C’est
Saint Martial de Limoges qui érigea l’évêché de
la ville d’Agen. Mais cet évêché resta longtemps
sans évêque. Ce
n’est qu’à la fin du IIIe siècle que saint Caprais
fut le premier évêque - connu - d’Agen.
Sous
le règne de l’empereur Maximien fut envoyé vers Agen
une délégation chargée de réduire les superstitions
chrétiennes. Un certain Dacien, leur chef, ne manquait pas d’exceller
dans le genre massacre.
La
plupart des chrétiens avait fui la ville pour se réfugier
dans la campagne environnante.
La
confrontation avec Dacien n’était pas chose facile.
C’est
une jeune fille chrétienne, nommée Foi, ou Foy, née à Agen,
belle à souhait et connue pour ses vertus qui fit le premier pas,
malgré elle.
Elle
fut convoquée par le gouverneur. Je ne sais pas ce qu’ils
se sont raconté mais les Petits Bollandistes ont le génie
d’inventer des dialogues surfaits au sein desquels règne une
langue de bois sanctifiante qui ferait pleurer si l’on arrivait à y
croire.
Ces
dialogues, ils les appliquent à toutes les situations dans lesquelles
les futurs martyrs sont aux prises avec leurs futurs persécuteurs.
Personnellement,
j’ai tendance à penser qu’il n’y avait pas beaucoup
de dialogues possibles avec des militaires choisit sans doute pour leurs
aspects grossiers, agressifs et vindicatifs, à l’image de
leur empereur tel Dioclétien assoiffé de pouvoir.
Cela
ne les empêchait pas d’avoir une inspiration raffinée
en ce qui concerne les tortures infligées à leurs victimes.
(rien n’a bien changé depuis)
On
fit venir un lit d’airain sur lequel on coucha Foy puis on mit le
feu en dessous.
Caprais,
inquiet de ce qui se passait, eut l’audace de descendre de la colline
où il se cachait et aperçut de loin la Belle Foy couchée
sur un lit de feu. Il invoqua intensément le ciel puis il vit briller
sur la tête de Foy une couronne qui brillait de mille couleurs. Une
colombe descendit se poser sur la tête de Foy et l’environna
avec un linge éclatant comme le soleil puis étendit ses ailes
d’où tomba une pluie fine qui éteignit le brasier.
Caprais
comprend qu’il s’agit d’un signe lui indiquant son futur
martyre. Il frappe alors le rocher sur lequel il s’était appuyé et
voila qu’en jaillit une source qui n’a jamais tari depuis.
Puis
il fonce vers le lieu du martyre de Foy et entre devant les soldats et
le gouverneur sans ressentir de crainte.
Caprais était
beau et fort et donc impressionnant. Dacien lui proposa de faire partie
de sa suite moyennant toute une série d’avantages. Mais Caprais
refusa. Dacien furieux le fit torturer. Mais voila qu’Alberte, la
soeur de Foy surgit devant tout le monde en annonçant sa croyance.
Puis arrivent aussi Prime et Félicien, deux frères chrétiens
habitants Agen.
S’ensuivent
nombres d’habitants qui emboîtent le pas des martyrs
Comme
les bourreaux ne suffisent pas aux exécutions, la foule s’y
met alors avec tout ce qui lui tombe sous la main, pierres, poignards, épées
etc.
On
l’invoque contre la peur.
C’est
au IXe siècle que le corps de Sainte Foy fut emporté furtivement
par un moine qui le porta à Conques. Arinisdus, moine de l’abbaye
de Conques troqua ses habits monastiques contre ceux d’un pèlerin
et se rendit à Agen où il demeura 10 ans. On s’habitua à sa
fidélité. Un jour de l’Épiphanie, il se proposa à garder
les reliques plutôt que de participer au repas festif. Pendant que
tout le monde mangeait, il s’approcha des reliques, les déroba,
les mit dans un sac et s’enfuit vers Conques.
Le
lendemain on s’aperçut du larcin et tous furent consternés.
Il poursuivirent Arinisdus jusqu’à Conques mais ne le trouvèrent
pas et revinrent bredouilles. Pendant ce temps là, Arinisdus poursuivait
tranquillement son chemin en faisant des miracles cà et là.
Il fut accueillit à Conques avec triomphe. Les moines vinrent à sa
rencontre en procession, sans doute le 14 janvier 866.
Le
récit de l’enlèvement fut mis en vers au XIe siècle..
Une
partie de ses reliques furent dispersées. On en trouve en Catalogne,
en Angleterre et en Normandie. Mais la tête est resté à Agen.
On
représente Caprais, à genoux, près d’une fontaine.
Il est patron de Saint Vrain en Ile-de-France. Sa tête est aussi à Agen.
On
construisit, à Conques, la fameuse statue de Sainte Foy, merveille
d’or et de pierreries. Quand une menace planait sur le pays, les
moines sortaient la statue en la plaçant sur un cheval très
doux. Le clergé suivait en frappant des cymbales et en soufflant
dans des olifants.
On
raconte que sainte Foy faisait sa justice elle-même. Un assistant à la
procession murmura : “Oh ! que je souhaiterais que la statue tombe à terre.
J’en recueillerais les lames d’or brisées.” Il
n’avait pas fini que son mulet lui jeta une ruade qui le fit tomber à terre.
Un
jour, un jeune homme avait volé une paillette d’or dans un
moule qui avait servi à fabriquer l’autel d’or de sainte
Foy. Elle lui apparut sous forme de statue et lui demanda de restituer
l’or.. Comme il ne voulait pas s’exécuter, Sainte Foy
lui apparut à nouveau tenant une baguette avec laquelle elle visa
l’oeil du jeune homme. Il eut si peur qu’il rapporta l’or
dès le lendemain.
Sainte
Foy rayonna bien au-delà de la France grâce aux chemins de
saint Jacques. Elle devint Santa Fé dans les deux Amériques.
Quelquefois on identifie sainte Foi à l’histoire allégorique
d’une des filles de sainte Sophie.