4 mai
Voici un petit
résumé de la vie de Sainte Monique, mère de Saint
Augustin, que l’on fête le 4 mai. Je crois qu’elle fait
partie de la charrette des Saints déplacés par le tremblement de
ciel de 1969 au Vatican. On a dû la mettre avec son fils au 28
août. Il faut dire qu’il l’aimait beaucoup malgré
qu’elle fut picoleuse.
Inutile de vous dire que
Monique signifie “unique” “seule”. Elle préfigure les “monos”.
Elle est née en 332
à Tagaste que l’on nomme aujourd’hui Souk-Arras à
Hippone. Son éducation fut confiée à une vieille servante
un peu grognarde mais vigilante.
Comme beaucoup de futures
saintes, elle priait tout le temps, même la nuit et elle portait du pain
aux pauvres. Elle le cachait dans son sein et, à la fin du repas, elle
courait chercher un pauvre pour lui donner.
Mais il lui apparut un
défaut. Comme elle était chargée d’aller chaque jour
au cellier pour y chercher le vin, elle se laissait souvent aller, en reprenant
la cruche, à se baisser un peu plus afin d’y coller ses
lèvres. Puis elle en buvait je ne sais combien de gorgées. Les
petits Bollandistes disent que ce n’était pas par amour du vin
mais par “cette espièglerie et cette gaieté de la
jeunesse qui se plaît aux choses défendues.”
Moi, je veux bien, mais comme
c’était assez répétitif, elle en buvait de plus en
plus. Elle y descendait toujours avec une servante qui était
témoin de ses penchants. Un
jour qu’elles se disputaient, la servante lui lança “espèce
de buveuse de vin pur !” Monique rougit et reconnaissant la laideur de son
péché, elle ne fit pas que mettre de l’eau dans son vin,
elle s’en corrigea pour toujours.
Il paraît qu’elle
était intelligente et qu’elle avait toujours soif
d’apprendre. De plus, elle refusait toujours de se vêtir avec des robes
de luxe.
A la sortie de
l’adolescence, elle fut demandée en mariage par un païen :
Patrice. Il était violent, coléreux et de moeurs
légères. Mais, il paraît qu’il avait le coeur plus
grand que la fortune. On la maria quand même. Sa belle-mère
était impérieuse et acariâtre et les servantes se livraient
à la calomnie contre Monique.
Monique mesurait
quotidiennement ce qui la séparait de Patrice et lui ne comprenait rien
à Monique.
Mais Monique ne lui reprocha
jamais rien. Elle pleurait quand il n’était pas là. Elle
utilisa la douceur et la discrétion. Même quand ses amies venaient
la trouver avec des ecchymoses plein le visage, qu’elles avaient
reçues de leur maris, elle leur disait “prenez-vous en à
votre langue !”
Mais Patrice ne la frappa
jamais. Quelquefois il bondissait et menaçait mais sans aller plus loin.
“de son doux regard, elle le contint toujours”.
Grâce à cette
patience, Patrice se transforma peu à peu, puis changea tout à
fait. Il abandonna ses infidélités, se donna entièrement
à Monique et lui fit un enfant : Augustin.
Puis, il lui fit encore un
garçon : Navigius, et enfin une fille : Perpétue.
Ils avaient tout pour
être heureux. Mais Patrice retomba dans ses tristes frasques et ne
s’intéressa plus à sa famille.
Sans se décourager, Monique
s’occupa particulièrement d’Augustin à qui elle
inculqua une conscience dont il bénéficia toute sa vie.
Un jour, Augustin tomba
gravement malade. Monique, désespérée à
l’idée de perdre son Augustin, courut partout pour le faire
baptiser. Ce serait toujours ça de gagné. Patrice
légèrement re-intéressé par ce qui se passait,
laissa faire Monique et ne la gêna pas, mais une fois le danger
passé, Patrice refusa le baptême à Augustin.
Monique s’y
résigna et reprit son attitude patiente vis-à-vis de son mari, sa
belle-mère et les servantes. Elle y gagna la paix.
Quand Augustin fut en
âge de faire des études, elle le confia à des maîtres
de Tagaste. Mais Augustin se révéla infiniment paresseux. De
plus, il avait un dégoût pour l’étude. Avec ça,
il était devenu prétentieux, cherchant toujours à se faire
valoir et montrant un amour immodéré pour les jeux et les
plaisirs. Comme la ville de Tagaste n’offrait pas assez de garanties pour
son éducation, Monique conduisit son fils à Madaure, la patrie
d’Apulée. Elle y laissa son fils et revint près de son mari
qui commençait de nouveau à changer dans le bon sens : il avait
fait un premier pas vers la religion. Puis, il se convertit.
Mais Augustin échappait
de plus en plus à Monique et ne comprenait plus le langage de sa
mère.
Elle le conduisit alors
à Carthage. Mais dans une ville aussi corrompue, Augustin ne tarda pas
à tomber dans les excès.
Monique, affligée,
pleurait tellement que, quelquefois, quand elle quittait l’église,
sa place était toute baignée de ses larmes.
