Notre petite agnelle est née à Rome de parents riches, comme d’habitude chez les petits Bollandistes, et pas dans une banlieue. Cette fois-ci, ses parents ne sont pas désignés comme "nobles". Pourtant, Procope, le fils du gouverneur de Rome était fou d’amour pour elle.

Je ne sais pas ce qu’elle avait reçu comme éducation, mais il est vrai qu’il ne suffit pas d’avoir reçu une bonne éducation pour être au clair. Elle n’avait tout de même pas l’air de mordre la vie à pleines dents.

Procope ne s’était pas encore déclaré. Bien qu’étant très belle, Agnès ne devait pas être facile d’accès. Un jour, il arriva à ses fins et parvint auprès d’elle pour lui déclarer sa flamme. En plus il avait apporté des cadeaux. Gentil tout ça !

Et pourtant, il avait à peine ouvert la bouche qu’Agnès lui rétorqua :

Les petits Bollandistes disent que sa réponse était pleine de modestie chrétienne

- "Retire-toi, tison d’enfer, aiguillon de péché, pierre de scandale et appât de mort ! Ne pense pas que je sois jamais infidèle à mon Époux à qui je me suis tellement unie, que mon âme ne vit que de son amour. Ne flatte pas non plus ta pensée qu’il y ait quelque mérite en toi qui te puisse justement faire prétendre à être son rival; car il possède six qualités qui le rendent incomparable et uniquement digne d’amour. Il est noble, il est beau, il est sage, il est riche, il est bon, il est puissant... Quand je l’aime je suis chaste; quand je m’approche de lui, je suis pure, et quand je l’embrasse je suis vierge."

Pauvre Procope, heureusement qu’il était assis. Il pensa qu’elle était tout de même un peu frappée. Il crut qu’elle était possédée et qu’elle parlait en frénétique. Ca lui fit un tel effet qu’il en tomba malade, mais aussi malade de jalousie.

Symphrone, son père, connaissant la raison de sa maladie convoqua Agnès. Il essaya de la persuader d’épouser son gamin mais on sentait bien qu’elle était "ailleurs". Quelqu’un lui dit "vous savez Symphrone, c’est une chrétienne, habituée comme tous les autres aux pratiques de la magie. Le Dieu qui la possède, c’est le Dieu des Chrétiens."

Symphrone trouva là un prétexte pour venger son fils.

Il dit à Agnès : "Marie-toi où tu subiras le châtiment." Elle lui répondit :"Ne vous échauffez pas Préfet, je ne changerai pas d’avis. De toutes manières j’ai un ange avec moi pour me protéger, il prendra ma défense de façon merveilleuse.Je suis un mur qu’on ne saurait forcer".

Le préfet se mit dans une rage folle et ordonna qu’on déshabille complètement Agnès et qu’on la conduise dans un lieu infâme. Un trompette allait devant le cortège en criant que c’était Agnès la magicienne, la sorcière, qu’elle était conduite dans un lieu d’infamie et que ceux qui voulaient pouvaient y aller pour abuser d’elle.

Derrière le cortège, ça commençait à se presser.

Mais au moment où l’on déshabilla Agnès, ses cheveux poussèrent d’un seul coup et devinrent suffisamment grand pour envelopper tout son corps. Lorsqu’elle fut poussée dans la maison d’infamie, un ange lui donna une belle robe blanche pour se rhabiller et la chambre fut éclairée d’une vive lumière.

Tous les jeunes et les moins jeunes qui y entraient en ressortaient chastes et convertis. Tous ceux qui y entraient par incontinence en ressortaient incontinent et remplis de contrition.

Procope qui avait appris ce que son père avait fait à Agnès, alla tout à coup beaucoup mieux. Il se leva et alla incontinent à la maison infâme. Une fois entré, il ne se laissa pas distraire par la lumière ni par l’ange ni par la robe blanche, il fonça sur Agnès et tenta de la violer. Mais l’ange le frappant au coeur, il tomba raide mort.

Symphrone apprenant que son fils était tombé aux pieds d’Agnès, courut désespéré à l’infâme maison et traita Agnès de tous les noms : sorcière, furie sortie des enfers, enchanteresse, harpie, monstre. Puis il se calma et lui demanda pourquoi elle avait tué Procope. Elle lui répondit qu’elle n’avait rien fait, que ce n’était pas elle mais que c’était Procope qui, par son audace s’était mis en situation d’infarctus.

Toute infraction amène une punition !  La preuve, les autres obsédés qui étaient entrés dans la maison infâme en étaient ressortis tranquillement parce qu’ils avaient vu clair à temps.

Symphrone se jeta à ses pieds et la supplia de rendre la vie à son fils. Ainsi on connaîtra qu’elle ne l’a pas tué en usant de charmes magiques. Elle renvoya Symphrone hors de l’infâme maison et se mit en prière, ce qui fit ressusciter l’infâme cadavre de Procope.

Le père et le fils crièrent alors partout que le Dieu des chrétiens était le seul vrai Dieu. "Il n’y a de Dieu que le Dieu des chrétiens!"

Mais la foule, influencée par les chefs idolâtres, cria très fort : "que la magicienne meure ! Elle qui fait devenir les hommes comme des bêtes !"

Symphrone, entendant tout ça, prit peur. Comme il ne voulait plus condamner Agnès, il demanda à son lieutenant Aspase de prendre l’affaire en main et se retira pour se cacher. L’infâme !

Aspas ayant allumé un grand feu, fit jeter la vierge au milieu. Mais les flammes se divisèrent pour protéger Agnès et se lancèrent sur les spectateurs dont quelques-uns furent bien brûlés. Elle aurait pourtant dû se consumer avec sa toison. Mais se consumant pour son divin époux, Agnès se mit en prière et le feu s’éteignit.

La foule rugissait. Aspase, pour la calmer, fit donner un coup de glaive à la gorge d’Agnès. Il en sortit tant de sang qu’elle en fut complètement couverte.

Avant de recevoir ce dernier coup, elle s’enveloppa dans son vêtement afin de mourir dans la pudeur.

C’était le 21 janvier de l’an 304, une troupe d’ange vint chercher son âme et l’accompagna sur les voies du ciel.

Emérentienne, sa soeur, (23 janvier) s’occupa de ramasser ses reliques. Bien mal lui en prit, elle fut lapidée.

Huit jours après sa mort, Agnès apparu à ses parents, au milieu d’une multitude de vierges habillées de robes et de draps d’or, couronnées de guirlandes et de pierres précieuses. Elle tenait un agneau à ses côtés.

Quelques années plus tard, Constance, la fille de l’empereur Constantin, qui était couverte de plaies et qui sentait mauvais, résolut d’aller au tombeau de Sainte Agnès. Un fois près du tombeau, elle s’endormit. Pendant son sommeil, Agnès lui apparut et lui promit qu’elle serait guérie des ses plaies et qu’elle ne sentirait plus mauvais. A son réveil elle était complètement guérie.

21 janvier

 

Agnès et Procope

  texte WB

 

Sainte Agnès

(pureté)

 

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