Musicothérapie active
MUSICOTHÉRAPIE ACTIVE
DONNÉES GÉNÉRALES
Cette forme de musicothérapie
est appelée active pour la différencier de celle dite
réceptive ou passive qui se base sur l'écoute de musiques
enregistrées.
La formation à la
musicothérapie active se donne, parallèlement à la
musicothérapie réceptive, à peu près dans toutes
les écoles qui, dispensent un enseignement sous le titre
général de MUSICOTHÉRAPIE.
En France, les lieux de formation
sont multiples : Paris, Montpellier, Metz, Nantes, Bordeaux, pour ne citer que
quelques villes où l'on peut la trouver.
La plupart du temps, la pratique de
la musicothérapie dite active se réfère à des
données très générales qui s'inscrivent dans le
système musical occidental. A la limite, elle ne se préoccupe pas
ou peu de la musique mais offre un simple support à la relation, surtout
avec des personnes mutiques ou avec les enfants.
Les références
théoriques sont multiples et assez vagues. Dans bien des cas, on y
trouve des références psychanalytiques.
Le plus souvent, il s'agit de
thérapeutes qui, sans prétention, ajoutent des protocoles
musicaux à leur pratique quotidienne parce qu'ils se sont rendu-compte
de l'intérêt des enfants pour l'activité rythmo-musicale ou
encore pour pallier à un déficit de langage.
La formation que nous proposons
offre un travail qui se singularise par son caractère et ses
références.
Elle est enseignée dans la
région parisienne à BUC-RESSOURCES, (78) ainsi que dans le
cadre du SNUP (Syndicat National d'Union des psychomotriciens) (75)
Elle présente des conceptions
qui n'ont pas grand chose à voir avec celles de l'enseignement musical
auquel nous sommes habitués sous nos latitudes.
Ce style de travail s'inspire,
à la suite des travaux de Carl Orff (musicien Bavarois), des procédés
utilisés dans les fonctionnements musicaux et les musicothérapies
des cultures traditionnelles de l'Afrique ou de l'Asie, procédés
que l'on pouvait trouver chez nous avant la fin de la Renaissance.
Ce style de fonctionnement n'est pas
sans poser bien des problèmes, à commencer par ceux que
créés par les différences entre les mentalités et
les logiques de pensées. En effet, le phénomène musical
n'est pas du tout considéré et Occident comme il peut
l'être dans une société africaine.
Mais il ne s'agit pas d'adopter,
à la lettre, telle ou telle conception rythmo-musicale africaine ou
asiatique, mais de s'en inspirer en transposant, dans notre pratique, les
procédés techniques utilisés par les traditionnels. Ils ne
sont pas liés à une culture donnée, mais semblent
universels. Pour ne prendre qu'un exemple : tous les peuples utilisent la
percussion. Si elle prend des formes différentes selon les cultures,
elle se fait, a peu près partout, avec des instruments faits de peaux
tendues ou encore des instruments creusés dans des arbres. De
même, la forme du rondo existe partout.
Mais ces procédés, ne
trouvent leur dimension que dans la mesure où ils sont utilisés
dans l'esprit qui les fonde. Ils ne font pas bon ménage avec le
star système ni avec le show business ni encore avec une
société du spectacle. Ils impliquent le groupe dans son ensemble
et prennent sens dans un climat convivial où règnent les valeurs
d'usages plutôt que les valeurs d'échanges. C'est qu'ils ne
fabriquent pas d'objet.
Les points communs de ces
musicothérapies traditionnelles peuvent se résumer en quelques
points :
1 - Elles donnent la primauté au groupe et sont
toujours réalisées en groupe. La musicothérapie active est
une affaire de groupe.
2 - Elles présentent un caractère global. La parole,
le mouvement corporel et le rythme musical y sont toujours étroitement
imbriqués. Cette imbrication est facilitée par l'utilisation
quasi permanente de la dramaturgie, de l'aspect rituel et
théâtral.
Les clivages que nous avons l'habitude
de faire suivant nos catégories culturelles n'y ont pas cours. La danse
ne se pense pas sans le rythme musical lui-même fortement imbriqué
avec le chant ou le récitatif.
3 - Elles présentent toujours un aspect de rituels.
4 - Elles font appel à la mémoire collective
et surtout à celle des mythes qui structurent la communauté.
5 - Elles ne travaillent pas sur
l'affect mais sur la logique des organisations temporelles et donc
rythmiques.
6 - La dramaturgie met en forme symbolique le temps
calendaire ainsi que les événements issus de la vie du groupe.
7 - Le caractère général de ces pratiques
est marqué par la combinatoire de plusieurs champs que, sous nos
latitudes, nous avons pris l'habitude de séparer. Dans notre
enseignement occidental, nous séparons la musique qui devient cours de
musique et de solfège, le corps, qui devient le sport et rarement la
danse, la parole qui devient l'écrit des cours de français ou de
littérature. C'est loin d'être le cas dans les
sociétés de style oral où la combinatoire relie le corps,
la parole et le rythme musical.
Le style de musicothérapie
que nous proposons s'inspire des traditionnels sans prendre part à aucun
système de croyance, sauf à celui de croire en ce qu'on fait.
STYLE DE TRAVAIL
Ce genre de travail très
pragmatique, et donc pratique, est abordé comme un outil à partir
duquel des processus thérapeutiques peuvent voir le jour. L'outil est
seconde le travail du thérapeute.
Il nous introduit à un
univers poétique. Dans cet univers poétique, toute une
série de processus verront le jour. On y puisera ce que l'on pourra
mettre en mots selon les nécessités et les possibilités du
moment.
Il ne s'agit pas de ce qu'on appelle
quelquefois un bain musical.
L'idée de bain musical
représente une image plus ou moins confuse et illimitée.
Or, le temps musical est
plutôt fait de limites, de défilés et de passages, avec des
naissances, des commencements et des fins, des vies et des morts. C'est un jeu
très castrateur au sens positif du terme.
L'ensemble des protocoles forme un
contexte riches de processus rythmo-musicaux : balancement, phrasé,
scansion, tempo, ictus, crescendo, diminuendo, forte, silence, syncope,
contre-temps, etc. en somme, tous les processus de rapport au temps que nous
éprouvons et que nous expérimentons depuis notre première
enfance.
Ils sont revivifiés avec leur
potentiel de mémoire et les plaisirs ou les déplaisirs, les peurs
ou les audaces qui y sont associés. Mais en dehors de leurs colorations
affectives, il sont déjà une mémoire fondamentale.
Les séances de
musicothérapie active sont des occasions successives de
défilés, de passages et de métamorphoses. Une
séance est un rituel de passage. Ces passages, s'ils sont positifs,
reconstruisent, enrichissent et consolident les potentiels de
créativité, au sens où en parle Winnicott.
En même temps, ils ouvrent
à la symbolisation et à une meilleure articulation avec le
groupe.
Willy BAKEROOT