Saints Pierre et Paul

 

29 juin

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Calendrier juin

 

Mon ami Pierrot

 

Mais le bon Dieu lui vint en aide

car les barbus sont syndiqués

il changea l’étoile en planète

et fit de Saint Pierre un portier

et de ses anges déplumés

par les amours du bon Saint Pierre

afin de tout récupérer

il fit les démons de l’enfer

ceux qui crient ceux qui pleurent

à l’heure où naissent les nuits

ceux qui crient ceux qui pleurent

dans un coin de votre esprit.

Jacque Brel

Pierre pleure toujours

Pierre lave les rues de Saint Martial

Saint Pierre pluvieux, trente jours douteux.

Pierre donne à boire à ses poissons.

 

Dans la ville de mon enfance, où coule la Meuse, la période de la Saint Pierre provoquait l’anxiété. On disait : “chaque année, Saint Pierre a son poisson !

Étrangement, cette assertion se révélait parfois juste et l’on repêchait un noyé.

 

Le moins qu’on puisse dire est que Saint Pierre à un rapport avec l’eau. Dans sa prison, il fit jaillir du roc une source pour baptiser ses compagnons prisonniers. Mais surtout, il fut pêcheur.

 

D’abord, il s’appelait Simon. (l’exaucé) Un jour, Jésus lui dit “tu es Pierre et sur cette Pierre, je bâtirai mon église”. Il s’appella alors Pierre. Mais c’est aussi pour ça qu’il est devenu patron des maçons. “Ce que tu lieras sur la terre sera lié dans le ciel.

Mais on l’invoque aussi quand on a mal aux pieds puisque son premier miracle a été de guérir un boiteux. On l’invoque aussi pour pêcher puisqu’il est aussi patron des pêcheurs.

A ce propos, un poisson porte son nom : le “Saint Pierre”. Edwige Sartori, dans son beau livre sur Saint Pierre (Pierre, Éd. Christine Bonneton; 1985) rappelle une série de légendes concernant l’origine du nom du poisson. Ce serait Saint Pierre qui aurait laissé la marque de ses doigts de part et d’autre du corps du poisson sur lequel on voit nettement deux marques noires.

 

On le prie aussi lorsqu’on a une fièvre ardente (Cf. le miracle de Capharnaum)

Il est patron des bouchers dans le Perche et en Normandie.

 

Mais il est aussi patron des moissonneurs en raison des liens qu’il faut pour lier les gerbes. Or, les moissons se font aux environs de la fête de Saint Pierre-au-Liens du 1er août. La fête de Saint Pierre-aux-Liens rappelle que, dans sa prison, Pierre était entravé par des chaînes qui finirent par se rompre.

 

S’il est fêté avec Saint Paul, c’est qu’il est mort le même jour que lui. On l’a crucifié la tête en bas alors que Paul subissait la décollation. Curieusement, on parle plus de la Saint Pierre que de la Saint Paul. Pierre semble plus populaire. Est-ce par la complicité de Paul (Saul) avec la lapidation de Saint Etienne ? Est-ce parce qu’il est plus “intello” ?

 

Si Pierre est placé au 29 juin, c’est peut-être parce qu’après la saint Jean-Baptiste, il inaugure la période de chaleur de la canicule. Or, quand il fait chaud, on a besoin d’invoquer la protection de Saints qui ont des rapports étroits avec l’eau, ou en tous cas des spécialistes du calorifique. (Jean-Baptiste, Pierre, Marguerite, Marie-Madeleine, Jacques, Christophe, Marthe, Abdon et Sennen, re-Pierre au liens du 1er août, Laurent, Marie au 15 août)

 

Arnold Van Gennep note qu’un peu partout, il y avait autrefois des feux de la Saint Pierre qui faisaient écho à ceux de la Saint Jean.

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Dans le grand cycle temporel de l’année, la Saint Jean inaugure l’ouverture d’une des portes du ciel. Il y en a deux : La porte du Capricorne, Porte des dieux, et la porte du Cancer, Porte des Hommes. Les deux signes zodiacaux contiennent deux ouvertures du ciel, deux passages obligés par lesquels les âmes descendent pour s’incarner (cancer-canicule) ou remontent après leur mort. (Capricorne-printemps)

Pierre et tous les papes suivants auront dans leurs armoiries les deux clefs qui ouvrent ou qui ferment ces portes. C’est pourquoi Pierre est représenté avec deux clefs. Il est aussi le patron des portiers, huissiers et serruriers.

