Saint
Maurille
(noir)
13
septembre
Maurille le
jardinier
Maurille naquit dans le Milanais, de parents
très illustres.
Ils le mirent très vite sous la houlette
de Saint Martin qui, venant de Hongrie, avait construit un monastère
pour des jeunes gens.
Mais Martin fut contraint de quitter la ville,
après avoir été fouetté à tous les
carrefours, et d’abandonner son monastère. Il rejoignit Tours.
Saint Ambroise prit alors Maurille comme
lecteur. Peu de temps après, son père mourut.
Maurille quitta alors sa mère et son pays
et rejoignit Saint Martin à Tours où celui-ci avait
été nommé évêque.
Martin l’ordonna prêtre et
l’envoya à Angers pour y travailler au salut des âmes. Il y
avait alors, non loin d’Angers un temple où se livrait un culte
payen. Maurille pria Dieu de le détruire. Le feu vint alors du ciel et
réduisit le temple en cendre. Maurille y construisit alors une
église autour de laquelle vinrent se grouper des gens qui
donnèrent naissance à la ville de Chalonnes. Maurille y resta 12 ans.
Il se mit à faire des miracles.
Après avoir passé une nuit en prière, il guérit un
habitant de la Possonnière qui était perclus des deux mains. On
lui amena aussi une femme aveugle qui était enchaînée et
garrottée parce qu’elle était possédée par un
démon responsable de son infirmité. Il la regarda d’un oeil
et son regard était si fort que le démon fut contraint de sortir
de la femme. Il fit le signe de la croix sur ses yeux et lui rendit la vue.
Par ses prières il obtint un enfant pour
une femme d’Angers, qui était stérile et déjà
d’un grand âge.
Il y avait encore, près de Chalonne, un
temple nommé Prisciacus, dans lequel on rendait des cultes abominables.
Il s’y rendit pour le détruire. Les démons lui dirent :
“Pourquoi, Maurille, nous persécutez-vous avec tant de rigueur
? Nous ne saurons plus nous cacher dans ce pays. Vous nous cherchez partout et
vous nous forcez à nous enfuir.” Maurille les
chassa et, après avoir fait un monceau de toutes les idoles, il y mit le
feu. Sur les ruines, il bâtit le monastère de Saint Pierre de
Chalonnes.
Un jour, il rencontra une troupe d’esclaves
guidés par des marchands qui les emmenaient en Espagne où ils
pourraient facilement les vendre. Un esclave se sauva du groupe et vint se
jeter au pied de Maurille, le suppliant de le délivrer. Maurille
négocia avec le marchand qui resta inflexible. Maurille fit alors une
prière et le marchand fut saisi de fièvre et mourut dans
l’instant.
Tous les autres captifs croyant qu’ils
subiraient un châtiment pour ce qui s’était passé,
supplièrent Maurille d’obtenir la grâce pour le marchand.
Maurille se prosterna alors et ne se releva qu’au moment où le
marchand ressuscita.
Celui-ci libéra alors les esclaves et fit
de grands dons à Maurille.
Comme l’évêque d’Angers
était mort, on alla chercher Maurille pour le remplacer. En entrant dans
l’église d’Angers, une colombe arriva et se posa sur la
tête de Maurille. Saint Martin lui imposa alors les mains.
Plus tard, l’enfant, qu’il avait
réussi à obtenir à la femme stérile dont nous avons
parlé, tomba malade gravement. Comme sa mère craignait
qu’il ne mourut avant d’avoir obtenu le sacrement de confirmation,
elle l’apporta dare-dare à l’église de Maurille. Mais
comme celui-ci disait la messe il ne put être interrompu et l’enfant
mourut pendant ce temps-là. Quand Maurille apprit ça, il
résolut d’expier cette faute pendant longtemps.
Comme ça ne lui était pas facile
de le faire sous le regard de son peuple d’Angers, il résolut de
partir pour l’Angleterre afin d’y pratiquer les
austérités nécessaires. Il sortit en cachette
d’Angers et se rendit à un port de pêche pour y prendre un
bateau.
Pendant qu’il attendait, il tagua son nom,
sa qualité et la date de son passage sur une pierre.
