DE L’ANTHROPOLOGIE DU GESTE DE MARCEL JOUSSE
A LA MÉMORISATION TEXTUELLE
Conférence donnée à l’Université de Bordeaux
24 septembre 2014
Yves BEAUPÉRIN
La méthodologie de Marcel Jousse
Toute l’œuvre anthropologique de Marcel Jousse procède d’une observation attentive du fonctionnement de différents milieux ethniques où l’oralité occupe toujours un rôle primordial dans la transmission du savoir. Rappelons que parmi ces milieux ethniques de style global-oral deux occupent une place particulièrement importante dans la recherche de Marcel Jousse : d’une part, le milieu ethnique paysan sarthois où il est né, où il a vécu toute son enfance et donc qu’il a pu observer de l’intérieur ; d’autre part, le milieu ethnique que Marcel Jousse qualifie de « palestinien », pour désigner cette fraction de population vivant sur cette terre que les occupants romains appelaient Palestine, et qui toujours selon Marcel Jousse a eu l’intelligence et la pratique la plus profonde du geste humain.
Cette observation attentive lui a permis, par comparaison, de dégager des constantes dans le fonctionnement de la mémoire globale-orale de ces milieux ethniques, constantes toutes destinées à rendre la mémoire de ces milieux ethniques d’un pouvoir absorbant étonnant par la facilité de mémorisation après une seule audition, d’une étendue considérable par la quantité et la longueur de textes mémorisés et d’une efficacité impressionnante pour la permanence de ces textes dans la mémoire et leur fidélité au mot à mot des textes reçus.
Marcel Jousse classe ces constantes en deux grandes catégories. D’une part, ce qu’il appelle les « lois mnémoniques » que, dans la synthèse finale de son œuvre qu’il commencera à élaborer à la fin de sa vie, il regroupera en trois chapitres : le rythmisme, le bilatéralisme et le formulisme. Ces lois mnémoniques présentent un caractère universel parce qu’elles s’enracinent davantage dans l’anthropologique que dans l’ethnique, ce qui explique qu’on en retrouve la mise en œuvre dans des milieux différents D’autre part, ce qu’il appelle les « procédés mnénotechniques » qui relèvent d’artifices propres à un milieu ethnique donné et qu’on peut regrouper en comptage, sériage, agrafage et ordrage, comme je l’ai fait dans mon livre Rabbi Iéshoua de Nazareth, une pédagogie de style global.
Mais le génie de Marcel Jousse est de ne pas avoir voulu se contenter d’épingler ces lois mnémoniques et ces procédés mnémotechniques, tels des papillons morts sur des planches d’entomologiste. Il a voulu mettre en place un laboratoire de prise de conscience de ces lois de la mémoire, non pas seulement par une approche théorique, mais par une mise en pratique. Il était trop conscient de la difficulté qu’il rencontrerait à faire admettre à un milieu de style écrit comme le nôtre, ne jurant que par la lecture et l’écriture et si méfiant à l’égard d’une mémoire si mal exercée qu’elle en a perdu toute possibilité et toute efficacité, de l’importance de la mémorisation, de sa possibilité et de son efficacité quand elle est exercée selon les lois qui lui sont propres. Il lui fallait donc faire expérimenter concrètement ces lois de la mémoire textuelle pour faire prendre en conscience leur fonctionnement et leur efficacité.
Par ailleurs, à travers la mise en place de ce Laboratoire de Rythmo-pédagogie, Marcel Jousse poursuivait un rêve : permettre à toutes les mamans de France de réaliser ce que sa propre mère avait fait pour lui et que la grand-mère de sa mère avait fait pour elle, c’est-à-dire transmettre oralement à leurs enfants les évangiles. Pas uniquement d’ailleurs comme textes religieux chargés de transmettre la foi à ces enfants, mais aussi comme textes littéraires au fondement de notre culture occidentale.
Dans ce laboratoire de prise de conscience, Marcel Jousse va, la fois, synthétiser tout ce qu’il a pu observer et analyser et, par ailleurs, le prolonger et l’amplifier par approfondissements successifs. En effet, la démarche de Marcel Jousse n’est pas « archéologique ». Il ne s’agit pas pour lui de reproduire fidèlement tel ou tel milieu dans sa pratique de la mémoire orale. Il ne s’agit pas pour lui de faire de l’identique mais de l’analogue, en s’attachant non à l’effectuation concrète de telle ou telle loi dans un milieu ethnique donné mais au principe de cette loi, à toutes les implications universelles qu’on peut en tirer et à son adaptation possible dans le milieu ethnique français.