 

Edwige Sartori raconte la jolie histoire bretonne de l’alouette :

Au temps des premiers hommes, l’alouette allait ouvrir la porte du ciel à l’âme des morts. C’est de là que lui vient son nom de Alc’houeder, “porte-clefs”.  Elle faisait deux voyages par jour : le matin pour ceux qui mouraient dans la nuit; le soir pour ceux qui mouraient le jour.

Mais quand Jésus-Christ monta au ciel, il ne voulut plus d’elle pour portière parce qu’elle jurait souvent; Din ! et il la remplaça par Saint Pierre.

Depuis, de temps en temps, elle veut encore pénétrer dans le séjour céleste et on la voit monter à perte de vue en chantant et en protestant qu’elle ne jurera plus; mais quand elle a vainement supplié Saint Pierre, elle se met en colère et redescend à tire d’aile en jurant de plus belle.

 

Pierre est toujours présenté comme étant solide et chaleureux, mais parfois il s’emporte.

Edwige Sartori rapporte aussi une autre histoire qui montre que Saint Pierre peut avoir aussi mauvais caractère :

Un jour, une femme se battait avec le diable. Il y avait, des deux parts, un égal acharnement.

Le bon Dieu dit à Saint Pierre : “Je les connais, ils n’en finiront qu’en s’exterminant réciproquement. Va et tâche de les séparer.”

Saint Pierre descend sur la terre et ne se met pas en frais d'éloquence, il tire son grand sabre et coupa net la tête aux deux combattants puis revient trouver le bon Dieu.

As-tu réussi, Pierre ?

Oui Seigneur

Et comment ?

Je leur ai coupé la tête

Tu as été un peu loin, dit le bon Dieu; va bien vite remettre les têtes à leurs places.”

Le bon Saint Pierre, désolé d’être allé un peu trop loin, courut exécuter l’ordre du Seigneur; mais dans sa précipitation, il se trompa et plaça la tête du diable sur le cou de la femme et la tête de la femme sur celui du Diable.

Un conteur fit le commentaire suivant :“ Cette erreur de Saint Pierre qui n’a pas été rectifiée, depuis, explique bien des choses”.

 

Les histoires de Saint Pierre sont légions. Figurez-vous qu’il payait les impôts de Jésus en trouvant des pièces de monnaie dans la bouche des poissons qu’il pêchait.

Son succès vient sans doute de ce qu’il était faillible puisqu’il renia, par 3 fois, le Christ. Il  a une histoire avec le coq. Protestant de sa fidélité à Jésus, celui-ci lui dit : “avant que le coq n’ai chanté, 3 fois tu me renieras.” C’est ce qu’il fit au Mont des Oliviers. Il se défila et, par peur des représailles, il fit savoir qu’il ne connaissait pas Jésus.

 

Il avait, auparavant, coupé l’oreille droite (oreille de la mémoire) d’un des serviteurs du grand prêtre, un nommé Malchus. (en hébreux : Mélek = Roi)   
                                                    
                                                                                                                                                                                                       

Que vient donc faire ce coq ? Ce Gal, gallinacé Gallicque, Gallika, ce Gault, ce Geaud, ce moitié de Jo comme raconte Yannick Jaulin dans l’histoire avec la Raymonde. Il a la couleur du lait, il est blanc, il est galactique.

C’est que son chant fait rappeler aux morts le souvenir de leur vie antérieure, contrairement au rugissement du lion qui les fait oublier. Il permet aux pèlerins du ciel de retrouver ce qu’ils cherchent lorsqu’en suivant la voie lactée, ils remontent vers le ciel.

 

Au 25 juillet, nous aurons Saint Jacques, autre grand “lieur délieur” avec son copain Saint Christophe le passeur de voie lactée. Tous deux sont aussi des gens de l’eau. Nous serons en pleine canicule.

 

Bonne fête à tous les Pierre, Pierrot, Pierrette, Perrine etc.

 

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