18 juin
“S’il pleut
la veille de la Saint Gervais, pour les blés c’est signe
mauvais.”
Hormis Saint Léonce qui est honoré surtout vers le
Liban, il y a, aujourd’hui Sainte Marine surnommée la déguisée
qui nous amène une histoire bien marinée.
Son père s’appelait Eugène. Il perdit sa
femme. Sentant le désir de renoncer au siècle, il recommanda sa
fille Marine à l’un de ses parents puis se rendit dans un
monastère.
Tout allait bien sauf que de temps à autre, ses yeux se
mouillaient de larmes et la mélancolie l’habitait. C’est que
le souvenir de la fille qu’il avait laissée dans le monde semait
le trouble dans son âme. L’abbé s’en aperçut et
lui demanda ce qui le tourmentait. Eugène lui répondit : “mon
père, j’ai laissé dans le monde un enfant encore bien jeune
et c’est son souvenir qui cause mes peines.”
L’abbé lui répondit : “Eugène,
je vous permets d’aller le chercher et de l’amener au couvent.”
Eugène, très heureux de la réponse de
l’abbé, courut chercher sa fille. Il lui coupa les cheveux, lui
fit revêtir un habit de garçon, changea son nom de Marine en Marin
et lui ayant fait promettre de garder le secret jusqu’à sa mort,
il l’emmena au couvent.
Ainsi, “frère” Marin vécut parmi les
moines.
Il n’avait encore que 17 ans lorsqu’il perdit son
père. Marin, noyé dans la tristesse, resta alors dans sa cellule.
Les moines allaient souvent faire des provisions à un
marché qui se trouvait à trois lieues de là. Ils se
servaient pour cela d’une charrette. On se plaignit de ce que Marin ne
les accompagnait pas. L’abbé lui fit des reproches et depuis,
Marin se joignit au groupe de moines pour les aider dans leur tâche.
Lorsqu’il était trop tard pour revenir coucher au
monastère, il restait avec les autres frères dans un hôtel
qui se tenait près du marché.
Le patron de l’hôtel avait une fille qui
s’était laissée séduire par un soldat. Ses parents
s’en aperçurent, la battirent et la forcèrent de nommer son
séducteur. Elle nomma frère Marin.
Le père courut donc au monastère pour se plaindre
auprès du père abbé. Celui-ci fit venir Marin qui,
après avoir jeté ses yeux au ciel et réfléchi
quelques instants, lui dit : “Je suis très coupable et je suis
disposé à faire pénitence”.
La fille de l’hôtelier ayant mis au monde un fils
l’envoya, dès qu’il fut sevré, au frère Marin
en disant : “voila votre enfant, nourrissez-le comme vous pourrez”. Marin
l’accepta comme si c’était son fils et lui donna des soins
en le nourrissant des aumônes qu’elle recevait.
Après cinq
années de cette vie, les frères du monastère furent
touchés de compassion, supplièrent l’abbé de
recevoir à nouveau Marin dans la communauté. L’abbé
accepta à condition qu’il balaye toute la maison, qu’il
aille chercher de l’eau, qu’il nettoie les chaussures de tous les
frères et qu’il les serve tous.
Pendant qu’ils préparaient le corps, quelle ne fut
pas leur surprise de découvrir qu’ils n’avaient pas à
faire à un frère mais à une femme ! Ils se mirent tous
alors à crier en se frappant la poitrine : “comment a-t-elle
put souffrir tant de peines, tant de mauvais traitements et de mépris
sans dire un mot ?”
L’abbé tomba à genoux et supplia la servante de Dieu
de ne point lui en vouloir car il avait agit par ignorance. “Vous ne
m’aviez pas déclaré votre secret, hélas !”
Le corps de Marin-Marine fut alors enterré dans
l’oratoire du monastère. La fille qui avait diffamé Marin
tomba dans un accès de fureur et fut possédée par un
démon. On l’amena au monastère où elle fut délivrée
de sa possession après sept jours.
Sainte Marine mourut en 750. C’est en 1230 que ses
reliques furent transportées de Constantinople à Venise. La
translation se fête le 17 juillet. Marine était la patronne
d’une paroisse de Paris.