Geste laryngo-buccal et geste corporel-manuel
Prenons l’exemple de ce que Marcel Jousse appelle le geste corporel-manuel ou encore le « corporage-manuélage ». Il a pu observer que, dans l’improvisation ou la mémorisation des textes traditionnels, improvisateurs et mémorisateurs ont tendance à accompagner ce qu’ils disent par des gestes du corps, des mains, du visage. Cette gesticulation peut être plus ou moins développée suivant les milieux. Mais l’apprentissage du grec qu’il a effectué, à partir de 15 ans, sous la direction du vicaire de sa paroisse de Beaumont-sur-Sarthe, avec la méthode Maunoury, lui a fait prendre conscience que nos mots sont faits de racines et que ces racines correspondent, très souvent, à des gestes concrets.
Sa contemplation amoureuse de la momie égyptienne du Musée du Mans lui a fait prendre conscience que les hiéroglyphes sont des mimogrammes reproduisant une chose ou un être. Son observation attentive des gestes amérindiens, lors de son séjour aux Etats-Unis où il avait été nommé officier instructeur à la fin de la première guerre mondiale, lui a fait prendre conscience de l’origine mimismologique des gestes corporels-manuels, c’est-à-dire le fait que ces gestes tendent à reproduire une action qui caractérise tel objet ou tel être [exemples : la pluie, la foudre, le serpent, la femme, l’homme, le peuple, la vérité, le mensonge]. L’étude des mimodrames des prophètes juifs de l’Ancien et du Nouveau Testament lui a fait prendre conscience de deux caractéristiques essentielles de ces mimodrames.
La première caractéristique est l’unité indissociable des gestes corporels-manuels et des gestes laryngo-buccaux - ces prophètes ne se contentent jamais de dire seulement, par le langage – ce que Marcel Jousse qualifie de « gestes laryngo-buccaux »-, il faut aussi qu’ils miment la situation, par des gestes corporels-manuels, avec éventuellement l’utilisation d’un objet -. La seconde caractéristique est la hiérarchisation de ces deux rejeux : c’est le rejeu corporel-manuel qui sous-tend le rejeu laryngo-buccal et non l’inverse.
Écoutons Marcel Jousse exprimer cette prise de conscience du geste corporel-manuel mimismologique « primordial et fondamental » qui va l’obliger à passer de ce qu’il appelait, au départ, « tradition de style oral » à ce qu’il désignera désormais comme « tradition de style global » :
« Nos recherches nous ont contraint à nous enfoncer toujours plus profondément que le style oral, pour tenir compte, comme tout premier facteur, du geste primordial et fondamental. De là, par approfondissement successif, la Mimopédagogie de style global qui s'est imposée à ce qu'on aurait pu prendre et apprendre uniquement comme des Récitatifs de style oral. C'est après avoir approfondi l'ensemble, que nous avons considéré que ces Récitatifs seraient plus exactement appelés des mimodrames rythmo-verbalisés et sémantico-mélodiés.
« C'est qu'en effet le Rythmo-mélodisme est profondément incarné dans le Rythmo-verbalisme qui est lui-même profondément incarné dans le Rythmo-mimisme global. C'est toujours le tréfonds mimodramatique qui est à la base. Ce serait donc une erreur fondamentale que de se contenter de réciter rythmo-mélodiquement la Verbalisation des mimodrames primordiaux palestiniens et des mimodrames paraboliques galiléens sans les rejouer globalement.
« C'est ainsi que notre Laboratoire d'Anthropologie rythmo-pédagogique a postulé vitalement le Laboratoire d'Anthropologie mimismologique.
« Ici encore, nous voyons combien est vraie et vérifiée la maxime : Liturgie et Pédagogie coïncident dans l'Anthropologie.
« De même que les Récitatifs parallèles de style oral du Pain et du Vin ne doivent pas liturgiquement, parce qu'ils ne peuvent pas traditionnellement, être récités seulement du bout des lèvres, mais ils doivent être mimodramatisés par tout le corps, ainsi tous les autres Récitatifs de style oral, historiques ou doctrinaux, ne doivent pas pédagogiquement, parce qu'ils ne peuvent pas anthropologiquement, être récités du bout des lèvres, mais ils doivent être mimodramatisés par tout le corps. » (1)
Le geste corporel-manuel n’est donc pas, pour Marcel Jousse, un simple adjuvant de la parole (évidemment réduite en ce cas au simple langage !) qu’il permettrait de souligner et de renforcer et qu’on pourrait abandonner éventuellement. Il est le compagnon inséparable du langage parce qu’il en est la source. Nous devons donc tenir, avec Marcel Jousse, que la parole humaine est l’ensemble indéchirable et hiérarchisé de gestes corporels-manuels et laryngo-buccaux. Voici ce que nous dit Marcel Jousse à ce sujet :
« Nous considérons (habituellement) que le langage laryngo-buccal est un tout qui se suffit à lui-même. Ce serait faire là la plus grande hérésie anthropologique qui se puisse rêver en Israël.
« Le son n'est toujours que l'accompagnement du geste significatif global. C'est pour cela que jamais un Nabî d'Israël et, très rarement, les Rabbis d'Israël n'ont consenti à se priver du mécanisme global tel que la spontanéité jaillissante le met à notre disposition.
