"A
la saint Thomas, les jours grandissent d'un pas"
"A
la Saint Thomas, si tu as un porc gras, il faut le tuer, si tu n'en a pas,
il faut le voler, prie Saint Thomas, il te pardonnera"
D |
epuis 1969, Saint Thomas a été
déplacé au 3 juillet. Pas étonnant pour un saint qui est
allé jusqu'aux Indes où se trouvent encore des chrétiens
dit de Saint Thomas.
Mais alors les dictons temporels n'ont plus
cours ? C'est pour ça qu'au risque d'être taxé de ringard,
je le garde au 21 décembre, jour de sa fête populaire.
Il était cartésien avant la lettre
"je pense donc je suis, donc je doute."
Lorsqu'il a vu le Christ ressuscité, il a
dit "des clous ! j'en doute !" puis il s'est mis à faire la
première expérience scientifique. Son oeil ne lui suffisait pas,
il fallait qu'il touche avec ses doigts sceptiques. Qu'il mette ses doigts dans
les blessures. Pourtant le Christ lui dit "ne soit pas sceptique mais
crois". Alors Thomas y va au flanc et met un doigt dans son
côté et un doigt dans le trou de sa main. (Jean 20, 25-29)
Au fond, Thomas met la main à la
pâte en même temps qu'à la patte. Est-ce pour ça
qu'il est patron des maçons et des architectes ?
On pourrait en discuter longuement. Le mieux ce
serait à la manière de Thaumaste qui, dans le II livre de
Rabelais au chapitre 19, parle avec des gestes et construit, sans clous, des
architectures rythmo-corporelles. "Il leva les deux mains en l'air
séparément, fermant les extrémités de tous les
doigts en cul de poule comme on dit en Chinonnais, et les frappa l'une contre
l'autre avec les ongles quatre fois, puis les ouvrit, et ainsi il frappa l'un
contre l'autre le plat de ses mains en faisant un bruit strident. De nouveau il
les joignit comme il venait de le faire, frappa deux fois, et quatre fois de
nouveau en les ouvrant; puis il les joignit encore et les étendit l'une
contre l'autre, comme s'il priait Dieu avec dévotion."
Essayez pour voir ! Mais heureux ceux qui ont
cru sans être ni avoir vus !
Le mieux serait d'apprendre par coeur et
entièrement son dialogue gestuel avec Panurge.
A moins que vous n'appreniez la langue des
signes
P |
our en revenir à Thomas, il faut savoir
qu'il était d'abord pêcheur en Galilée. Puis, comme les
autres apôtres, il a suivi Jésus.
On le retrouve à la résurrection
de Lazare où il promet de mourir avec le Christ. Ca va lui arriver
d'ailleurs. On le retrouve aussi quand Jésus dit "vous savez
où je vais". Thomas répond, en bon douteur, "nous
ignorons où vous allez". Puis enfin après la résurrection
où éclate violemment la grande scène dubitative. Je ne
crois pas qu'il ait été là quand Jésus à dit
"je suis l'Aleph et le Tau". (Tau, dernière lettre de l'alphabet
hébreux, signifie "signe")
Mais il est pourtant représenté
avec une équerre ou un tau, signe des architectes. Un père de
l'église dit du doigt de saint Thomas qu'il est le maître du monde
parce c'est ce doigt qui lui a appris la chair du Christ : la
réalité de son incarnation.
Il y a un autre moment où Thomas
était là, c'était à l'Ascension. Par contre il a
raté l'Assomption de la Vierge. Elle était déjà en
retard et Thomas n'était toujours pas là. Elle dit "je ne
peux plus attendre", et la voila qui commence sa montée. Elle
n'était pas encore bien haut quand Thomas arriva. Les apôtres lui
firent des reproches pour son retard. Étonné, il demanda pourquoi
ces reproches ? "c'est que Marie vient de remonter au ciel.",
répondirent-ils. Et Thomas redoute. "Mon oeil, je n'ai pas vu
!" Mais la douce Marie avait entendu, vu qu'elle n'était pas encore
très haut. Alors elle détacha sa ceinture et la laissa tomber sur
la tête de Thomas qui sentit et ne douta plus. Heureux ceux qui ont senti
sans avoir vu !
Il y a d'autres histoires de ceintures avec
d'autres saints ou saintes.
