13 août

 

 

SAINTE RADEGONDE

 

 

Sixième femme de notre roi CLOTAIRE 1er. Elle honorait si fort les prêtres qu’elle leur baisait les pieds et les servait à table. 

Elle aimait tant la Croix qu’elle s’en imprima la forme sur le corps, avec le bout d’une pique rougie au feu; et qu’elle fit venir, pour la première fois en France, un morceau de la vraie Croix.

 

Lorsqu’elle vit que son mari se lassait d’elle, Radegonde se retira à Poitiers, où elle se fit abbesse de religieuses. Elle avait tant de ferveur, qu’il fallait à chaque instant lui appliquer sur l’estomac des feuilles trempées dans l’eau, pour tempérer la chaleur qui la dévorait.

Notre Seigneur la caressait souvent visiblement. Une fois il lui apparut et la prit sur ses genoux   : “Radegonde, lui dit-il, vous n’êtes que sur mes genoux; bientôt vous serez sur mon coeur.”

 

Quelques courtisans ayant calomnié les moeurs de Radegonde auprès du roi, moururent honteusement en allant à la selle; ce qui fit respecter la sainte.

 

Des marins, sachant la vertu de Radegonde, l’invoquèrent dans une tempête, quoiqu’elle fut encore vivante. Incontinent, une colombe blanche comme la neige voltigea autour du vaisseau.  Un matelot la prit, lui arracha trois plumes qu’il trempa dans la mer, et aussitôt la mer s’apaisa.  Ces trois saintes plumes se conservaient à Poitiers, où elles faisaient des miracles.

Un an avant sa mort, elle vit la nuit un jeune homme d’une exquise beauté, qui lui fit mille carresses.  Elle le repoussa d’abord très durement, le prenant pour un séducteur; elle avait alors soixante-huit ans. Mais le beau jeune homme lui parla si honnêtement, qu’elle vit qu’il n’en voulait pas à sa chasteté, et qu’il venait tout simplement lui annoncer sa mort, de façon qu’elle le traita mieux.

 

L’abbaye de Sainte Croix, que Radegonde fonda à Poitiers, avait deux cent religieuses lorsqu’elle mourut.  Malgré ce saint établissement et la piété qu’elle fit paraître, Radegonde fut en butte aux traits de la médisance.  On lui reprocha sa trop grande intimité avec le poète FORTUNAT, qui était sans cesse auprès d’elle qui en recevait et lui faisait des présents etc... Mais ces soupçons furent détruits par les miracles  que la princesse opéra après sa mort.

 

On vénérait à Poitiers le corps de sainte Radegonde, qui se trouvait double dans l’abbaye de QUINCAI, à deux lieues de cette ville, quoique les Normands l’eussent, dit-on, anéanti au 9eme siècle.  Il fut brûlé pour la seconde fois par les Protestants, dans ces deux endroits en l’année 1562, avec tant de publicité qu’on n’osa le reproduire. Mais son tombeau faisait des guérisons miraculeuses au dernier siècle

En 1412, lorsque le Duc de Berri fit ouvrir ce tombeau, on y trouva le corps de Radegonde encore entier, quoiqu’enseveli depuis huit cent vingt ans. Le Duc voulut lui faire couper la tête pour l’emporter à la sainte chapelle de Bourges.  Les assistants furent saisis d’une telle frayeur à cette proposition, qu’il fallut y renoncer. Le prince se contenta d’emporter l’ANNEAU D’ALLIANCE que la sainte avait au doigt; mais on ajoute qu’elle retira sa main, lorsqu’il voulut aussi lui ôter l’anneau religieux.

 

On voyait dans l’ancienne église, la fameuse chapelle du PAS DE DIEU, bâtie sur l’emplacement de la chambre qu’occupait la sainte.  On contait que JESUS lui ayant apparu sous la forme du beau jeune homme dont nous avons parlé, avait laissé dans sa cellule l’empreinte d’un de ses pieds; c’est ce qu’on nommait le PAS DE DIEU.

 

On montrait enfin la meule dont Radegonde se servait pour moudre le grain nécessaire à la nourriture de ses religieuses, et le mortier où elle pilait les drogues qu’elle employait dans leurs maladies. Ce qui reste de ces saintes reliquesne fait plus merveilles.

 

Extrait de : DICTIONNAIRE CRITIQUE DES RELIQUES ET DES IMAGES MIRACULEUSES.   Par J.A.S. COLLIN DE PLANCY 1822

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