« Tout en Israël est joué. On a dit autrefois - je crois que c'est Helder - que chacune des racines sémitiques, et particulièrement des racines hébraïques, était un acteur. Il n'y avait là qu'une sorte d'aperception d'un immense système mimismologique.
« Ce ne sont pas seulement les racines, mais toutes les propositions qui sont les fragments d'un drame dont l'ensemble est admirablement construit.
« Aussi, lorsque certains, autour de vous, s'étonneront que, d'après ma direction, on fasse mimer les paraboles, je dirai que c'est nous qui devrions nous scandaliser de ce qu'on ne fait que prononcer les paraboles, de ce qu'on les laryngo-buccalise, sans les mimer, étant donné qu'Israël considère l'action comme la chose primordiale. » (2)
De cette unité hiérarchisée entre gestes corporels-manuels et gestes laryngo-buccaux résulte une conséquence importante : dans la mesure où le geste laryngo-buccal propositionnel n’est que « l’efflorescence du geste corporel-manuel », selon l’expression même utilisée par Marcel Jousse, le geste corporel-manuel est donc lui aussi, par essence anthropologique, interactionnel.
Marcel Jousse a mis en évidence que l’unité de sens de toute expression humaine est ce qu’il appelle l’interaction triphasée comprenant AGENT – ACTION – AGI, ce qui nous donne grammaticalement parlant : GROUPE SUJET – GROUPE VERBAL – GROUPE COMPLÉMENT.
Dans la mesure où le geste laryngo-buccal est propositionnel et que celui-ci jaillit du geste corporel-manuel, ce dernier se doit d’être lui aussi propositionnel. C’est la raison pour laquelle dans les récitations qu’il fera mémoriser dans son laboratoire de prise de conscience des lois de la mémoire, il nous fait mimer par un geste corporel-manuel chaque phase de l’interaction. Chaque groupe de mots : groupe-sujet, groupe-verbal, groupe-complément, doit jaillir d’un geste corporel-manuel : geste de l’Agent, geste de l’Action, geste de l’Agi.
Mais pour tenir compte de la globalité de l’être humain, si chère à Marcel Jousse, il ne suffit pas d’affirmer que le geste corporel-manuel macroscopique est à la source du geste laryngo-buccal. Il faut aussi affirmer que tout geste macroscopique, pour être authentique et juste, doit être sous-tendu par un geste microscopique dont il constitue l’extériorisation. C’est ce que Jacques Lecoq appelait « le geste sous le geste » et que Marcel Jousse appelait le « mimème », ensemble des gestes micro et macroscopiques par lesquels « on devient la chose » qu’on veut exprimer.
Le geste macrosocopique qui semble reçu de l’extérieur, voire plaqué, dans la récitation mimodramatique, doit faire ressurgir le geste microscopique pour être juste, vrai et beau. Sinon, on reste dans la pantomime (ce qui est le cas de la gestuelle des sourds-muets) et non dans le mimisme.
Cette synergie propositionnelle hiérarchisée des gestes corporels-manuels et laryngo-buccaux confère à la récitation mimopédagogique une puissance mnémonique extraordinaire en même temps qu’elle permet de donner au texte une vie plus intense et d’accéder à une intelligence de ce texte d’une profondeur insoupçonnée.
Cette puissance mnémonique résulte de la mise en œuvre d’une loi formulée par Théodule Ribot que Marcel Jousse avait fait sienne en la reformulant ainsi : « Un état psycho-physiologique est d’autant plus facile à faire renaître qu’il comporte un plus grand nombre d’éléments gestuels ». Cette loi ne fait d’ailleurs que reprendre ce que la sagesse populaire avait perçue depuis longtemps et que Berouyya, femme de rabbi Meïr, avait exprimée ainsi à l’un de ses disciples : « Si tu ne mémorises pas ta Tôrâh avec les deux cent quarante huit membres de ton corps, elle ne restera pas stable en toi ! ».
Quant à la vie et à l’intelligence du texte qu’apportent les gestes corporels-manuels, écoutons ce que Marcel Jousse écrivait dans son mémoire sur « Mimisme humain et psychologie de la lecture » :
« Voilà l’immense problème psychologique que nous avons à résoudre vitalement quand nous nous trouvons en face d’un texte. Quelle est l’antique résonance des mots qui composent ce texte ? Quel va être le sens vivant que nous allons pouvoir faire sourdre de chacun de ces mots, suivant notre propre expérience et notre propre culture linguistique ?
« Redisons-le, en effet : les mots n’ont pas et ne peuvent pas avoir absolument le même sens pour chacun d’entre nous. Bon gré, mal gré, nous apportons chacun notre acquis. De là, précisément, la nécessité d’une riche expérience concrète, la nécessité d’une haute culture secondaire et supérieure.
