Certains
disent qu’un ours lui servait la messe.
Un
jour où il se baladait dans les Pyrénées, il entendit
un ours qui gémissait, puis il le vit venir comme pour demander
du secours. L’ours lui présenta sa patte et Aventin vit qu’une épine était
enfoncée dedans. Il la lui enleva.
Il
prêcha dans la vallée et se fit arrêter par les Sarrasins.
Ils l’enfermèrent au haut d’une tout à Castel
Blanquat. Il s’évada de la tour en se lançant par la
fenêtre, avec confiance en la puissance divine qui, effectivement
le soutint et le fit atterrir en douceur de l’autre côté de
la rivière d’Oo. Un bloc de granit y garde encore l’empreinte
de son pied.
Il
reprit ses prédications et se fit de nouveau arrêter au point
de jonction des vallées d’Oueil et de Larboust. Les Sarrasins
lui tranchèrent la tête. Mais Aventin, saisissant sa tête,
se releva et la porta pendant 400 pas dans la direction du village où il était
né. Puis il s’affaissa.
Les
Sarrasins prirent peur devant ce miracle et s’enfuirent. On l’enterra à cet
endroit et il fut oublié pendant 300 ans.
A cette époque, les gens
furent attiré par un taureau qui venait toujours coucher au même
endroit. Quelqu’un entendit “Là est le corps du bienheureux
Aventin.” Saint
Bertrand (de Comminges) accourut. Ils firent des fouilles et retrouvèrent
le corps mutilé de Saint Aventin. “A peine avait-on remué ses
ossements qu’un inénarrable parfum s’en exhala.” On
lui éleva un sanctuaire.
Claude
Gaignebet rapproche cette histoire de celle - à l’opposé et
glabre - de Saint Jérôme et son lion caniculaire. Mais surtout
du conte de la jeune fille sans main dans lequel Brigitte (Sainte Brigitte)
se fait couper les mains par un père incestueux. Elle prononce alors
une malédiction : “que noire épine s’enfonce
dans ton pied et que mes mains seules puissent la retirer !” Le père devient alors
ours, avec une épine dans la patte. Cela le fait souffrir de longues
années.
Quelquefois
cela provoque une enflure. C’est sa fille qui, ayant recouvré ses
mains, le guérira en excisant le pied et en le faisant accoucher
d’un petit garçon.
Il
note aussi que la fête du 4 février, jour aussi de Sainte
Véronique (relation avec les menstrues : les “ourses“)
se trouve au lendemain de la Saint Blaise, personnification des “vents” et
au surlendemain de la déshibernation de l’ours.
La
fête patronale du village d’Oo est le jour du Mardi-gras.
La
date du 13 juin est celle de la translation des reliques. Douze nuits avant
le solstice, date à laquelle on faisait passer le bétail
dans les cendres des bûchers solsticiaux, afin de les protéger
du piétin.
Il
y a du Gargantua dans tout ça !