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Saint
Leufroi L’effroyable
Saint Leufroi 21
juin Ce n’est pas parce que nous sommes au solstice
qu’il ne faut pas parler de Saint Leufroi. Justement, il a un rapport
avec le solstice puisque dans sa vie, il fut chauve. Mythologiquement, nous sommes en train de passer d’une
période marquée par Jean-Baptiste, nouvel Élie le
verdoyant, maître de l’humidité, de la
végétation, Naziréen velu que le rasoir ne pouvait
toucher, à la période marquée par le fils spirituel
d’Élie : Elisée le chauve, marquant le début de la
sécheresse caniculaire. Le nom de Leufroi fait aussi penser au loup (leu) vert de la
Saint Jean) Leufroi est né du côté
d’Évreux à la fin du 7ème siècle. Il eut rapidement le désir de la vie monastique. Un
jour, il décida d’inviter chez lui ses parents et ses amis. Il
les traita chaleureusement et leur fit des cadeaux. Il leur proposa de passer
la nuit dans sa maison. Pendant que tout le monde dormait, il quitta la
maison et ne revint plus... Saint Ausbert, archevêque de Rouen lui donna la
prêtrise. Revenant de Rouen vers Evreux, il s’arrêta
près de Louviers et décida d’y construire un
monastère. Beaucoup de gens l’aidèrent et lui
apportèrent des richesses. Cela fit des jaloux qui le
décrièrent auprès de Didier, évêque
d’Évreux. Celui-ci, ajoutant foi aux calomnies, se rendit
auprès de Leufroi afin de lui faire des reproches à propos de
sa témérité. Didier prit le calme de Leufroi pour une
insulte et le fit lier et mettre sur un cheval et emmener vers Evreux. En cours
de route, le cheval de Leufroi tomba et mourut. Cela ouvrit les yeux de
Didier qui regretta ses actes et demanda pardon. Plus tard, un de ses religieux ayant laissé tomber le
fer de sa cognée dans l’Eure, Leufroi mit le bout de son
bâton dans l’eau et la cognée remonta et vint
s’attacher au bâton. Un peu plus tard, il guérit Griphon, le 3ème
fils de Charles Martel attaqué par une fièvre violente. Un jour qu’il pêchait pour son plaisir, une femme
qui passait par là dit en murmurant contre lui : “Je pense
que ce Chauve épuisera toute la rivière et qu’on ne
pourra plus pêcher après lui.” Elle crut l’avoir dit si
secrètement que personne ne pouvait l’avoir entendue. Mais
Leufroi avait l’oreille fine. Il répondit aussitôt : “Pourquoi, femme, m’envies-tu un bien qui
m’est commun avec le reste des Hommes ? Et pourquoi me reproches-tu un
défaut qui vient de la nature et non de ma volonté ? Je prie
Dieu qu’en punition de ta faute, le derrière de ta tête et
celle de tous tes descendants n’ait jamais plus de cheveux que
j’en ai sur le front.” Sa parole fut aussitôt accomplie, pour elle et pour sa
descendance. Un jour, un homme qui avait dérobé une meule au
monastère, fut poursuivit devant les juges. Le coupable
s’emporta furieusement et traita Leufroi de menteur et de calomniateur.
Leufroi répondit : “que Dieu soit juge entre toi et moi !” A cet instant on
vit le misérable saisi de douleurs, cracher toutes ses dents devant
l’assemblée. Ce que firent aussi tous ses enfants. Depuis lors,
toute sa postérité n’a point de dents. Un dimanche qu’il sortait de la messe, il vit des
paysans travailler aux champs. Il leva les bras au ciel et demanda que cette
terre devienne stérile en punition de ce péché. Depuis,
on n’a pu faire pousser aucun arbre sur cette terre où il
n’y a que des chardons et des ronces. Un jour, revenant de voyage, il entra dans la maison
d’un ami pour se reposer. C’était en temps de canicule et
les mouches étaient si importunes qu’il ne pouvait prendre un
moment de repos. Mais à peine eut-il courbé la tête pour
prier que toutes les mouches
disparurent. Depuis on n’en a plus vu une seule dans cette maison. Souvent, il se levait avant les moines pour aller à
Matines. Il les réveillait et se dirigeait vers l’église
où les frères le trouvaient déjà tout “élevé
en Dieu”.
Un jour que les affaires de sa charge l’avaient empêché de
s’y rendre comme à l’ordinaire, le démon prit sa
figure et, pour se faire saluer par les religieux, vint prendre sa place
à l’église. Les premiers moines entrèrent en saluant comme
d’habitude, “ne croyant pas saluer le loup pour le pasteur”. Mais un des
frères qui venait de quitter Leufroi dans sa chambre,
s’étonnant de trouver au choeur sa ressemblance, alla rapidement
l’avertir de ce qui se passait. Leufroi sachant que
c’était là un tour du démon, courut
promptement tracer une croix
devant la porte de l’église ainsi que sur toutes les
fenêtres. Puis il commença à frapper le démon de
toutes ses forces. Comme le diable ne pouvait passer par les endroits
où une croix était tracée, il n’eut que la
ressource de grimper à la corde de la cloche et de se sauver par le
clocher. Leufroi mourut le 21 juin de l’année 738. On le
représente avec plusieurs enfants parce qu’il est
célèbre pour ses guérisons d’enfants malades, ou encore
faisant jaillir une source devant un paysan qui se plaignait de la
sécheresse, ou encore dissipant une nuée de mouches. En ce qui concerne ses reliques : L’abbaye de la Croix-Saint-Leufroi obtint trois
ossements : deux petits du pouce et un grand du bras. Les habitants de Suresnes obtinrent une côte mais ils la
perdirent par la suite. Où est donc passée la côte de
Saint Leufroi ? En 1577, ils en obtinrent deux autres : un de la cuisse et le
menton avec trois dents. Mais ces reliques furent brûlées par
les hérétiques. A une 3ème reprise, ils obtinrent le
doigt du milieu d’une de ses mains plus un os d’une de ses
jambes. |
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