Musicothérapie
active
IMPACT
DE LA PRISE EN CHARGE MUSICALE
SUR
DES PATIENTS DEFICITAIRES...
Intervention
au Congrès : “L’art et le soin”
Paris
7 et 8 février 2003
J’entends par impact la
résonance qu’une prise en charge de ce type de patient induit
comme questionnement. En effet, pour ces prises en charge, où il
n’y a pas de véritable relation en tout les cas pas comme on l’entend,
toute notre technique, notre savoir, nous paraît sans utilité. On
a souvent l’impression que les dés sont déjà
jetés, c’est-à-dire qu’il n’y a plus rien
à faire. Leur comportement nous renvoie tellement de folie, que nous
sommes désarçonnés. Nous sommes seuls avec quelque chose
qui n’est pas encore advenu : la mise en commun de deux histoires, celle
du patient et celle du thérapeute. Forcément cette position nous
laisse dans un brouillard épais qui ne peut se lever que par une remise
en cause constante qui induit des positions à chaque fois
renouvelées, principe fondamental essentiel à toute relation.
Ceci est la présentation d’une
expérience de quelques années auprès d’un patient
souffrant de déficits liés à sa structure psychique.
Couchée sur le papier, elle me paraît bien
dévitalisée, tant elle touche directement à des processus
vivants, et quelques fois elle me paraît manquer de pudeur tant je dois
vous révéler mes imperfections.
Depuis quatre années maintenant, je
suis responsable de l’atelier “musicothérapie” au
centre Pierre Janet, hôpital accueillant des patients souffrant de
troubles psychiques, et dépendant du Groupe Hospitalier de la ville du
Havre. Cet atelier fait partie d’une unité intersectorielle,
composée de différents ateliers, qui offrent aux patients un
panel d’activités assez conséquent. J’ai pu y
proposer depuis mes compétences en musicothérapie active.
Convaincu du bien fondé de l’efficacité
thérapeutique du balancement, j’ai rapidement proposé ce
style de travail, dans la prise en charge des patients déficitaires,
qu’elle soit en groupe ou de manière individuelle.
Le cadre architectural de l’atelier
Pour travailler, je dispose d’un local
d’environ trente mètres carré, qui permet
d’entreposer un instrumentarium conséquent, et qui permet
également de travailler confortablement avec des groupes de 8 à
10 personnes. Ce local est entouré d’un coté par des
toilettes, et de l’autre par une cafétéria, avec au dessus
un self. On peut considérer que cette salle se situe au carrefour de différends
lieux de passage;
L’orientation idéolologique
de l’atelier
Celle- ci est évidemment directement
liée aux différentes formations dont j’ai pu profiter, et
aussi déterminée par mon parcours professionnel et musical.
Il me paraît dès lors important
de préciser qu’il s’agit d’une orientation en
perpétuelle mouvance: en effet, au départ de cet atelier,
j’aurais aimé ne travailler qu’avec ou qu’à
partir de concepts de bases tirés de l’enseignement des musiques
traditionnelles, c’était sans compter sur l’appétence
inconditionnelle des populations pour la musique actuelle, et
c’était également sans compter sur ce que l’impact
des prises en charges de patients déficitaires modifieraient dans ma
façon d’utiliser l’outil musicothérapie
La pratique
Je me suis donné quelques
règles simples pour débuter une séance et notamment pour
les premiers instants.
Premiers instants : chercher le point de
confort pour le patient. Cela peut souvent prendre quelques séances,
voir quelques mois. (Le travail du musicothérapeute est avant tout un
travail sur le temps !)
Le point de confort
est également important pour le thérapeute et nécessite
souvent un aménagement logistique et organisationnel pour la
sécurité du patient ainsi que pour les accompagnants si cette
situation se présente.
Les premiers contacts sont souvent
déterminants dans la suite de la prise en charge.
Il était une fois un fauteuil...
