6 juillet
La Vita d'un saint est intéressante dans la mesure
où le versant historique n'étouffe pas le versant mythique. Sinon,
elle devient un simple curriculum vitae. Mathilde est encore assez
"intéressante" puisqu'on dit d'elle qu'elle n'a rit qu'une
fois dans sa vie : à son chant du cygne
Le 6 juillet, c'est, entre autres, sainte Mathilde ou Mechtilde. (puissance au combat).
Un mythe redondant chez les petits Bollandistes est celui de la
naissance de « haute condition » - alliée à la
piété, en opposition à la naissance de « basse
condition »
alliée au vice. Ca n'est pas loin de notre mythification de
l' « analphabète » associé à la
« malnutrition » et à la misère. Il faut
reconnaître que la mentalité de 1885 prête à ce genre
de « racisme ordinaire ».
Mathilde est plutôt bien nantie. Elle est née en
Bavière au château de Diessen, au 12eme siècle.
Son père était comte et s'appelait Berthold. Il
était parent de l'empereur Frédéric Barberousse. Sa
mère était une dame « d'égale condition » et s'appelait
Sophie.
Comme ils étaient pieux, ils changèrent le
château de Diessen en un grand monastère.
Dès l'âge de cinq ans, Mathilde fut placée et
élevée au monastère.
Elle paraissait comme un ange qui aurait pris la forme d'un
enfant.
Plus avancée en âge, elle commença à
mortifier son corps, etc. Dans toute sa vie, elle n'a mangé qu'une seule
fois de la viande. De même, elle s'interdisait de boire du vin.
Pas étonnant qu'elle fut tout le temps malade ! Mais elle n'utilisait jamais de
remède corporel. Elle voulait imiter ainsi sainte Agathe qui, dans sa
vie, n'aurait jamais utilisé de remède.
S'ensuit une description, banale et redondante chez les Petits
Bollandistes, de tous ses actes vertueux.
Une de ses qualités était que, tout de même,
lorsqu'elle était obligée de voir du monde et de faire une
conférence, elle la terminait en quelques mots. Elle n'était donc
pas bavarde.
Elle finit par devenir supérieure de la communauté.
Il y avait en Souabe, à Edelstetten, un monastère
qui avait mal tourné. La supérieure de ce monastère
étant morte, l'évêque du lieu sollicita Mathilde pour
s'occuper de remettre le monastère dans la voie de la règle.
Les religieuses avaient même supprimé la
clôture, elles entraient et sortaient comme elles voulaient.
Mathilde, suivant la parole du cantique : « Ma
soeur, mon épouse, est un jardin fermé et une fontaine
scellée »
fit solennellement refermer la clôture par l'évêque.
Si Mathilde couchait sur une paillasse, elle voulait que ses
soeurs couchent sur des matelas avec des draps et des traversins. Elle voulait
surtout qu'elles soient propres. On peut, disait-elle être pauvre sans
être malpropre et fuir le luxe sans aimer la saleté.
Après avoir fait ce travail de redressement, Mathilde se
mit à faire des miracles.
Elle fut alors amenée à faire un voyage à la
cour de Frédéric Barberousse son cousin. Elle y fut bien
accueillie et logea dans le palais. Elle ne refusa pas de manger à la
table commune à condition que, pendant que les autres convives
mangeraient des mets délicieux, elle ne mangerait que des légumes
et ne boirait que de l'eau, parce que c'était le repas du
prophète Daniel.
Le maître d'hôtel lui apporta de l'eau mais
lorsqu'elle la goûta, elle trouva que c'était un excellent vin.
Mathilde s'en plaignit et lui rendit la coupe en lui demandant de l'eau. On
envoya chercher de la même eau, mais lorsqu'elle la goûta,
c'était encore du vin. Le maître d'hôtel en buvant l'eau
reconnu que c'était le vin le plus fameux de ceux qu'il avait bu
jusqu'à présent.
Une troisième fois, il alla puiser de l'eau lui-même.
Mais dès que Mathilde la goûta, c'était toujours du vin.
Les convives étaient en admiration devant le prodige :
Dieu, dans sa bonté faisait à Mathilde un cadeau.
L'histoire ne dit pas si Mathilde a continué à boire
mais le miracle la décida à repartir rapidement vers son
monastère où elle délivra de son démon une fille
sourde et muette qui était livrée à des comportements
honteux et extravagants.
Finalement, elle retourna à Diessen dans son premier
monastère. Son père avait offert un festin à la
communauté. Le directeur spirituel de Mathilde l'obligea non seulement
à participer au repas mais aussi à manger de la viande, elle qui
ne mangeait que des légumes. En sortant du festin, elle entendit une
voix qui disait : « O Mathilde, sache que tu as été
repue aujourd'hui, non pas avec Ésaü (les lentilles) le
réprouvé, mais avec Élie qui a été transporté
dans les airs. »
Peu après, sur son lit de mort, elle vit d'un
côté (sûrement à gauche) les démons qui lui
reprochaient quelque chose, ce qui la fit paraître triste, mais, au
même moment, elle vit, de l'autre côté, des anges qui repoussaient les démons et
qui l'attendaient pour la porter au ciel. Cela la fit sourire pour la
première fois de sa vie.
On croit qu'elle communia de la main des anges parce que peu de
temps avant de mourir, elle ouvrit la bouche, passa la langue, la retira et
avala quelque chose, puis on la vit faire comme si elle avalait le sang
précieux du calice.
Elle mourut le 6 juillet 1160.
Après sa mort, les cheveux de sainte Mathilde chassaient le
tonnerre et les tempêtes. Il suffisait de les suspendre en l'air pour
arrêter la fureur des éléments.
Comme quoi, on peut faire partie d'une famille royale et avoir des
cheveux qui chassent l'orage et la tempête. Faudrait voir du
côté de la reine d'Angleterre ! Il y a des comptines instructives
à ce sujet.