« Tâchons maintenant de surprendre, en pleine activité, ces multiples et souples mécanismes. Sous l’analyse étymologique, une subtile fraîcheur se glisse et concrétise les racines algébrisées. Sur ces racines indo-européennes concrètement saisies, va se répandre, comme une rosée vivifiante, toute notre expérience des choses.
« Le texte prend alors une double vie : une vie étymologique, jaillie de l’étude des langues qu’on appelle mortes et qui redeviennent ainsi profondément vivantes ; une vie personnelle, due à notre expérience propre. Aussitôt nous sentons chacune des propositions lues susciter en nous, soit simultanément, soit éclectiquement, un tableau visuel, une mélodie auriculaire, un de ces rejeux très fins que nous avons analysés naguère : gestes olfactifs, gustatifs, laryngo-buccaux.
« Un texte est une suite de mimodrames en miniature. La finesse microscopique des détails en est aussi merveilleuse que leur infinie multiplicité. A nous de magnifier, par tous nos gestes reviviscents, ces fines miniatures éveilleuses de vie. » (3)
Le rythme du geste corporel-manuel
Le caractère mimismologique du geste, qu’il soit corporel-manuel ou qu’il soit laryngo-buccal, impose, nous venons de le voir, son propositionnalisme. Mais il induit également une autre caractéristique : son rythmisme. En effet, pour Marcel Jousse, le mimisme est cette capacité que possède l’être humain, l’Anthropos, de pouvoir devenir toute chose tout en restant lui-même. Or, comment l'Anthropos peut-il devenir toutes choses, tout en restant soi-même ? L'Anthropos est, en effet, un vertébré, dont le corps possède une structure plutôt rigide. Comment peut-il devenir le feu, la vipère, la pierre, etc… ? Qu'y a-t-il de commun entre les éléments du règne minéral, végétal, animal et l'Anthropos ? Une seule chose : le rythme ! Je peux devenir toutes choses, en épousant intimement les rythmes de chaque chose.
En dehors de l'Anthropos, il n'y a, dans l’univers qui l’entoure, que des êtres-actions, qui sont des pelotons d'énergie. Or ce qui caractérise essentiellement l'énergie, c'est d'être un mécanisme explosif et donc rythmique, le rythme résultant, en effet, du retour, à des intervalles biologiquement équivalents, des explosions énergétiques.
Les êtres-actions qui environnent l'Anthropos et qui se jouent dans tous ses sens récepteurs sont donc essentiellement des êtres rythmiques et les actions qu'ils propulsent sont essentiellement des actions rythmiques, aussi bien les actions caractéristiques que les actions transitoires.
L'Anthropos lui-même est un de ces êtres-actions du Cosmos et possède, en commun avec tous ces êtres-actions, la même nature essentiellement rythmique. Les gestes dont parle Marcel Jousse sont donc la réponse rythmique de l'Anthropos aux actions rythmiques des êtres qui l'entourent et se jouent en lui. Le Rythmo-mimisme est cette aptitude spécifique de l'Anthropos à réaliser l'adéquation plus ou moins parfaite de son propre rythme avec celui de l'objet qui s'est joué en lui et qu'il veut rejouer. L'Anthropos devient d'autant mieux la chose que cette adéquation rythmique est plus parfaite.
Mimisme et rythme sont indissolublement liés et c'est pourquoi il convient de ne jamais séparer les deux et de parler toujours de Rythmo-mimisme.
Une objection peut être soulevée à propos de cette adéquation rythmique. Il est certes facile de devenir rythmiquement des choses telles que la fumée, le feu, la mer, l'oiseau qui vole, etc., parce que ces choses en mouvement manifestent des rythmes évidents.
Mais comment peut-on devenir rythmiquement des choses immobiles comme un arbre, une pierre, une table, etc. ? Rappelons-nous que tout être-action du Cosmos est un « peloton d'énergie », un « complexus d'énergie » et que cette énergie est un mécanisme explosif qui présente trois caractéristiques essentielles: il est pulsatif, puis diffusif puis distinctif.
L'énergie est pulsative comme les vagues de la mer ou comme les battements du cœur, c'est-à-dire qu'elle est ternaire, avec trois stades successifs mais indissociables : le stade inchoatif, pendant lequel l'énergie s'accumule; le stade explosif, pendant lequel l'énergie explose; le stade dégressif, pendant lequel l'énergie se récupère. C'est la succession de ces trois stades qui, par sa répétition, crée la sensation de rythme.
Puis l'énergie est diffusive, c'est-à-dire expansive ou ondulatoire et rotative ou centripète. L'énergie est d'abord expansive ou ondulatoire, c'est-à-dire qu'elle explose à partir d'un centre pour se propager en créant l'espace-temps tri-dimensionnel : la longueur, la largeur et la hauteur.
Puis l'énergie devient rotative et centripète: après s'être éloignée du centre énergétique par rapport aux trois axes, elle se met ensuite à tourner sur elle-même.