L’atelier est jonché d’instruments
à percussion mais, certains patients que je reçois en soin
individuel, ont pour le fauteuil une prédilection ! Il est tellement
investi qu’il m’arrive pour certains d’entre eux
d’écarter tous les instruments et de laisser simplement le
fauteuil au milieu de la salle
Il ressemble à un fauteuil
démodé de ministre ou de médecin. Vous savez ? Comme ces
fauteuils qui déclenchaient dans notre enfance l’admiration de
celui à qui il appartenait, mêlée à l’irrésistible
envie de s’engouffrer dedans tellement le dossier est grand et pouvait
contenir tout notre corps !
En plus, celui de l’atelier
possède des roulettes ! Une vraie poussette, ou une voiture, ou un
siège de ministre...en tout cas, là ou les collègues
éprouvent quelques instants d’hésitations pour
s’autoriser à y poser leur vertèbre sacrée, le
patient n’hésite pas à exercer son ministère !
C’est très troublant pour un
musico thérapeute d’utiliser un fauteuil pour instrument de
musique, la correspondance avec le noble art (la musique), n’est pas
vraiment flagrante.
Cela dit, tel qu’il est disposé
dans la salle, il invite à ce que l’on s’assoie dedans, et
quand je suis seul à l’atelier, je me surprend souvent à le
regarder en pensant aux patients qui l’investissent. IL me les remet en
mémoire, et me relie à l’histoire de leur prise en charge.
Illustration de l’utilisation
musicale et thérapeutique du fauteuil
Le jeune patient dont il s’agit est
très costaud (il pèse environ 90 kg pour 1,78 m).
A sa stature impressionnante s’ajoute
de larges gestes inarticulés, qui ont l’air plutôt
compulsifs. Il lance par exemple ses grands bras subitement vers le haut en
émettant un souffle violent et continu, qui laisse penser à une
imitation d’explosion.
Son rapport au corps est très
particulier. Il est très joueur et manifestement aime la douleur
physique : il se jette dans les troènes la tête la première
lors de l’accompagnement jusqu’à la salle de
musicothérapie, il se pince en riant, s’enfonce les mailloches des
xylophones dans les oreilles en riant, et tente souvent de faire participer
celui ou celle qui s’en occupe. Il éprouve un grand
intérêt manifestement à s’élancer violemment
contre les murs de la salle, comme pour sentir ses limites corporelles. D’autre
fois il se blottit entre les pieds d’une chaise ou à
l’intérieur d’un tapis, et se recroqueville
jusqu’à ne plus vouloir sortir de cette position. De ce tableau
chaotique, ou qui me renvoie une impression de chaos, ne
s’échappait que de rares sons, qui laissaient envisager
l’inefficacité d’un travail soutenu par la parole.
J’ai alors du mettre mon corps à l’ouvrage, l’utiliser
comme outil principal pour établir la relation, beaucoup plus que
d’ordinaire, car je devais être en contact direct.
La première rencontre
Elle est saisissante. Elle remet tout en
cause : les certitudes, la confiance en soi, bref, la musicothérapie
comme son plus fidèle serviteur, le musicothérapeute.
Je mets l’imaginaire en route,
sûr et certain que cela va me tirer d’affaire. Je tente alors de
rythmer son prénom en percutant un rythme binaire sur ses
épaules, soutenu par la pulsation d’un compact disc de
djembé.
Il se retourne et veut manifestement
éviter ce contact. J’insiste, toujours sûr de moi. Cette
fois il accepte le contact, avec un retour puisqu’il m’attrape le
cou avec les deux mains, comme pour m’étrangler, et se met
à rire. Après m’être dégagé de cette
position inconfortable, j’essaie pour clôturer la séance de
lancer quelques paroles qui me paraissent plus éducatives qu’autre
chose, et qui me permettent de me rassurer. Mais en vain, car après
l’avoir raccompagné, la seule question présente
c’était : “qu’est ce que je vais pouvoir faire avec
lui ?”
Croyez moi, suite à des séances de ce type, c’est-à-dire qui nous
renvoient notre sentiment d’impuissance en pleine figure, on se demande
si on ne ferait pas mieux de changer de métier !...Y a-t-il
possibilité de relation avec la psychose déficitaire
?
