Saint Jean-Baptiste
24 juin
La nuit
du 24 au 25 juin, fait partie des deux passages les plus importants de
l’année : les Solstices.
Cette
nuit, le soleil va se retourner afin de reprendre le chemin par lequel il
était venu.
C'est
la fête de Saint Jean-Baptiste qui
est un des Saints les plus fabuleux et un des plus importants. Il est vénéré autant
par les musulmans que par les catholiques. Dans la grande mosquée
des Omeyades à Damas, il existe une
petite chapelle dans laquelle repose le chef de Saint Jean. Un de ses os
se trouve dans le palais de Topkapi à Istanbul.
Saint Luc, par la bouche de l'ange Gabriel dit qu'il aura l'esprit et la puissance
d'Elie. Jésus le qualifie de nouvel
Elie. (Mat. 11, 14)
Le prophète Elie est appelé le
verdoyant, il est maître de la pluie et de la sécheresse;
on le décrit exactement de la même
manière que Jean-Baptiste (fin Rois I)
Présenté comme
velu, le rasoir ne le touche pas; il mange du miel et des sauterelles, il
est en rapport avec l'eau qu'il utilise pour baptiser. Il a clairement des
caractères oursins.
Jean-Baptiste est patron de la
gorge, préparant la voie du verbe.
C'est donc le premier patron des chanteurs et des musiciens. Guy d'Arrezzo,
au 10e siècle, s'est basé sur un hymne
à Saint Jean-Baptiste - le "Ut
queant laxis" - pour y trouver les noms des
notes de son nouveau système musical.
Système que nous avons encore aujourd'hui,
en Occident, il basé,
mythologiquement et sémantiquement,
sur la geste de Jean-Baptiste.
Jean-Baptiste est aussi le patron
des cultivateurs d'asperges pour deux raisons. Une réalité et
un calembour. Il faut beaucoup d'eau pour faire pousser des asperges puis, "asperges
me Domine". La saison des asperges se termine au 24 juin, jour oú ceux
qui la cultivent font la fête.
Sa mère s'appelait Elisabeth, elle était
âgée
et stérile
et n'avait pas d'enfant. Son père
s'appelait Zacharie, (Dieu s'est souvenu) c'était
un prêtre.
Le service l'avait désigné ce
jour là pour entrer dans le Temple
Une fois à l'intérieur,
Zacharie vit un ange à la droite de
l'autel (Orion). C'était
Gabriel (Gabor, le fort) "grand
baroudeur du ciel", grand messager de la fécondité.
Il annonce à Zacharie que sa femme
aura un fils et qu'il devra l'appeler Jean (grâce de Dieu), qu'il ne boira ni
vin ni bière
et que le rasoir ne le touchera pas. Zacharie est dubitatif : "ma femme
est stérile
et avancée en âge".
Gabriel lui dit "puisque tu as douté,
tu seras muet jusqu'à la naissance
de ton fils".
Et
Zacharie sort du Temple sans pouvoir dire un mot.
Neuf
mois après, Jean Baptiste naquit
et redonna la parole à son père.
Ce qui en fait aussi le patron légitime
des orthophonistes et des phoniâtres et même
des musicothérapeutes
qui, en somme, sont tous des "déboucheurs" de
gorges. Comme aurait dit Marcel Jousse, des cureurs de gorges soufflantes.
Rabelais, Rabbi Blaise n'est pas loin, avec sa quête du "Trink" de
la divine bouteille, sa quinte-essence à la
gorge de velours, ou son Nazdecabre. Il faut que les souffles circulent.
Mais que faire quand on a un ours dans la gorge ?
Tout
le monde connaît bien la vie de Jean-Baptiste. Il baptisa le Christ dans
l'eau du Jourdain. Mais l'on sait qu'il a eu des démélés
avec Hérode, dit le grand, qui était
amoureux d'Hérodiade, la femme de
son frère
Philippe, et voulait l'épouser.