L’Église a
d’ailleurs institué au 4 mai, en l’honneur de Sainte
Monique, une fête des larmes des mères chrétiennes. Tout
l’office est sur le ton des larmes de Sainte Monique. Enfin, elle pleurait pire que la
Madeleine.
Mais, elle ne pleurait pas
seule, figurez-vous que Patrice, lui aussi, s’était mis à
pleurer, à la fois sur ses péchés et sur ceux de son fils.
Ca le rendit malade, tellement malade qu’il en mourut, assisté par
Monique.
Patrice mort, plus aucun
obstacle ne gêna Monique pour arriver à un degré de haute
vertu.
Elle jura de porter toute sa
vie le deuil de son mari. Elle s’enferma dans la solitude et se voua au
silence. Elle jeûna plus fréquemment, secourut les pauvres et les
soignait.
Elle visitait les
hôpitaux, passait de longues heures au chevet des malades et
ensevelissait les morts. Elle éleva plusieurs orphelins. Mais surtout
elle consolait les veuves et les femmes mariées.
Comble de l’horreur,
Augustin était devenu Manichéen !
Au début des vacances,
elle résolut d’attendre son retour à Tagaste. Quand il
arriva, il commença à prêcher les doctrines
manichéennes. Monique s’indigna et après lui avoir fait un
long sermon, elle le chassa de la maison avec ordre de ne plus y rentrer.
Mais dès
qu’Augustin fut parti, Monique s’écroula et se mit à
pleurer en appelant Dieu à son aide.
Elle eut alors un songe.
“Il lui semblait (dit Saint Augustin) être debout sur une règle de
bois, triste et accablée, lorsqu’elle vit venir à elle un
jeune homme rayonnant de lumière, gai de visage et qui souriait à
sa douleur. En l’abordant il l’interrogea sur la cause de ses
larmes. Monique répondit qu’elle pleurait la perte de son fils.
Oh, reprit le jeune homme, ne vous inquiétez pas ainsi. Et, montrant du
doigt la règle de bois sur laquelle elle était, il ajouta : Voyez
votre enfant. Il est là où vous êtes. - Elle regarda alors
plus attentivement, et m’aperçut, en effet, auprès
d’elle, debout sur la même règle.”
Émue, Monique courut
trouver son fils et lui raconta le songe. Augustin essaya de
l’interpréter à son avantage mais Monique lui dit : “non,
non, il n’a pas dit : où il est tu seras, mais, Il sera où
tu es”.
Remplie d’espoir,
Monique permit à son fils de reprendre place à la table
familiale.
Peu après, elle
rencontra un évêque à qui elle raconta ses malheurs.
Il lui dit “Il est
impossible que le fils de tant de larmes périsse.”
Elle reçu alors une
lettre d’Augustin. Il lui disait son intention de quitter Carthage pour
aller s’établir à Rome. Monique décida
qu’Augustin ne quitterait pas Carthage où alors qu’elle
l’accompagnerait à Rome.
Elle se rendit à
Carthage et supplia son fils de l’emmener avec lui. Mais pendant
qu’elle pleurait dans une petite chapelle dédiée à
Saint Cyprien, Augustin avait prit un vaisseau en partance pour Rome.
Folle de douleur, elle passa
un long temps à crier et à pleurer au bord de la mer.
N’y tenant plus, elle
décida de partir pour Rome. Mais arrivée à Rome, Augustin
était parti pour Milan. Elle se dirigea donc vers Milan où elle
alla trouver Saint Ambroise qui la calma et lui conseilla de ne pas entrer en
discussion avec son fils. Monique continua à se taire, à prier et
à pleurer de ses larmes toutes-puissantes aux pieds des autels.
Après 17 ans, Augustin
revint bien changé, ayant retrouvé la foi chrétienne.
Monique le couvrit de tendres regards et l’arrosa de ses larmes. Elle le fit alors baptiser à
Milan.
Il retournèrent en Afrique.
Mais arrivé à Ostie, ils durent attendre quelques jours avant de
trouver un navire. Monique fut prise d’un accès de fièvre
et dut se mettre au lit. Elle eut une forte extase. En se réveillant,
elle dit :“vous enterrerez ici votre mère”.
Augustin se mit alors à
pleurer. Au bout de neuf jours, Monique s’envola vers les cieux.
Au dernier moment, alors
qu’elle demandait à communier, - ce qu’on lui refusait
toujours à cause de ses douleurs d’estomac - on vit entrer dans sa
chambre un petit enfant qui s’approcha de son lit et la baisa sur la
poitrine. Aussitôt, elle mourut. C’était en 387
On la représente
quelquefois avec à la main une ceinture. Les ermites de Saint Augustin
distribuent des ceintures bénites sous l’invocation de Sainte
Monique. (Cf. Les ceintures de Sainte Marguerite et celle de Saint Thomas et
plus couramment, celle de la Vierge.)
Le culte de Sainte Monique
n’est sorti de l’ombre qu’à partir du 7ème
siècle. Le pape Martin V fit chercher les reliques d’Ostie pour
les amener à Rome.
En 1850, à Paris, fut créée l’association des mères chrétiennes qui unissaient leurs prières pour la conversion de leurs fils ou leurs maris égarés. Cette association se multiplia dans toute la France.
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