Cette situation que j’assimile
à une forme de mutisme, provoque des impressions, de la fascination, de
l’anxiété et de l’angoisse parfois. Je ne suis plus
du tout assuré de ce que je crois savoir faire. Alors sans cesse je
cherche l’espace qui permettrait la naissance d’une relation jusque
alors impossible. J’essaye de mettre du sens. Mon imaginaire vient
à la place de l’autre et cautionne mes défenses face
à l’anxiété, me donne l’impression de maîtriser
la situation. Tantôt le patient me donne raison en esquissant une petite
participation, et tantôt il remet tout en cause tant il me paraît
ailleurs. Il exagère finalement, car il me laisse seul. En fait, ce que
je ne supporte pas, c’est que je sois là ou pas, ça
n’a pas l’air d’avoir d’importance, car lui, il est
seul : il n’y a pas de transfert dit-on !
Dans cette situation, je me demande à
quoi sert l’imaginaire, pour me rendre compte finalement qu’il
vient à la place de l’autre. Il prend valeur d’un
système de défenses mis en place par rapport au regard de
l’autre (ici des accompagnants), et par rapport à mon rôle
professionnel investi. Il arrive pour combler le sentiment de vide de la
relation, pour enfin souvent m’embourber dans quelque chose de surfait
qui me donne l’impression de maîtriser la situation.
Un facteur entre en jeu ici qui pèse
lourd dans la balance : c’est la durée !
En effet, une des spécificités
de la prise en charge des psychoses déficitaires dans
l’institution psychiatrique, c’est la durée du traitement,
la prise en charge se fait au long cours.
En me projetant dans le temps, en pensant
aux séances suivantes, je ne peux m’empêcher
d’éprouver quelques inquiétudes, car il m’est
complètement impossible d’envisager d’autre séances
avec le sentiment d’absence de relation
J’ai le sentiment que rien ne pourra
se passer, et pourtant il s’est déjà produit quelque chose
: la rencontre de deux “histoires”, l’une qui me paraît
anhistorique, et l’autre structurée. (Peut être ?)
2e rencontre
Elle s’annonce comme la
première sauf que d’emblée, je l’accueille avec le
son du djembé. Le patient lui, s’aperçoit de la
présence du fauteuil et se jette dessus comprenant très vite que
celui- ci à des roulettes il s’élance en se poussant avec
les pieds et en se projetant violemment à l’aide de ce fauteuil
dans les murs.
Qu’est ce que je vais pouvoir bien lui
proposer de musical ?
Devant ce personnage éclaté je
me sens comme un tout petit enfant qui a perdu ses parents. Lui me regarde et
éclate de rire à chaque fois qu’il percute un mur. Et
là je comprends ce que je refusais d’admettre depuis le
début : il m’invitait à jouer avec lui, à son jeu.
Je me suis alors installé
derrière le dossier du fauteuil, puis quand il le poussait
j’opposais une résistance n’y trop douce n’y trop
forte, en comptant à voix haute, calé sur les pulsations
produites par le djembé, en lâchant toutefois
systématiquement le dossier du fauteuil, et en m’écartant
dès qu’il voulait me projeter dans le mur, en précisant
oralement que je ne pouvais plus jouer. Automatiquement lui s’arrangeait
pour remettre l’arrière du dossier entre mes mains pour
recommencer, pour qu’enfin au terme de la séance je lui propose un
holding sur place en balançant le fauteuil d’avant en
arrière et en chantant son prénom : la relation était
née en comptant, et en comptant, je comptais pour lui.
Je citerais la phrase de Lacan, tirée
des quatre concepts fondamentaux de la psychanalyse (le séminaire livre
XI) : “l’important, pour nous, est que nous voyons ici le niveau
où - avant toute formation du sujet, d’un sujet qui pense, qui
s’y situe - ça compte, c’est compté, et dans ce
compter, le comptant, déjà, y est. C’est ensuite seulement
que le sujet a à s’y reconnaître, à s’y
reconnaître comme comptant”.
RESUME DES RENCONTRES SUIVANTES
Je vais vous parler de
l’évolution lors des rencontres suivantes :
A chaque fois que le patient vient à
la salle, je place le fauteuil au milieu de celle-ci et l’accueille avec
le son du djembé. Nous recommençons notre petit jeu à
chaque fois. Je compte tout haut jusqu’à huit sur les pulsations
du djembé en poussant le fauteuil sur l’avant (lui souvent
résiste) puis j’opère de la même façon sur
l’arrière. J’ai l’impression que ce petit rituel mis
en place fait office de mémoire, certainement autant pour moi que pour
lui.