Il en est de l'énergie comme de l'éjaculation: après la phase rythmique de pulsation qui envahit l'organe, le sperme est éjecté dans l'utérus où il se répand, pour engager ensuite la ronde des spermatozoïdes autour de l'ovule. Passée la phase explosive, rythmique et créatrice, l'énergie présente donc une phase masculine d'expansion et une phase féminine de rotation.
Certains êtres-actions manifestent clairement cette expansion/rotation: ce sont les êtres-actions mobiles, comme le feu, la fumée, la mer, l'air, etc…
D'autres ne manifestent pas aussi clairement cette expansion/rotation: ce sont les êtres-actions immobiles. Mais pour être apparemment figés dans leur expansion/rotation, ils n'en témoignent pas moins de son existence et devenir rythmiquement ces êtres-actions consistera à les devenir dans cette expansion/rotation figée.
Un arbre témoigne, par son tronc, à la fois de son expansion et de sa rotation : expansion en hauteur suivant l'axe haut-bas, avec éclatement des branches vers le haut et éclatement des racines vers le bas ; rotation par la circularité du tronc, des branches, des racines. Je pourrai donc devenir l’arbre en reproduisant rythmiquement l’expansion de son tronc, de ses branches et de ses racines, grâce à mon corps, à mes bras, à mes jambes ; en reproduisant rythmiquement sa rotation par la rotation de mon corps, de mes bras, de mes jambes.
Dans la récitation mimopédagogique de Marcel Jousse, le geste corporel-manuel étant réduit, par nécessité, à une certaine instantanéité, on retrouve, pour chaque geste, condensé en quelques secondes le stade inchoatif, le stade explosif et le stade inchoatif.
Le rythme du geste laryngo-buccal
Cette explosion énergétique, qui rythme le geste corporel-manuel par son retour à des intervalles biologiquement équivalents, se retrouve évidemment aussi dans le geste laryngo-buccal, dans le langage, que Marcel Jousse préférerait appeler le « language » pour rappeler que le langage ne se réduit pas au language précisément, mais qu’il est indissociablement corporage-manuélage et language. Cette explosion énergétique est au fondement du rythme qui est commun à tous les langages du monde : le rythme d’intensité.
En ce qui concerne la langue française, cette explosion énergétique du rythme d’intensité se produit sur la dernière syllabe de chaque phase de l’interaction : groupe-sujet, groupe-verbal, groupe-complément ou sur l’avant-dernière syllabe si la dernière est semi-muette :
Le cheval - gambade - dans le pré
Concomitance des rythmes du geste corporel-manuel et laryngo-buccal
Entre l’explosion énergétique interactionnelle du geste corporel-manuel et l’explosion énergétique propositionnelle du geste laryngo-buccal, il doit y avoir concomitance, c’est-à-dire coïncidence de ces deux explosions, le rythme du geste corporel-manuel régulant le rythme du geste laryngo-buccal. Ecoutons, une fois encore, Marcel Jousse nous rappeler ce principe fondamental :
« C'est toujours le geste interactionnel qui va dicter et imposer son rythme à la verbalisation propositionnelle ethnique de ce geste.
« Toujours et partout, dans le milieu paysan palestinien, c'est le geste global qui guide et tempère le rythme oral. Ce n'est pas le rythme oral qui guide et accélère le geste global.
« Nos traités de rhétorique et de prédication nous enseignaient naguère que le geste doit précéder la parole. L'Anthropologie mimismologique donne à ce précepte objectivité et clarté.
« Cette antériorité et ce primat du geste global sur le geste oral, donne non seulement une règle à la rythmique, mais aussi un adjuvant à la sémantique. » (4)
En affirmant que « l’antériorité et le primat du geste global sur le geste oral est un adjuvant à la sémantique », Marcel Jousse nous aide à prendre conscience et à mettre en œuvre, dans la récitation, que c’est la signification et l’expressivité qui sont premières. Pendant que je rejoue le geste corporel-manuel qui me permet de devenir l’agent, l’action et l’agi dans leur rythme essentiel instantanéisé, j’intellige cet agent, cette action, cet agi et mon intellection, inséparable de mon affectivité, va nuancer le rythme verbal des mots par lesquels je désigne l’agent, l’action et l’agi. D’après François Cheng, la pensée chinoise affirme que « le souffle devient esprit lorsqu’il atteint le rythme » .(5)
Le souffle, qui permet l’expression laryngo-buccale, devient esprit, c’est-à-dire à la fois intelligence et affectivité, lorsqu’il modifie le rythme. C’est pourquoi Marcel Jousse ne confond pas le rythme avec la cadence purement mécanique du métronome mais le définit par le retour « à des intervalles biologiquement équivalents » des explosions de l’énergie, ces intervalles biologiquement équivalents étant modulés par l’intelligence et l’affectivité du récitateur qui allongent ou raccourcissent ces intervalles en fonction de l’expressivité souhaitée.
