ai pas eu le temps et j'ai alors posé un cylindre diaphane sur la boîte aux lettres, avec une  bougie dedans. C'est fou ce qu'une bougie au milieu des buissons peu poétiser l'endroit.

Ceci dit, le défilé des groupes du rituel d'Hallow'een est un peu misérable. On sent qu'ils n'ont pas vraiment la permission et que leur démarche est seulement tolérée. Il est vrai que la tradition s'est perdue depuis fort longtemps.

Curieux comme l'occasion ritualiste est culpabilisée en France. Sauf là où la tradition l'exige depuis très longtemps.

Il est vrai que lorsqu'on entend parler d'Hallow'een à la télé, c'est pour dire qu'on a acheté seulement pour 34 millions d'euros de matériel dans le magasins de farces et attrapes contre 70 millions l'an dernier ???  Comme si le rituel dépendait du fric dépensé.

De plus, ils ont insisté pour dire qu'Hallow'een n'avait pas "pris" en France. Un écrivain qui se prenait pour les Français, affirmait que le peuple sentait bien qu'il s'agissait d'une fête artificielle et mercantile et "gore" ???
Comme si la fête de Noël n'était pas dix fois plus mercantile qu'Hallow'een !

En cette période où l'on commence à fêter ceux qui voyagent vers les pays infernaux, et cela jusqu'à Pâques prochain, je me demande pourquoi cette allergie devant la résurgence d'une fête qui dramatise - et donc symbolise - notre intimité nécessaire avec ceux qui nous ont quittés ? Curieux que les morts aient si mauvaise presse dans tout l'Occident ? Ce n'est pas le cas ailleurs. Serait-ce en raison de l'étymologie du nom "Occident" qui nous fait passer par "cadavre", ou en tous cas par "tomber"... raide ?

Les informations télévisées montraient un groupe catholique qui avait inventé la fête d'Hallow winds (ou quelque chose comme ça). Une dame interviewée précisait que, contrairement à Hallow'een, ils voulaient donner une réponse à la mort.
Bon ! On a les fantasmes qu'on peut ! et les croyances que l'on veut ! Tiens, ils se réveillent ?

Où sont donc les rituels de Toussaint, à part les dix minutes obligatoires au cimetiere pour y déposer furtivement des chrysanthèmes.
Et qui connaît encore la signification de ces fleurs d'or ?

Dans la mythologie populaire, la période qui tourne autour de la Toussaint (tous les saints) prend en compte la mort de la nature et celle des Hommes.

Période de réflexion et d'intériorisation s'il en est. Saint Martin l'ours, au 11 novembre, marquera la fin du lancement de cette période où l'essentiel se passera sous terre jusqu'à la déshibernation de l’ours au 2 février pour les anciens et la résurrection de Jésus à Pâques pour les Catholiques.

Le 11, Martin nous entraîne aux enfers (enterrement) d'où nous "reviendrons", en compagnie de toutes les âmes des morts pour aboutir à nôtre encielement. Cet encielement se passera à Carnaval, fête des morts s'il en est. Ou encore à Pâques pour les catholiques.

Hallow'een lance la période des revenants, Mesnie Hellequin et autres manifestations des âmes dont Carnaval en sera l'acmé. C'est une période carnavalesque. Le 11 novembre, les secrétaires allemandes coupent la cravate de leur patron.

Ce soir, à la fois ravi et chagriné, j'ai reçu douloureusement la pauvreté d'expression de ces groupes passants, à la recherche d'une ritualisation de la mort. De jolis costumes mais aucun chant, aucune danse. Avant de donner les cadeaux, je demandais un chant. Ô la gêne ! Un groupe a chanté en vitesse "au clair de la lune" comme s'il fallait liquider l'affaire afin de ne pas être ridicule. Si, un petit gars a chanté tout seul une chanson du genre comptine assez drôle.
Rien d'autre.

Des bouilles sympas et souriantes mais pas vraiment de détermination. Pas vraiment de ritualisation.

J'espère tout de même que l'année prochaine, il y aura au moins vingt groupes qui passeront, en ayant construit leurs costumes eux-mêmes et en ayant préparé quelques chants bien annoncés. Et que le succès de la fête des retrouvailles avec les morts sera inversement proportionnel à l'achat d'objets carnavalesques qu'on peut très bien fabriquer soi-même pour pas cher.

Bonsoirs psychopompes.

Willy Bakeroot