Quelquefois le patient me laisse tomber,
s’enfuit du fauteuil, pour aller chercher une cabasa, avec laquelle il se
frappe les avant-bras, et, je crois, en attendant mes réactions (car il
me regarde en riant presque de manière provocante) .Ca me paraît
intolérable qu’il se fasse du mal, et je sais pertinemment que si
je m’avance vers lui pour l’en empêcher, il va intensifier
ses gestes en jubilant. C’est comme un mode de relation pour lui.
Heureusement je suis persuadé qu’il s’agit, d’un
problème de limites corporelles. Je peux alors résister à
cette tentation quasi maternelle culpabilisée d’intervenir
à ce moment. De ce fait le patient revient dans le siège et nous
réitérons notre petit jeu.
Au fil des séances le patient
s’est aperçu de la possibilité de tournoyer avec le
fauteuil. Il s’est alors montré comme un fervent adepte du
tournoiement. A noter que ses jeux de vertiges sont insupportables car il
montre une réelle intolérance à l’arrêt de ces
jeux.
Ceci m’a renvoyé un autre
problème : ses limites dans le temps. J’ai alors introduit dans le
balancement sur seize temps (huit en avant, huit en arrière), un
balancement latéral de gauche à droite (demi tournoiement), en
chantant son prénom, c’est-à-dire que je me suis servi de
ses penchants pour le vertige, en les mettant à la sauce rythmique, qui
contient la notion de début et d’arrêt. Ca a marché :
notre petit jeu rituel commençait à prendre forme. Finalement il
suffisait d’utiliser ce que le patient montrait, et de l’inclure
dans une structure rythmique. Notre relation se fondait sur
l’articulation de ses jeux à des processus de balancement.
Au bout d’un certain nombre de
séances, le patient ne se jetait plus dans les murs. Il arrivait
même à lever les jambes quand je le poussais sur l’avant sur
huit temps, et avec mon aide frappait dans les mains sur le huitième
temps. J’ai saisi cette occasion pour lui proposer le même travail
debout en lui posant les mains sur les épaules et lui en me posant les
mains sur les épaules également (tout en craignant qu’il
recommence un simulacre d’étranglement).
Une stagiaire qui avait passé deux
ans à l’atelier, a inscrit une phrase de Nietzsche sur un papier
dessin, affiché au mur de la salle : “Il faut beaucoup de chaos
pour accoucher d’une étoile qui danse”. Cette prise en
charge me semble un exemple vivant de cette citation. d’autant que je
pouvais la lire tout en travaillant avec ce patient.
Cependant, sous le regard des
accompagnateurs, elle me paraissait s’adresser autant à moi
qu’à lui. J’étais moi-même obligé de
balancer.
Il a fallu que je me mette au travail
c’est-à-dire opérer un véritable décentrement
pour pouvoir être en relation avec le patient, désactiver les
regards quelquefois perplexes ou interrogateurs des spectateurs, et
désactiver du même coup le regard que je porte sur moi. Bref,
j’ai du “mouiller ma chemise” comme on dit, et mouiller sa
chemise, c’est remettre son art en cause, voire sa façon
d’être, en relation avec son art. C’est une véritable
logique de transformation.
Les Répercussions
On peut considérer que le
balancement, comme la marche est une série de chutes
évitées. Face à la dynamique du patient, qui lui
manifestement ne pouvait pas éviter ses chutes, qui avait besoin
d’un contact dur comme les murs, j’ai du en quelque sorte me mettre
à la place des murs, sauf que je n’offrait pas la même
résistance. Celle-ci était modulable et dépendait de
différents facteurs comme ma résistance physique, mon envie de
jouer. Le patient a ainsi rejoué les choses différemment, et par
la répétition, par le jeu en miroir, nous avons mis en commun un
contenant rythmique qui a favorisé la relation.
