SAINTE ODILE
13 décembre ou 14 décembre


Odile sur sa peau d'ours

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Calendrier décembre


Sainte Odile, patronne de l'Alsace. VIIIème siècle (patrimoine)
Odile, du germain ODAL, signifie richesse, patrimoine. (Alice, Adèle, etc.)


Avant Paul VI, Odile était au 13, le même jour que Sainte Lucie. Elles ont toutes les deux des rapports avec la cécité et la lumière. L'une de par sa naissance, l'autre de par son nom. En plein milieu de l'Avent, on attend la lumière du solstice. Mais il y a un proverbe qui dit : "A la sainte Luce, les jours rallongent du saut d'une puce." Or, nous ne sommes pas encore au solstice. Deux interprétations sont proposées. La première vient de ce qu'autrefois, sous le calendrier Julien, Lucie était au 24. Avec l'établissement du calendrier grégorien, elle fut ramenée 11 jours plus tôt, le 13. (Cf Sainte Thérèse d'Avila, morte le 5 octobre et enterrée le lendemain, le 16 octobre)
La seconde vient de spécialistes qui vous expliqueront que, en réalité, dès le 13 décembre, les jours commencent à rallonger. Mais il faut demander ça à un astronome car je suis bien incapable d'expliquer pourquoi et comment.


Jadis vivait dans la ville d'Oberehnheim, au pied de la montage de Hohenbourg, en Alsace, un puissant seigneur qui s'appelait Adalric. Il aurait été descendant d'Archambaud, maire du Palais sous Clovis II.
Il avait épousé Berhésinde, nièce de Saint Léger, évêque d'Autun. Il aimait se retirer de temps en temps dans la solitude et avait fait restaurer, sur la montagne de Hohenbourg un vieux palais en ruine. Il y construisit une demeure et deux églises. Berhésinde s'y retirait parfois en été.
Ils avaient tout pour être heureux mais ils n'avaient pas d'enfant et donc pas d'héritier. Ils prièrent beaucoup, et un jour, Berhésinde se trouva féconde.
Ils attendirent avec beaucoup d'impatience la naissance de l'héritier. Hélas ! c'était une fille ! De plus, elle était aveugle. (657)
Adalric, déçu, sombra dans le désespoir et la haine. Il décida que la naissance de l'enfant ne devait pas être connue et répandit le bruit que sa femme avait fait une fausse couche. On transporterait l'enfant dans un lieu caché. Berhésinde confia sa fille à une ancienne servante qui habitait Scherwiller, non loin de Sélestat. Elle lui demanda d'élever cette enfant comme sa propre fille et lui fit promettre de ne jamais révéler son origine. Adalric lui-même ignorait où était sa fille.
Quelques temps plus tard, des bruits couraient sur l'origine d'une fille aveugle qu'on élevait à Scherwiller et qui aurait l'âge de celle que Berhésinde aurait perdu... etc.
La mère fit donc transporter sa fille au monastère de Baumes-les-Dames en Bourgogne. Il faut dire que l'abbesse du monastère était la tante de Berhésinde.
On entoura la petite de tous les soins possibles. Elle y grandit chrétiennement en montrant une douceur agréable et une intelligence remarquable. A douze ans, elle n'était pas encore baptisée, sans doute en raison des coutumes du pays qui baptisaient tardivement.


Un jour, Erhard, évêque de Ratisbonne, en Bavière, eut une vision qui lui enjoignait d'aller à Baumes-les-Dames où il trouverait une enfant aveugle. Il devait la baptiser et lui donner le nom d'Odile.
Il passa par les Vosges pour visiter d'abord l'abbaye de Moyen-Moutier et proposa à son frère, l'abbé Hidulphe, de l'accompagner dans son voyage.
Dès leur arrivée, ils plongèrent l'enfant dans l'eau baptismale et disant "Odile, sois éclairée des yeux du corps et de l'âme".
Le miracle s'accomplit, Odile avait trouvé la vue
Adalric fut informé des circonstances du baptême de sa fille. Sa rancoeur fit place à la joie. Malgré cela, il ne rappela pas sa fille dans son château, pensant qu'elle serait mieux à Baume.
Pendant qu'Odile grandissait en sagesse auprès de sa tante, Berhésinde mit au monde quatre fils. Etichon, Adelbert, Hugues et Batachon et une fille Roswinde. Hugues était particulièrement beau, plein d'esprit et de générosité. Sa réputation parvint aux oreilles d'Odile qui l'aima sans l'avoir jamais vu. Elle lui écrivit des lettres qui touchèrent Hugues. Ils correspondirent souvent. Puis, Odile demanda à son frère de préparer son retour au château.
Hugues n'hésita pas dans ses démarches et proposa le retour d'Odile. Mais Adalric n'était pas chaud.
Hugues monta alors un stratagème, pensant que lorsque son père verrait Odile, il l'accepterait volontiers.
Il envoya des chars et des chevaux quérir secrètement sa soeur.
Adalric se promenait dans la campagne avec Hugues. Ils virent arriver un cortège. Étonné, Adalric demanda qui étaient ces gens. Hugues répondit que c'était Odile, sa soeur, qui revenait au château. Adalric clama "qui a été assez audacieux pour la rappeler sans ma permission ?" Hugues avoua que c'était lui. Alors son père s'emporta et le frappa durement. D'autres disent qu'il le tua.
Mais peu après, Odile se jeta aux pieds de son père qui l'embrassa. Berhésinde et les autres frères accoururent et tous se retrouvèrent avec bonheur.