Jean-Baptiste, considéré déjà comme
un prophète, lui avait dit
qu'il ne pouvait pas la prendre pour femme. Ça n'avait pas plu à Hérode
qui avait fait enchaîner Jean-Baptiste.
Un
jour, la fille d’Hérodiade, donc la nièce
d’Hérode, dansa devant lui. Elle lui plut tellement que, devant
les convives, il lui dit qu’il exaucerait tout ce qu’elle
demandait. L’Évangile ne nous donne pas son nom. C’est la
tradition qui nous révèle qu’elle s’appelait
Salomé. A l’instigation de sa mère, elle demanda illico la
tête de Jean-Baptiste sur un plat.
Hérode
ne put pas se dédire et ordonna qu’on la lui donnât.
Salomé alla porter la tête à sa mère triomphante.
Quand
Jésus l'apprit, il en devint mélancolique
et se retira dans un endroit sauvage. Mais la foule le rejoignit. Comme les
gens avaient faim, il prit 5 pains et 2 poissons et arriva à nourrir 5.000
personnes. (Matthieu 14)
Jean-Baptiste
baptise dans l’eau, mais il fait savoir qu’arrive celui qui
baptisera dans le feu et le souffle. Cette assertion illustre le processus du
passage d’une période verdoyante à la période
caniculaire et desséchante qui se présente.
Les coutumes
de la Saint Jean sont vieilles comme le monde, liées
au solstice d'été,
elles étaient
pratiquées avant leur
christianisation. Il s'agit essentiellement des feux et des bains de la Saint
Jean. Les deux rituels se pratiquent à minuit. L'église
a toujours dénoncé le
caractère païen de ces pratiques.
Si les curés
sont venu, petit à petit, bénir
le feu et l'eau, c'est dans le but de christianiser le rituel.
Lorsque
le feu crépite, on saute par-dessus. A la hauteur des sauts, on mesurera
la hauteur des blés.
Dans
le feu, on jette des plantes que l’on va cueillir soi-même. Mais
avec ces plantes, on peut garnir sa ceinture ou sa maison.
La
plante essentielle de la Saint Jean (elle n’est pas la seule) est
l’armoise. C’est une plante qui chasse le diable. Elle servait aux
femmes qui souffraient de l’utérus, elles s’en faisaient des
cataplasmes. Il faut rappeler que
le nom latin de l’armoise est “Artémisia vulgaris”.
Artémise, déesse ourse qui favorise les accouchements et la
menstruation.
La
grande maladie qui se guérit à la Saint Jean est la maladie
nerveuse et principalement l’épilepsie.
Bernard
Coussée, dans son livre cité ci-dessous, note que la Saint
Jean ouvre sur le signe du cancer, signe lié à la lune et donc
à l’eau. En cette période où le soleil est
vainqueur, la lune vient comme lui rappeler la nécessité du
mariage des contraires. Elle lui rappelle que sa croissance est finie. Il va
maintenant revenir en arrière, et, comme les
“crabes-cancers”, à la démarche boiteuse, il fera
demi-tour et redescendra jusqu’à Noël. La Saint Jean est donc la fête de
Jean qui pleure. L’eau souveraine des bains solsticiaux sauvegarde la
vie. La terre est sauvée de l’embrasement, les hommes n’ont
plus de crainte.
C’est
pourquoi la Saint Jean est à la fois une fête solaire et une
fête lunaire.
“Saint
Jean, la canicule et les moissons”,
Éditions
Bernard Coussée.
Bernard Coussée, 458, rue Jules Ferry 59283 RAIMBEAUCOURT
Pour la
Saint Jean, il y a encore le loup, ennemi du mouton et des bergers dont
c’est la fête aujourd’hui. Chaque année, à
Jumièges, un rite nomme “loup-vert” et pour un an, un roi
de l’année.
Voir
dans
"Mytholorites".