Saint Hubert
(Hug-Berth
: Intelligent et brillant)
3 novembre
Invoqué contre ou pour la pluie et contre la rage.
Il n’y a pas que les
enragés qu’on emmenait à Saint Hubert, dans les Ardennes
belges, il y avait aussi les fous, les possédés et tous ceux qui
paraissaient victimes du démon.
Bien des rituels avaient cours : La
neuvaine, la taille et plusieurs obligations liées au manger, au
coucher, à la coiffure, à la confession et à la communion.
Mais qui était ce personnage,
à caractère humide, qui déplaçait ainsi les foules
?
Il est né en Aquitaine au
7ème siècle. Son père s’appelait Bertrand et aurait
été duc d’Aquitaine ou encore descendant de Clotaire Ier.
Sa mère s’appelait Hugberne ou Afre, soeur de Sainte Ode.
Il vécut, assez librement et
de façon mondaine, à la cour, au temps des rois fainéants.
Il aimait passionnément la chasse.
Lorsqu’Ébroïn,
redevint Maire du Palais après s’être échappé
de prison, il fit subir une telle tyrannie que biens des seigneurs
quittèrent le pays d’Aquitaine. Hubert partit vers
l’Austrasie où Pépin de Herstal (un parent)
l’accueillit. Il le créa Grand Maître de sa Maison. Vers
682, il épousa Floribanne, fille de Dagobert, comte de Louvain.
C’était
l’époque où Saint Lambert prêchait, et où
Plectrude, femme de Pépin, pratiquait les plus hautes vertus,
malgré les affronts de sa belle-mère Alpaïde, mère de
Charles Martel.
Un jour de fête solennelle,
plutôt que d’assister aux offices, Hubert partit à la chasse
avec sa meute. Au milieu des forêts, il rencontra un magnifique cerf qui
portait un crucifix entre ses bois.
Le cerf lui dit “Hubert,
Hubert, jusques à quand poursuivrez-vous les bêtes dans les
forêts ? Jusques à quand oublierez-vous de penser plutôt au
salut de votre âme ?”
Hubert, effrayé mais
admiratif se prosterna et promit qu’il se consacrerait dès lors
aux choses de la religion.
Il alla trouver Saint Lambert,
évêque de Maëstricht qui l’instruisit.
Petit à petit, Hubert
changea. Puis Floribanne mourut en mettant au monde Floribert, son fils.
Après son veuvage, Hubert désira devenir le disciple de Saint
Lambert. Il renonça aux honneurs militaires ainsi qu’à la
succession de son père en Aquitaine. Il en fit bénéficier
son frère Eudon à qui il confia l’éducation de
Floribert, âgé de trois ans.
En 689, il se retira dans la
forêt d’Ardennes en un lieu proche du monastère
d’Andage. (aujourd’hui Saint Hubert, en Belgique)
Au bout d’un certain temps,
Saint Lambert lui demanda de faire un pèlerinage à Rome. Pendant
qu’Hubert était à Rome, Lambert fut martyrisé. A
l’heure du martyre, un ange apparut au Pape Serge Ier en lui
présentant le bâton pastoral de Lambert. Il lui demanda
d’ordonner Hubert évêque à sa place. Le lendemain
matin, muni de la crosse, Serge observa les pèlerins qui entraient dans
Saint-Pierre et reconnut Hubert selon la description que l’ange lui avait
donnée.
Pendant que Serge Ier donnait le
bâton à Hubert, l’ange apparut à nouveau pour
apporter les vêtements pontificaux de Saint Lambert. Mais il manquait
l’étole. L’ange donna alors une étole en soie qui
avait été envoyée par la Sainte Vierge. Hubert fut
consacré évêque de Tongres et de Maëstricht.
Il reçu en même temps
la science pour instruire ainsi que le pouvoir de guérison et en
particulier celui de guérir la rage.
Quand il revint vers son pays, les
habitants de Maëstricht n’eurent pas de peine à
l’accepter vu qu’il portait les habits de Saint Lambert.
Il organisa alors la
translation des reliques de Saint Lambert vers la ville de Liège
où il fit bâtir une grande église et où il
vécut. C’est pourquoi Liège est devenu une très
grande ville.
Il visitait fréquemment le
Brabant et les Ardennes. Un jour, il rencontra une femme qui, “pour
avoir travaillé le dimanche, avait perdu l’usage de ses mains. Ses
doigts et ses ongles étaient tellement serrés contre les paumes
qu’il n’était pas possible de les en séparer.”
Hubert pria et guérit la femme.
Un jour qu’il faisait
très sec, la Meuse était si basse que les bateaux ne pouvaient
plus naviguer. Il leva les yeux au ciel qui se couvrit de nuage. Il se mit
alors à pleuvoir. C’est plutôt fréquent en Belgique.
Il délivra un
possédé, éteignit un incendie qui avait pris à son
Palais. Il apprit au peuple à processionner avec les châsses des
Saints afin de faire venir la pluie.
