30 avril

La conteuse qui remue

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Calendrier avril

 

Sainte Catherine de Sienne

 

On n'aurait pas tort de mettre Catherine de Sienne dans le même tableau que Brigitte de Suède ou Hildegarde de Bingen ou encore Thérèse d'Avila, mais cependant, elle était différente. Si les autres s'étaient illustrées par des écrits remarquables, Catherine, elle, "proclamait". C'était une oratrice, paraît-il, de premier ordre. Elle dispensait son enseignement mystique dans les grandes villes d'Italie. C'était étonnant de la part de quelqu'un qui n'avait apparemment rien appris dans son enfance. On venait de loin pour l'écouter. Elle parlait surtout de l'amour et de la patience.

Une conteuse quoi !

Elle fit bien des disciples. Le dominicain Raymond de Capoue qui l'accompagna dans ses voyages et le peintre André Vanni qu'elle avait connu très jeune et qui la représenta en extase. Et bien d'autres.

Elle aimait beaucoup aller au monastère de sainte Agnès de Montepulciano. Un jour, elle voulut baiser les pieds de la statue de la sainte et celle-ci avança un pied pour le présenter à Catherine.

Elle voyageait beaucoup et passait son temps à réconcilier ceux qui étaient en guerre. Il faut dire qu'à cette époque, l'Église était bien divisée.
De passage à Pise, elle resta morte pendant tout un jour. Puis elle revint à la vie en racontant qu'elle avait vu Dieu - c'était son habitude - et ce qui se passait dans l'autre vie. Dieu lui avait commandé de redescendre sur terre pour enseigner aux hommes.

C'est peu de temps après qu'elle reçu les stigmates du Christ.

Le quatorzième siècle s'achevait dans une Europe livrée aux conflits et aux divisions.
Catherine, qui devait avoir un sacré charisme, faisait des ravages dans le monde des gouvernants. Elle partit pour Avignon et réussit à convaincre le pape Grégoire XI de rentrer à Rome. Elle l'accompagna dans son voyage de retour pour l'obliger à ne pas faire demi-tour. (1377)
Il serait trop long de décrire les actions politiques de Catherine. Trop long aussi de raconter l'imbroglio dans lequel se trouvait l'Europe tant sur le plan politique que sur le plan religieux. De même difficile de décrire les querelles entre Charles Quint et le pape Urbain VI, successeur de Benoît XI. Ou encore celles qui divisèrent la papauté avec Clément VII.

Détestée par certains et adulée par d'autres, elle remua l'époque par son influence et sa détermination.
A Florence où régnait la discorde, le parti rebelle vint au pouvoir avec tout le peuple derrière lui. Ils ne voulaient pas de Catherine et l'avaient condamnée à mort. On la cherchait partout, hallebardes aux poings. Elle se présenta prête au sacrifice. Le chef des conjurés fut si impressionné qu'il calma la foule et laissa partir Catherine. Ainsi la révolution se calma.

En 1370, Lapa, (louve) la vieille mère de Catherine, tomba malade puis mourut. Catherine l'ayant appris reprocha à Dieu de ne pas tenir ses promesses : "tu m'avais dit qu'aucun des miens ne périrait." Elle pria tant que Lapa retrouva la vie et vécut bien plus qu'elle ne l'avait désiré en assistant à la disparition de tous les siens.

Possédée par on ne sait quel esprit "parleur", Catherine agita son époque avec une énergie sans pareille. Peut-être est-ce pour cela qu'elle mourut si jeune. Elle avait trente trois ans quand elle expira, le 29 avril 1380 à Rome, le dimanche qui précédait l'Ascension. Sa mère, Lapa, lui ferma les yeux. Elle laissa quelques ouvrages de théologie mystique dont le "Dialogue".

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