Je venais de conter ma version de la fiancée du mort ou ballade de Lenore.

C'était une sorte de veillée d'après-midi .. ce conte a déclenché l'échange d'impressions et une femme d'une petite quarantaine d'années nous a fait cette déclaration, les yeux brillants d'émotion et de joie profonde et après avoir poussé une sorte de grand soupir exclamatif de soulagement:

"Grâce à ce conte, maintenant, je viens enfin de pouvoir dire adieu à la petite veuve en moi."

Plus tard, en sortant, elle m'a expliqué en quelques mots qu'elle s'était mariée très jeune et que son mari était mort très vite. Et depuis, elle vivait avec cette douleur. Ce conte lui a permis de tourner la page de ce chapitre de sa vie, elle seule sait ou pourrait savoir comment cela s'est dénoué précisément.
Je garde le souvenir de sa luminosité et celui de l'émotion qu'elle m'a donnée... comme si on venait de me dire : "ton conte que tu trouves si beau, il n'est pas seulement beau et émouvant, c'est une véritable pierre philosophale, il est plus précieux que tous les diamants du monde."

Mais si un jour, je sais que dans l'assistance il y a une femme qui pleure encore son jeune mari, je ne choisirai pas forcément ce conte, et surtout je n'aurai pas comme but de l'aider car les voies du conte sont insaisissables ...

Marie-Ange Pector, (nom de conteuse : Yoc'h)


message du sites "Les amis du conte" (7 avril 2010)
http://fr.groups.yahoo.com/group/Lesamisduconte/

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