Un jour, à
Nivelles-sur-Meuse, en plaçant un pieu dans l’eau de la Meuse afin
d’y attacher un filet, il se blessa gravement la main mais souffrit sans
demander la guérison.
Il apprit le jour de sa
mort. Peu de temps après, en remontant la Meuse pour aller vers
Liège, la fièvre le prit. On fut obligé de
s’arrêter. Il vit alors apparaître des démons qui
essayaient de l’effrayer avec leurs figures horribles. Il fit venir sa
famille et son fils Floribert et, le matin du 30 mai 727, il mourut en
récitant le Pater.
Son corps fut transporté
à Liège dans l’église Saint Pierre. En 743, le 3
novembre, Floribert, qui lui avait succédé, procéda
à l’exaltation du corps de Saint Hubert. On le retrouva sans
aucune altération. En 825, on découvrit encore le corps qui
était resté intact et qu’on transporta alors à
Andage. Arrivé dans leur monastère, les moines ouvrirent le
cercueil et reprirent l’étole, la crosse, une sandale et le
cornet.
Les pèlerins
commencèrent à arriver. Le nom d’Andage fit place à
celui de Saint Hubert. La ville devint un haut lieu de guérison.
Saint Hubert est patron des
chasseurs, on l’invoque pour la pluie, contre la rage.
Dans un article
intéressant, (La neuvaine de Saint Hubert : une
pensée sauvage ?- in Cahiers internationaux du symbolisme, Le rôle des traditions
populaires dans la construction de l’Europe : Saints et Dragons,
Numéros 86-87-88, 1997, p. 143 à 176 - CIEPHUM 20, place du parc,
B-7000 MONS , Belgique : Tél : 00 32 65 33 50 84) Pol-Pierre Gossiaux
nous renseigne sur les rituels de la neuvaine.
Le patient enragé subissait
la “taille”. Après avoir taillé une incision dans le
front du patient, on introduisait un minuscule fragment d’or, tiré
de l’étole de Saint Hubert.
Il fallait que la personne
suive une neuvaine en observant les points suivants :
- Se confesser et communier 9
jours de suite
- Coucher seule en draps
blancs et nets ou bien toute vêtue.
- Boire dans un verre et ne
pas baisser la tête pour boire l’eau des fontaines ou des
rivières. Sans s’inquiéter encore qu’elle regarderait
ou se verrait dans les rivières ou miroirs.
- Elle peut boire du vin
rouge, clairet et blanc même avec de l’eau, ou boire de l’eau
pure.
- Elle peut manger du pain
blanc ou autre, de la chair d’un porc mâle d’un an ou plus,
des chapons ou poules aussi d’un an ou plus, des poissons portant
écailles, comme harengs, sorets, carpes etc., des oeufs cuits durs, et
toutes ces choses doivent être mangées froides. Le sel n’est
point défendu.
- Ne pas se peigner les
cheveux pendant 40 jours, la neuvaine y comprise.
- Le dixième jour, il
faut faire enlever son bandeau par un prêtre, le faire brûler et
mettre les cendres dans la piscine.
- Garder tous les ans la
fête de Saint Hubert le 3 novembre.
- etc.
Autrefois, on pensait que la
rage était, majoritairement, due à la morsure d’un animal.
Le venin de la rage était assimilé à d’autres
poisons d’origine animale : serpents, dragons, crocodiles, scorpions etc.
Le fiel animal étant perverti, une fois qu’il était
transmis à l’homme, il attaquait d’abord le foie et
embrasait toutes les humeurs : sang, phlegme ou pituite, et surtout
l’atrabile (mélancolie normalement froide) produite par la rate.
Les signes de la rage étaient l’abattement entrecoupé de
convulsions et de pulsions agressives. L’horreur de la lumière et
de l’eau (hydrophobie) malgré une soif intense.
En gros, la rage était une maladie du feu et du sec. On la
combattait avec son opposé : l’eau et l’humide. Cela
correspondait à un système d’opposition entre feu et eau,
qui servait à classer. Par exemple, les porcs et les chiens
étaient du côté du froid et de l’humide. Le miel, les
amandes du côté du feu et du chaud, puisqu’ils peuvent
donner de l’huile. Un grand remède contre la rage : les bains de mer.
Il serait trop long et
dénaturant de faire le résumé de l’article de Pol-Pierre
Gossiaux. Lisez le en vous procurant le livre. Vous téléphonez
à Madame Claire Lejeune au CIEPHUM. Vous y trouverez d’excellents
articles sur Saint George et le dragon, sur la Mesnie Hellequin, Saint
Gengoult, Saint Jacques etc.
Mais
on comprend un peu pourquoi Hubert guérit de la rage. Il est chasseur et possède une
meute de chiens. Il vit dans l’humidité des vertes forêts.
Il a des rapports mystiques avec un cerf, symbole d’immortalité,
force terreuse par excellence. De plus, il fait pleuvoir et gonfler la Meuse.
Il est donc tout à fait du côté de l’humide et combat
les maladies du feu diabolique.