Le rythmo-mélodisme sémantique
La modulation du rythme par l’intelligence et l’affectivité ne s’exerce pas seulement au niveau du rythme d’intensité mais aussi au niveau du rythme de durée et en ce qui concerne spécifiquement le geste laryngo-buccal au niveau des rythmes de hauteur et de timbre, pour créer le rythmo-mélodisme. En effet, le language se fait spontanément rythmo-mélodisme, dans les milieux traditionnels, pour bénéficier de la puissance mnémonique que constitue ce rythmo-mélodisme. Sans nous étendre trop sur ce point, écoutons ce que nous en dit Marcel Jousse :
« Ces deux rythmes nouveaux, de timbre et de hauteur, en fusionnant vitalement avec les deux rythmes primordiaux d’intensité et de durée, ont élaboré ce qui va constituer l’adjuvant le plus puissant et le plus intelligent de la mémoire dans la Tradition de Style oral : le Rythmo-mélodisme.
« Ce Rythmo-mélodisme, de par la loi invincible du Mimisme concret, va tendre, envers et contre toute algébrose, à demeurer et à se recréer « Sémantico-mélodisme ». » (6)
Le sémantico-mélodisme étant défini par Marcel Jousse comme
« L’écho sonore de toutes les interactions du Cosmos, dont la sonorité objective sera humainement nuancée, non seulement par les vibrations de l’intelligence, mais aussi et inséparablement, par les frissons du sentiment humain. » (7)
Le balancement rythmo-phasique dans la récitation
Les explosions énergétiques du rythme sont consommatrices d’énergie. Elles ont donc besoin d’un détonateur qui, à la fois, leur permet de se déclencher mais aussi de perdurer avec le moins grand état de fatigue. Ce que toutes les armées du monde, jusqu’au XIXème siècle, ont compris en faisant marcher au pas, au son des tambours, leurs fantassins. Ce que les récitateurs traditionnels ont également compris, spontanément et souvent de façon inconsciente, en se balançant de façon à marquer le rythme d’intensité avec une partie du corps (cf. le « pilonnement » des récitantes bretonnes, la frappe du pied des sonneurs bretons, le balancement chaloupé des chanteurs de negro-spirituals, le balancement du juif devant le Mur des Lamentations, etc.).
Dans la récitation mimopédagogique, Marcel Jousse nous fait adopter le balancement de la marche, sans doute parce que celui qui permet le mieux la synergie entre gestes corporels-manuels et gestes laryngo-buccaux. Faisons simplement deux remarques au sujet du balancement corporel. Le balancement corporel est un des éléments essentiels de la mémoire humaine : tous les peuples traditionnels qui ont besoin de la mémoire pour se transmettre leur héritage culturel se balancent.
Deuxième remarque, ce balancement corporel ne doit jamais s’atrophier en un mouvement purement mécanique, proche du métronome. Il doit constamment rester vivant, souple et modulable, au service constant de l’explosion énergétique qu’il doit déclencher et soutenir et donc également au service de l’expressivité qui, justement, module le rythme d’intensité.
Quelques caractéristiques de la mémoire traditionnelle de style global
Voici plus de quarante ans qu’à la suite de Marcel Jousse, j’utilise sa rythmo-pédagogie pour mémoriser personnellement et faire mémoriser à des adultes et des enfants 160 récitations bibliques, 15 poésies et 51 théorèmes mathématiques et définitions de sciences physiques. Cela m’a permis d’approfondir cette rythmo-pédagogie proposée par Marcel Jousse et c’est cet approfondissement que j’ai essayé de vous partager aujourd’hui. Mais cela m’amène aussi à quelques réflexions que je voudrais vous partager également.
La mémoire textualisée des milieux traditionnels
Il est intéressant de remarquer que les milieux traditionnels sont des milieux de la mémoire, non seulement parce qu’ils savent utiliser leur mémoire de façon intelligente pour lui assurer le maximum de rendement, mais aussi parce qu’ils éprouvent toujours le besoin de formuler et même de formulariser leurs souvenirs, afin de les conserver et de les transmettre, que ce soit les souvenirs collectifs relevant de l’Histoire ou du fait divers, que ce soit les souvenirs personnels relevant de la vie familiale.
Dans les souvenirs collectifs, on rencontrera le récit des faits et gestes des dieux, des rois ou des héros. On y rencontrera aussi le récit de certains faits divers qui ont marqué les esprits. C’est le cas, par exemple, des gwerzes et des sônes en Bretagne. Je me souviens de Donatien Laurent, spécialiste des traditions celtiques, qui nous expliquait que se transmettent toujours en Bretagne le récit d’un naufrage ayant eu lieu sous le règne de Louis XIV ou le récit de la noyade d’un aristocrate au cours d’une chasse à l’oie, un jour de Toussaint.
Dans les souvenirs familiaux, on rencontrera le récit des généalogies, des naissances et autres événements familiaux. Ces événements sont d’ailleurs souvent accrochés mnémotechniquement sur le défilement de la généalogie. Pour rappeler les faits et gestes relatifs à telle famille, on enchaîne d’abord la liste des descendances et quand on arrive au père de cette famille, on déroule l’histoire de sa famille.
