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Calendrier septembre

15 septembre

Saint Achard et l'ange exterminateur (ac = lame + hard = dur)

Texte WB

Il y avait, à Poitiers, au 7ème siècle, un seigneur nommé Anschaire qui avait épousé Ermène. Il eurent un fils qu'ils appelèrent Achard ou Aichard ou Aicadre. Ils l'envoyèrent très vite au monastère de Saint Hilaire où il eut pour maître Ansfroi.

Anschaire voulait que son fils soit un beau militaire au service du roi mais Ermène voulait le consacrer au service des autels.

C'est souvent comme ça que ça se passe. Si elles n'en font pas un archevêque, les mères visent faire de leur fils un polytechnicien ou un danseur étoile. Une star quoi ! En fait, Ermène qui avait accouché difficilement, se sentait mourir. Elle avait alors fait le voeu de consacrer son fils à Dieu si elle restait en vie.

C'est Achard qui, déterminé ou bien habité par le mythe de sa mère, décida de consacrer sa vie à autre chose que les vaines pompes de la terre. Anschaire, impressionné par le discours de son fils, ne pouvait qu'aquiescer.

Achard entra à l'abbaye d'Ansion ou de Saint Jouin, dans le Poitou. Il y resta 35 ans. Il y acquit une telle perfection qu'il guérissait tous les malades qui se présentaient à lui.

Des voix célestes lui commandèrent de partir vers Noirmoutiers que Saint Philibert venait de fonder. Après avoir dirigé l'abbaye de Jumièges, Philibert, persécuté, était allé en Poitou pour fonder Noirmoutiers puis, ensuite, s'occuper alors à reconstruire une nouvelle abbaye, celle de Saint Benoît, près de Poitiers. Achard, qui avait soixante quatre ans, le rejoignit pour l'aider dans son travail. Voyant les capacités d'Achard, Philibert lui confia la direction de l'abbaye de Quinçay. (Vienne)

Puis, Philibert retourna à Jumièges. Quelques temps plus tard, comme il avait envie de mener une vie solitaire, il demanda à Achard de prendre la direction de Jumièges. Jumièges était habité par 900 religieux.

Un jour qu'il était en oraison, Achard vit un démon qui, tenant une cognée de feu, coupait un grand arbre sous lequel les frères travaillaient. Le démon voulait en écraser une quantité en abattant l'arbre. Se transportant à l'instant près de l'arbre Achard chassa le démon avec un signe de croix. Il montra aux frères le pied déjà brûlé de l'arbre qui répandait une abominable odeur de soufre. Les pommes qu'il portait étaient devenues noires et se réduisaient en cendres lorsqu'on les touchait.

Il avait aussi coutume de passer souvent la nuit dans les dortoirs afin d'arroser les moines d'eau bénite pour en chasser le démon qu'il trouvait souvent en ces lieux, afin de tenter les religieux.

Peu de temps avant sa mort, il avait peur que les frères, qu'il avait conduit à tant de perfection, ne se relâchent lorsqu'il ne serait plus là. Il demanda à Dieu de les faire mourir plutôt que de les laisser tomber dans le malheur.

Il vit en songe un ange au sourire charmant et qui tenait en main une baguette. En face de lui, il y avait un démon qui crachait du feu par les yeux. L'ange reprochait au démon de paraître en ce lieu sacré où il n'avait rien à faire. Le démon lui répondit qu'il ne perdait pas son temps et qu'il ferait dans ce lieu de bonnes affaires.

L'ange dit alors à Achard : "Dieu t'as exaucé. Les frères que je toucherai de ma baguette seront appelés à la gloire de Dieu. Après leur mort, ils reviendront assister à ta propre mort et t'emmèneront vers le ciel. J'en laisserai cependant quelques-uns afin de continuer l'oeuvre de Jumièges. Dis à tes frères de se préparer rapidement à la mort." L'ange fit alors quelques pas pour s'en aller. Achard lui dit : "Comment pouvez-vous partir alors que le démon exterminateur reste ici au risque de perdre mes frères ?" L'ange lui répondit : "Ne crains rien car la simple vision de ce démon donnera à tes frères le désir d'expier sur terre avant de monter au ciel. Dieu lui a seulement permis de se montrer à eux afin que cette terrible vision inspire de la crainte."

Le lendemain matin, il réunit les frères et leur raconta sa vision. Il exhorta surtout ceux qui devaient partir les premiers à se préparer.

Ce furent alors quatre jours de larmes et de prosternations, de pénitences et de flagellations. Ils étaient tous dans un état de contrition parfaite. Le quatrième jour, dès l'aurore, ils se rendirent à l'église où ils reçurent le Saint viatique. Ils s'embrassèrent tous en se donnant la paix puis ils allèrent au chapitre pour attendre leur délivrance.

Les frères qui n'étaient pas désignés chantèrent les psaumes. Les autres devinrent tout illuminés. A trois heures il en mourut une partie, tout tranquillement. Vers les six heures, une autre partie rendit l'âme avec douceur. A neuf heures, les autres moururent. Enfin, le soir, les derniers expirèrent en priant.

On mit huit jours à les enterrer tous.

"Que ce monastère est heureux ! que cette terre est riche ! que ce champ est précieux, de posséder dans son enceinte ce trésor inestimable !"

Ceux qui n'étaient pas morts restaient inconsolables, non pas de la perte de leurs frères, mais du fait qu'ils n'étaient pas morts eux-mêmes. Surtout les vieillards en étaient jaloux. Achard tenta de les consoler en leur faisant accepter la volonté de Dieu avec patience.

Quelques temps après, Achard eut la révélation de la mort de Saint Philibert puis de la sienne. Sept jours plus tard, tourmenté par une fièvre aiguë, il mourut après avoir exhorté ses moines à ne jamais laisser entrer la moindre aversion dans le monastère. C'était le 15 septembre 687.

On le représente avec un ange qui touche de sa baguette des religieux de l'abbaye.