Odile resta donc au château. Elle y vécu vertueusement tout en goûtant les charmes de la convivialité. Son père gardait ses distances avec elle. Il ne l'admettait pas à sa table. Un jour qu'il la vit porter du pain aux pauvres, il en fut ému et décida de changer et d'adopter une attitude de bienveillance vis-à-vis d'Odile.
Odile et sa soeur Roswinde se dépensaient sans compter pour la cause des malheureux.
Son père songea à la marier. Mais, comme bien d'autres, elle avait des projets différents et voulait retourner dans la solitude de Baume. Adalric n'était pas d'accord. Odile fut donc obligée de rester à Hohenbourg. Un duc allemand demanda sa main. Mais Odile refusa et s'enfuit secrètement, déguisée en mendiante.
Elle traversa le Rhin et se réfugia dans un lieu inconnu, loin du monde.
Adalric et ses fils se mirent à parcourir le pays afin de retrouver Odile. Lui-même se dirigea vers Fribourg en Brisgau. Il fit publier un édit dans lequel il promettait à sa fille de lui laisser choisir la vie qu'elle désirait si elle revenait au Château. Apprenant cela, Odile revint à Hohenbourg (680)
Le père céda à sa fille le vieux château d'Hohenbourg. Elle le transforma en monastère avec l'aide de ses parents.
Rapidement, la communauté devint prospère.
On construisit une grande église et trois oratoires où Odile aimait se retirer pour prier. La troisième chapelle, dédiée à saint Jean-Baptiste fut, selon la légende, consacrée par Saint Pierre qui apparut entouré d'anges.
Pour rappeler la Sainte Trinité, Odile planta de sa main trois tilleuls dans la cour.
Odile ne se nourrissait que de pain d'orge et de légumes. Elle dormait sur une peau d'ours.
Cela rappelle sa parente, Sainte Richarde, qui, des années plus tard, faisait une retraite au monastère de Sainte Odile. Elle eut une vision l'enjoignant de retourner dans son pays et de construire un monastère au premier lieu où elle trouverait un ours. Ce fut à Adlau.


Pour faciliter la vie aux infirmes, Odile fit bâtir un monastère dédié à Saint Nicolas, au pied de la montagne.
Le monastère étant au complet, Odile en fit construire un nouveau qui prit le nom de Nieder-Munster. L'abbesse régissait les deux communautés. Mais elle aimait par dessus tout aller à Saint Nicolas soigner les misérables.
Adalric et Beréshinde se faisaient vieux. Ils décidèrent de passer leurs derniers jours dans le monastère de leur fille. Ils y vécurent peu de temps et moururent presqu'en même temps.
Odile vécut encore de longues années.
Un jour, un lépreux se présenta à la porte du monastère. Il sentait vraiment mauvais et personne ne voulait l'approcher. Odile vint elle-même lui donner à manger. Après quelques hésitations, elle se jeta au cou du lépreux et l'embrassa. En pleurant, elle supplia Dieu de lui donner la santé. Elle fut exaucée.
Un autre jour, déjà âgée, où elle revenait de Saint Nicolas à Hohenbourg, elle rencontra un pauvre étendu sur le sol et mourant de soif. Comme elle ne pouvait courir chercher du secours, elle frappa le rocher de son bâton et fit jaillir une source afin de désaltérer l'homme. La fontaine miraculeuse continua de couler et guérit de nombreuses personnes.
Arrivée à un âge très avancé, elle était connue dans toute l'Alsace.
Elle sentit sa fin approcher et rassembla ses filles pour les conseiller. Remarquant ses nièces Eugénie, Gundelinde et Attale qui pleuraient, elle leur demanda d'aller prier pour obtenir une bonne mort. Quand elle revinrent, Odile était plongée dans une grande extase. Un ange descendit en tenant dans ses mains une coupe contenant le sang du Christ. Odile y goûta, les anges disparurent et le vase resta entre ses mains.
Puis elle s'éteignit le 13 décembre.


On la représente quelquefois avec un livre ouvert sur lequel on a placé deux yeux.
Mais les alsaciens en connaissent plus que moi.
Aujourd'hui, il y a aussi Sainte Jeanne-Françoise Frémyot, baronne de Chantal, au 17ème siècle. Une Bourguignonne. Sainte Élisabeth-Rose à Chelles (1130) et le bienheureux Ponce de Balmey, à Belley en 1140.
Bonsoirs de lumière.

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