Nous en avons un exemple intéressant en la personne d’Alex Haley, descendant d’esclave africain transporté aux Etats-Unis et auteur du livre Racines. Après avoir retrouvé, en Afrique, l’ethnie dont était issu son ancêtre Kounta Kinté et avoir fourni au griot le nom de cet ancêtre, le griot a commencé à réciter la liste des noms de la famille et en arrivant à Kounta Kinté, il s’est mis à raconter ce qui lui était arrivé : « Ce matin-là, Kounta Kinté est parti en forêt chercher du bois pour fabriquer un tambour et il n’est jamais revenu », (pour la raison bien simple qu’il a été capturé par des esclavagistes qui l’ont emmené en Amérique, ce qu’ignorait bien sûr le griot).
On imagine le choc d’Alex Haley de retrouver sur la bouche de ce griot ce que ses ancêtres déportés en Amérique lui avait raconté de l’aventure arrivée à ce Kounta Kinté !
« Cet homme du fin fond de l’Afrique me racontait exactement, au mot près, ce que ma grand-mère m’avait inlassablement dit et redit sur le porche de sa maison de Tennessee. Ce qu’elle-même tenait de la bouche de son père, George, qui, lui, l’avait appris de sa mère Kizzy, qui, elle, avait rapporté ce que lui avait transmis son père, Kounta Kinté. » (8)
Cerveau-mémoire et cœur-mémoire
En français, nous disons que nous apprenons par cœur, ce qui semble indiquer que la sagesse populaire place le siège de la mémoire dans le cœur. En réalité, il s’agit d’une perception largement partagée par tous les milieux traditionnels de style oral pour lesquels le cœur est le siège de la mémoire et de la pensée. Dans l’anthropologie biblique, il est clair que le cœur « est le siège des facultés et de la personnalité, d’où naissent pensées et sentiments, paroles, décisions, action » (9) :
« Il leur donna un cœur pour penser. »
(Si 17, 6)
« Heureux l’homme…qui réfléchit dans son cœur… »
(Si 14, 21)
« La racine des pensées, c’est le cœur. »
(Si 37, 17-18)
« Son cœur ne formait que de mauvais desseins
à longueur de journée. »
(Gn 6, 5)
« C’est du trop-plein du cœur que la bouche parle. »
(Mt 12, 33)
« C’est du dedans, du cœur des hommes que sortent les desseins pervers. »
(Mt 7, 21)
Le cœur est aussi le siège de la mémoire, dans cette même anthropologie biblique :
« Toute proche de toi est la parole,
elle est dans ta bouche et dans ton cœur
pour la faire. »
(Dt 30, 14)
Il me revient en mémoire cette anecdote relatée par Carl Jung, lors de sa rencontre avec des Indiens Pueblos :
« Vois, disait Ochuray Biano, comme les Blancs ont l’air cruel. Leurs lèvres sont minces, leurs nez pointus, leurs visages sont sillonnés de rides et déformés, leurs yeux ont un regard fixe, ils cherchent toujours. Que cherchent-ils? Les Blancs désirent toujours quelque chose, ils sont toujours inquiets, ne connaissent point le repos. Nous ne savons pas ce qu’ils veulent. Nous ne les comprenons pas, nous croyons qu’ils sont fous !
« Je lui demandai pourquoi il pensait que les Blancs étaient tous fous.
« Il me rétorqua :
« Ils disent qu’ils pensent avec leurs têtes. »
- « Mais naturellement ! Avec quoi donc penses-tu ? » demandai-je, étonné.
- « Nous pensons ici » me dit-il, en indiquant son cœur. » (10)
Je pense également au témoignage de Marcel Jousse relatant sa rencontre avec le champion des improvisateurs basques des années 1920, Matxin Irabola. Lorsque Marcel Jousse lui demanda comment il s’y prenait pour improviser, celui-ci lui répondit, en montrant son cœur : « Quand çà cause-là, je cause ; quand çà ne cause pas là, je ne cause pas ! ».
Se pourrait-il que la sagesse traditionnelle se trompe à ce point, en situant le siège de la pensée et de la mémoire dans le cœur, alors que les recherches modernes sur le fonctionnement du cerveau tendent à y placer le siège de la pensée et de la mémoire ? Ou la sagesse traditionnelle n’attirerait-elle pas notre attention sur deux faits importants ?
Le premier, puisque cette même sagesse traditionnelle place également dans le cœur le siège de l’affectivité, est la relation très forte qui existe entre pensée, raison, mémoire et affectivité, ce que redécouvre, me semble-t-il les recherches actuelles.