Arrivé en pleine mer, il
s’aperçut qu’il avait emmené avec lui les clefs des
reliques de son église. Comme il les tenait dans ses mains en se
demandant pourquoi il les avait emportées, le démon le troubla et
les clefs tombèrent dans l’eau. Il fondit alors en larmes et se
jura de ne jamais rentrer à Angers sans avoir retrouvé les clefs.
En Angleterre, il s’habilla pauvrement et
se loua comme jardinier à un seigneur. Bien qu’il s’adonnait
à bien des mortifications, cela ne l’empêchait pas de
produire toutes sortes de légumes.
Pendant ce temps là, les angevins
étaient attristés de ne plus voir leur évêque et
surtout de ne pas savoir où il était passé.
Plusieurs dirent que s’ils ne le
retrouvaient pas, Angers serait affligé de grands malheurs. Il
choisirent donc 4 d’entre eux pour chercher Maurille. Ils parcourent
l’Europe pendant 7 ans sans rien trouver. Il ne restait plus que
l’Angleterre à fouiller. Comme ils attendaient un bateau, ils
s’étaient assis sur la pierre taguée et virent
l’inscription laissée par Maurille.
Ils s’embarquèrent donc avec joie.
Arrivés en pleine mer, un gros poissons s’élança et
vint tomber dans leur navire. Cela les étonna mais ils furent encore
plus surpris, lorsqu’ils eurent ouvert le ventre du poissons, d’y
trouver les clefs des reliques d’Angers. Il pensèrent alors que
Maurille avait aussi été englouti par un poisson. Mais la nuit
suivante ils eurent un songe qui leur ordonnait de poursuivre leur route.
Arrivés en Angleterre, ils furent
poussés par l’esprit et allèrent directement chez le
seigneur où était
Maurille. Une fois dans la basse-cour, ils l’aperçurent en
train de porter des légumes et se jetèrent à ses pieds en
le conjurant de revenir avec eux à Angers.
Maurille leur révéla qu’il
avait perdu les clefs des reliques et qu’il avait fait voeu de ne jamais
y rentrer avant des les avoir retrouvées. Ils lui racontèrent
alors ce qui leur était arrivé. Maurille y vit un signe et
s’apprêta à les accompagner.
D’évêque devenu jardinier, il
passa à jardinier redevenu évêque.
Dès qu’il rentra à Angers,
il fut accueilli en héros. Il se rendit alors au tombeau de
l’enfant mort. Il se mit en prière, pleura et gémit
beaucoup et longtemps. A force, l’enfant ressuscita. Maurille le confirma
sur le champ et lui donna le nom de René. Il s’en occupa alors tellement bien qu’il en fit
son successeur sur le siège d’Angers.
Maurille fit encore bien des miracles.
Un artisan qui travaillait le dimanche se
servait d’une cognée. Mais le manche de la cognée demeura
attaché à sa main de sorte qu’il ne pouvait s’en
débarrasser. Cela dura 5 mois. Enfin, l’homme alla trouver
Maurille et s’accusant de sa faute. Maurille toucha alors la
cognée et la situation redevint normale.
Un laboureur qui se nommait Belgique commanda
à ses serviteurs de travailler le dimanche. Ils avaient à peine
commencé que leur maître devint aveugle. Il souffrit ainsi pendant
trois ans de continuelles douleurs. Il apprit alors que Maurille devait passer
par le village. Il résolut alors de lui toucher sa robe afin
d’être guéri. Dès qu’il l’eut fait, il
recouvra l’usage de ses yeux. Il ressuscita encore quelques morts et
guérit quelques lépreux.
Il jeûnait souvent. En Carême il ne mangeait qu’une fois tous les trois jours. Il prenait un morceau de pain d’orge dur et le trempait dans de l’eau tiède puis l’assaisonnait avec un peu de sel. Pendant 40 jours il ne sortait pas et dormait sur la cendre.
Il supprima encore un lieu où des paysans
faisaient la fête chaque année et en chassa les démons. Ce
lieu prit le nom de Château de la Pierre.
Il mourut le 13 septembre 426 à
l’âge de 90 ans.