Le Curé d'Ars
4 août
Étonnant personnage à la fois singulier mais
rassemblant sur lui tout l’imaginaire d’une époque qui se
débattait dans les affres des effets de la révolution
française.
Un jour, on découvre qu'il n'est pas auprès des
parents, ni des frères et soeurs. Jean-Marie a disparu. Chacun part
à sa recherche. On fouille la maison, les granges, jusqu'au puits, dans
la cour, où il aurait pu tomber. Aucune trace de Jean-Marie. Sa
mère, Marie Béluze, inquiète, entre dans l'étable
où les vaches ont été rentrées. C'est là
qu'elle trouve son enfant, à genoux, entre deux vaches, en train de
prier le chapelet.
En octobre 1809 il est appelé à l'armée,
dirigé vers l'Espagne il déserta et se cacha aux Noës
(Loire), jusqu’à ce que l'engagement de son frère
François l'ait dégagé du service militaire.
Né le 8 mai 1786 à Dardilly, près de Lyon,
dans une famille de paysans pauvres, il présentera l’image
d’un prêtre subversif et pourtant craintif, fuyant les artifices et
les obligations sociales.
Un jour qu’il avait été invité à
un banquet au sein de la bonne société lyonnaise, (on ne pouvait
pas faire autrement que de l’inviter étant donné sa
réputation) il sortit de sa poche les pommes de terre cuites dont il se
nourrissait quotidiennement; il les mit sur la table et dit à peu
près ceci : “avec la quantité de mets que l’on trouve
à ce repas de riches, on pourrait nourrir tous les pauvres de Lyon
pendant une semaine.”
Ce fils de paysan, peu doué pour étudier,
désirait ardemment être prêtre. Admis dans un grand
séminaire, il fut congédié deux mois plus tard, comme
“nul en latin et impropre aux études”. Il lui faudra faire
beaucoup d'efforts et bénéficier d’un important appui pour
réussir à assimiler les connaissances normalement requises pour
accéder au sacerdoce.
Ordonné prêtre en 1815, il est d'abord vicaire
à Écully. Ne pouvant s'entendre avec aucun autre curé, il
fut nommé curé d'Ars (Ain) en 1818. Ce pays est
considéré à l’époque comme un désert
lointain, inculte et païen.
Il restaure et embellit son église, fonde un orphelinat : "La
Providence"et prend soin des plus pauvres.
Très rapidement, sa réputation de confesseur lui
attire de nombreux pèlerins.
Il passait régulièrement jusqu'à dix-huit
heures par jour au confessionnal, et le reste du temps en prières,
catéchisme et prédications .
“Quand j'ai pris un peu de nourriture et dormi deux
heures, je peux recommencer mon ouvrage tout de nouveau”, dira-t-il
courageusement durant 41 ans.
Il avait par trois fois tenté de s'enfuir de sa paroisse,
se croyant indigne de la mission de curé. La dernière fois, ce
fut moins de six ans avant sa mort. Il fut rattrapé au milieu de la nuit
par ses paroissiens qui avaient fait sonner le tocsin. Il regagna alors son
église et se mit à confesser, dès une heure du matin. Il
dira le lendemain : "j'ai fait l'enfant".
En 1853, il veut se retirer à la Trappe de Notre Dame de
la Neylière mais il est aussitôt ramené dans son
église par les paroissiens qui l’avaient rattrapé.
Comme saint Antoine le Grand, il fut assaillit par ce qu’on
appelait dans la région “le Grappin”,
c’est-à-dire le diable. Durant la nuit, le presbytère
retentissait de bruits bizarres. La porte était frappée à
coups de massue, les rideaux du lit se déchiraient, on entendait des
rugissements, des pas lourds dans le grenier. Quelquefois, le grappin mettait
le feu à son lit.
Très vite, il bénéficia d’une telle
réputation de sainteté que la petite commune d’Ars, qui
comptait alors à peine plus de deux cents habitants, devint un lieu de
pèlerinage.
Aujourd'hui, Ars et ses 900 habitants reçoit chaque
année près de 500 000 pèlerins ou touristes, dont un grand
nombre d'étrangers de tous les continents. Ils viennent visiter le
musée de cire, où 17 scènes et 35 personnages retracent la
vie du Saint curé. A l'orphelinat de la Providence ou au presbytère,
dans lequel Jean-Marie Vianney vécut pendant 41 ans dans le plus grand
dénuement, on peut également découvrir de nombreux objets
lui ayant appartenus.
Il meurt le 4 août 1859. Lors de ses obsèques, la
foule comptait plus de mille personnes, dont l'évêque et tous les
prêtres du diocèse
Canonisé en 1925 par Pie XI (la même année que
sainte Thérèse de l'Enfant-Jésus) il est proclamé
en 1929 patron de tous les curés de l'univers. Aujourd'hui Ars accueille
près de 500.000 pèlerins par an et le sanctuaire propose
différentes activités
Dans son
livre sur le curé d’Ars, le chanoine Trochu
raconte qu’une religieuse venue le consulter vit le curé joindre
les mains puis “s'élever à peu près à un
pied de hauteur. Il garda cette attitude une quinzaine de minutes. Enfin, quand
sorti de son extase il eut touché terre..."