Ce personnage, comme bien d’autres,
m’a appris une chose essentielle. Quand il n’y a pas de relation,
c’est peut être simplement parce que l’on n’en veut
pas. Il est nécessaire alors d’analyser ce qu’il
représente et comment il agit en nous, afin d’élaguer ce
qui pourrait faire obstacle.
L’impact provoqué par la
rencontre de la psychose déficitaire est lié à la
tolérance de nos peurs propres. Nous sommes en face d’un
dérangé entre guillemets, qui dérange. Il est hors norme
et remet en jeu notre tolérance par rapport à la folie.
Il me semble que par tout ce qu’il
suscite en moi si je l’accepte, se construit l’apprentissage de la
relation thérapeutique. Apprendre à connaître ses limites
tout en respectant celle de l’autre, apprendre à travailler en
miroir ou en écho avec une présence juste, ni intrusive ni
exclusive, accepter l’étranger tel qu’il est, dans son
apparente pauvreté et dans son extrême richesse, voilà un
beau programme pour étudier l’art et la relation.
Si je devais résumer ceci je dirais
que l’art et la relation sont inextricablement liés, et que le
décentrement du narcissisme, pour accueillir ce que l’autre nous
apprend sur nous même est fondamental dans ce que l’on nomme
art-hérapie.
Cela nécessite également de
revisiter son art dans ce qu’il possède d’essentiel,
l’épurer jusqu’à sa plus grande simplicité,
afin d’en saisir son efficacité dans la gestion des rapports
humains, dans la relation. C’est finalement l’affaire de toute une
vie.
La musicothérapie ?
Il y a un certain nombre
d’années, je pensais que la musique avait un pouvoir
thérapeutique de manière très réductrice certes,
puisque comme sa pratique et son écoute me faisaient du bien, je lui
prêtais ces vertus pour toute l’humanité. Le type de prise
en charge dont je vous ai parlé a considérablement et
heureusement d’ailleurs, modifié cet état d’esprit.
En effet ces patients qui présentent souvent un fonctionnement archaïque,
m’ont finalement poussé à repenser la
musicothérapie, plutôt en terme d’efficacité
structurante dans la relation, qu’en notions d’esthétique
curative. Ainsi je définirais la musicothérapie aujourd’hui
comme ceci :
C’est avant tout un art dans lequel il
n’y a pas de production d’objet, l’absence de production permettant
sans cesse de rejouer les structures du temps, par le biais du corps et (ou) de
son prolongement, c’est-à-dire l’instrument, La loi
rythmique, cadrante et libératrice, incarnée par l’autre
(le groupe, la percussion etc....) est fondamentale car reliante et
socialisante, véritable ciment de la relation à l’autre.
C’est un travail, sur, et avec le
temps, dans les rapports complexes qu’il entretient avec le monde
extérieur et le monde intérieur. Il s’agit de permettre ou
de susciter le lien entre les processus inhérents à la vie
sociale, propres à l’homme, et le vécu intrapsychique; deux
réalités qui fonctionnent sur le modèle de deux miroirs se
renvoyant sans cesse l’image l’un de l’autre.
La musicothérapie en tant que
soin, se concentre donc sur les
trois éléments constitutifs du temps : le passé, le
présent, l’avenir. Son effort se porte sur l’articulation de
ces trois éléments, indissociables de la mémoire et de son
agencement dans l’histoire d’un sujet ou d’un groupe.
En conclusion
Je citerais une phrase tirée des
confessions de Saint Augustin au livre XI, chapitre XX, qui me semble bien
pertinente, dans la mesure ou elle resitue les trois éléments
constitutifs du temps dans une véritable dynamique.
“Ce qui me paraît maintenant
avec certitude, et que je connais très clairement, c’est que les
choses futures et les passées ne sont point, et qu’à
proprement parler on ne saurait dire qu’il y ait trois temps, le
passé, le présent et le futur : mais peut-être on pourrait
dire avec vérité, qu’il y a trois temps, le présent
des choses passées, le présent des choses présentes, et le
présent des choses futures. Car je trouve dans l’esprit ces trois
choses que je ne trouve nulle part ailleurs : un souvenir présent des
choses passées, une attention présente des choses
présentes, et une attente présente des choses futures.”
(Extrait
de la revue "Carmina"
Numéro 4 – Juin 2003)