Invoqué pour se préserver du mauvais temps et
surtout de l’orage. (saint Tape-donc)
Le jour de sa fête, on faisait bénir du grain que
l’on mélangeait aux semences afin d’écarter les
menaces d’orages.
Encore une histoire d’eau rafraîchissante en pleine
canicule.
Bizarre histoire d’eau avec deux Saints dont on ne sait
presque rien sinon qu’ils devaient venir de quelque part en Asie.
Abdon et Sennen auraient été persans et faisaient
partie du gratin. L’empereur romain, Dèce, remporta une victoire
contre les rois de Perse et ceux-ci tombèrent sous la domination de ce
cruel potentat. Abdon et Sennen n’étaient pas bien d’accord
avec ses agissements. Dèce l’apprit et en fut bien
fâché. Il fit mettre aux fers les deux opposants.
Comme il était pressé de rentrer à Rome, il
emmena avec lui les deux Saints qu’il promena devant la foule romaine
pour les humilier en les montrant ainsi comme butin de guerre. Il les fit venir
au Sénat, couverts de chaînes mais, par ailleurs, couverts
d’or et de pierres précieuses avec leurs habits de
sénateurs persans.
Comme ils ne voulaient pas sacrifier aux dieux de Rome, ils furent
traînés dans l’amphithéatre où ils durent
affronter deux lions et quatre ours. Mais les bêtes se couchèrent
à leurs pieds et se firent leurs gardiens. Il fallut faire appel
à des gladiateurs qui finirent par égorger les bêtes et, en
même temps, Abdon et Sennen.
La légende dorée dit que les deux Saints
étaient vice-roi et que Dèce les emmena à Cordoue et, de
là, à Rome.
Leurs corps furent ramenés à Arles-sur-Tech, dans
les Pyrénées. Ils furent transportés dans des foudres
(tonnes) calés entre du blé et du vin.
C’est pourquoi ils préservent de l’orage et des
coups de foudres, surtout Saint Abdon appelé Saint
“Tape-donc.”
Il reste, à Arles-sur-Tech, (Pyrénées) un
sarcophage dans lequel il y a toujours de l’eau. Mais on ne sait pas
d’où elle vient. On y a fait plusieurs expériences sans
succès. Le sarcophage s’assèche en période de
calamités. Les pèlerins vont y quérir de l’eau qui,
bien sûr, guérit de tous les maux.
Il y a quelques années, TF1 avait fait un reportage sur le
sarcophage dans une émission qui s’appelait
“mystère”. Le lendemain, Arles fut envahie par une foule de
malades.
Ce sarcophage n’est pas très connu, mais il fait
partie d’un ensemble de dévotions populaires qui marquent
l’imaginaire de la France. La négation
généralisée de la mémoire européenne au
profit d’une pseudo culture qui se veut scientifique - comme si la science
était une culture ! - fait que le nom d’Abdon et de Sennen est
devenu pratiquement refoulé de la carte des racines culturelles.
Il est vrai que les grand lieux de pèlerinage se trouvent
plutôt du côté de Mickey ou encore des adorateurs plagistes
du soleil.
Saint Michel ou Apollon. Rien de nouveau ! Les rituels sont les
mêmes : offrandes, sacrifices et soumissions. Sur les plages du sud, on
trouve même, aujourd’hui, des rituels de marquages-tatouages,
sortes de consécrations soulignant l’appartenance.
Et tout ça, dans le cadre bien ordonnancé de foules
processionnantes qui, dans les nouvelles cathédrales appelées
Auchan, Carrefour ou Mammouth, traînent leurs caddies comme autrefois on
promenait sa bannière. Elles écoutent les litanies
répétitives de la publicité, obéissent à
leurs injonctions, puis passent à la quête.