La semaine dernière, nous avions sur France 2 une émission intitulée Les pouvoirs extraordinaires du corps humain, le cerveau, dans laquelle on montrait, à l’occasion d’un voyage majestueux dans l’Ouest américain, du Grand Canyon à la Californie, l’impact de l’émotion sur le raisonnement. Et dans son livre intitulé L’homme, cet étrange animal Jean-François Dortier, reprenant la thèse de A. Damasio, écrit ceci :
« Si les émotions et les capacités de réflexion stratégiques sont perturbées en même temps, c’est qu’il existe un lien entre elles. Il est possible que l’émotion soit parfois un bon guide dans nos choix. Par exemple, la peur (de prendre trop de risques) peut être bonne conseillère. De même, l’empathie est un élément essentiel de la bonne gestion des relations sociales. Si une personne n’a pas peur de l’argent, elle peut faire prendre des risques financiers énormes. Si elle n’a pas plus peur de choquer son voisinage, elle va alors se comporter sans retenue, au risque de se déconsidérer aux yeux de tous. […] Contrairement à ce que pensait R. Descartes, les émotions ne sont pas opposée à la raison. Elles pourraient même intervenir comme un régulateur des choix rationnels. » .(11)
Le second est celui rappelé constamment par Marcel Jousse dans son œuvre anthropologique : « On pense, on mémorise avec tout son corps ». Sans aucun doute, la puissance mnémonique de la récitation rythmo-pédagogique que propose Marcel Jousse est due à la charge affective qu’elle comporte, non seulement par le plaisir qu’elle procure en mettant en œuvre tout le corps, mais aussi par l’impact émotionnel que provoque le mimisme des choses en nous faisant devenir ces choses.
Essence communautaire de la mémoire humaine
Lorsque j’ai mémorisé, auprès de Gabrielle Baron, collaboratrice de Marcel Jousse et héritière de son œuvre après sa mort, les quelque soixante-quinze récitations rythmo-pédagogiques d’Evangile créées par Marcel Jousse lui-même, je les ai mémorisées en groupe d’appreneurs. Depuis, j’ai continué la création de nouvelles récitations qu’il a fallu que je mémorise, mais cette fois-ci individuellement avant de pouvoir les retransmettre à des groupes. Et c’est là que j’ai fait une prise de conscience très intéressante : autant j’ai appris avec plaisir, facilité et efficacité au sein d’un groupe, autant il est moins agréable, moins facile et moins efficace d’apprendre seul.
Ce qui me permet d’affirmer que la mémorisation, si elle vise en définitive à devenir l’acquisition individuelle d’un texte, doit être d’abord être le travail collectif d’un groupe. Sans compter que réciproquement, cette mémorisation collective crée une cohésion de groupe remarquable.
On comprend que les cultures traditionnelles de style global soient si communautaires (je ne dis pas « communautaristes »), alors que la culture occidentale de style écrit soit devenue si individualiste.
Cela permet de souligner au passage l’erreur fondamentale de la pédagogie scolaire qui, d’une part, parce qu’elle est frappée d’une méfiance congénitale vis-à-vis de la mémoire, néglige la mémorisation collective, mais, d’autre part, exige hypocritement des élèves une mémorisation personnelle, où l’élève est livré à lui seul, chez lui, dans l’ignorance totale des véritables lois de la mémoire, face à un exercice déplaisant et difficile.
En tant que professeur de collège, je puis témoigner, pour les avoir interrogés avant de les prendre en mains, de l’angoisse et de la déception des élèves qui, après avoir passé un temps laborieux à apprendre leurs leçons la veille au soir, se retrouvent le lendemain devant un trou noir au moment de l’interrogation. Je puis également témoigner du plaisir que ces élèves manifestaient pendant les séances collectives de mémorisation des théorèmes de mathématiques ou de poésies que je leur proposais et combien ils en redemandaient, surpris de la facilitation et de l’efficacité de cette mémorisation collective.
Notes
1 Marcel JOUSSE, La Manducation de l'Enseigneur, 2ème partie inédite, pp. 133-133'.
2 Marcel JOUSSE, Hautes Etudes, 12 février 1935, 12ème cours, Les personnages traditionnels de la parabole, pp. 233-235.
3 Marcel JOUSSE, Mimisme humain et psychologie de la lecture, Geuthner, 1935, pp. 4-5.
4 Marcel JOUSSE, La Manducation de l'Enseigneur, 2ème partie inédite, p. 134.
5 François CHENG, Cinq méditations sur la beauté, Albin Michel, 2006, p. 154.
6 Marcel JOUSSE, L’Anthropologie du Geste, Gallimard, 1974, p. 164.
7 Marcel JOUSSE, L’Anthropologie du Geste, Gallimard, 1974, p.185.
8 Cf. Alex HALEY, Racines, édition Alta, Paris, 1977.
9 Bible de Jérusalem, Le Cerf, 1974, note b p. 39.
10 Carl Gustav JUNG, Ma vie, Gallimard, p. 286.
11 Jean-François DORTIER, L’homme, cet étrange animal… Aux origines du langage, de la culture et de la pensée, Sciences humaines Editions, 2004, p. 134.