Comme il avait toujours besoin de
"sentir" avec ses mains, saint Thomas avait besoin de tout
vérifier, il ne partit pas aux Indes sur un coup de tête. Dieu le
savait et il lui apparut en lui disant que le roi des Indes, Gondophorus, avait
besoin d'un architecte et qu'il avait envoyé un de ses ministres en
quête d'un nouvel Hiram. Ce ministre s'appelait Abanès. Sans doute
avait-il entendu parler du temple de Salomon ! C'est pour ça qu'il se promenait du
côté de Jérusalem.
L |
es deux hommes partirent pour l'Inde. Ils passèrent
par de nombreux pays. Partout où ils passaient, Thomas convertissait des
foules. Beaucoup de pays revendiquent Thomas comme le fondateur du
christianisme. Même les Allemands. Tout le monde sait que, pour aller en
Inde, le plus court chemin passe par Berlin. Ils rencontrèrent les Rois
Mages qui étaient venus adorer l'enfant Jésus et les
baptisèrent.
Ils arrivèrent dans une ville où
le roi mariait sa fille. Il furent obligé d'aller à la noce s'ils
ne voulaient pas se faire punir par le roi. Dans cette noce, il y avait une
jeune fille juive qui jouait de la flûte. Entre deux morceaux, elle
disait des choses gentilles à gauche et à droite. Elle reconnut
Thomas parce que, comme tous les juifs, il ne mangeait pas et avait les yeux fixés
vers le ciel. Elle se mit alors à chanter en Hébreux.
Mais il y avait un échanson qui observait
Thomas. Il sut qu'il était juif parce qu'il ne mangeait pas et tenait
ses yeux fixés vers le ciel. Alors il lui donna un soufflet. Thomas dit
"je ne lèverai pas la main avant que celle qui m'a frappé ne
soit apportée ici par un chien."
Un peu plus tard, l'échanson alla
à la fontaine pour chercher de l'eau. Il rencontra un lion qui
l'étrangla et but son sang. Un chien noir, qui passait par là,
lui arracha la main droite et revint vers les convives, sauta sur la table avec
la main de l'échanson dans la gueule. Les invités étaient
atterrés. La jeune fille lâcha sa flûte et se prosterna au
pieds de Thomas
Quand on vous soufflette sur la joue droite,
présentez la gauche. Quand on vous arrache la main droite,
présentez la gauche si vous en avez encore l'occasion.
Thomas et Abanès se rendirent alors chez
le roi des Indes. L'architecte réalisa les plans d'un palais
merveilleux. Il fut payé d'une fortune en or. Puis le roi dû
s'absenter pendant deux ans. Durant son absence, Thomas distribua tout son or
aux pauvres et, par sa prédication, convertit une foule de gens.
Quand le roi revint et qu'il apprit ce qu'avait
fait Thomas, il le mit en prison en attendant de l'écorcher et de le
brûler. Or, le frère du Roi, le prince Gab vint à mourir.
On se préparait à l'enterrer quand, tout à coup, il
ressuscita. Il raconta qu'il était allé au paradis et que Dieu
lui avait dit "Thomas est mon ami". Puis Dieu lui avait montré
un splendide palais qu'avait construit Thomas pour Gondophorus et lui avait dit
: "Mais il s'en est rendu indigne." "Si tu veux pouvoir y
demeurer, nous pouvons te ressusciter pour que tu rachètes le palais
à ton frère afin qu'il soit remboursé, puisqu'il pense
avoir perdu tout son argent."
Gad alla donc délivrer Thomas et
Abanès. Gondophorus qui s'était rendu compte de son erreur se
jeta aux pieds de Thomas et lui demanda pardon. Puis Gad dit à son
frère "je voudrais acheter ton château" mais Gondophorus
répondit "non, je le garde pour moi, que Thomas t'en bâtisse
un autre, ou alors, possédons le en commun". Thomas intervint :
"Ils sont nombreux dans le ciel les châteaux bâtis pour les
saints, mais on les achète avec des prières, des aumônes et
de la foi.
Ensuite, Thomas rassembla tous les pauvres et
les malades afin de les bénir. Quand ils eurent répondu
"Amen", un éclair s'abattit sur la foule pendant une
demie-heure. Tout le monde s'écroula. Quand l'éclair eut
cessé, ils étaient tous guéris.
U |
n jour, dans la ville de Méliapour, il
entreprit de construire une église mais Sagame, le roi, s'y opposa
violemment. Au bord de la mer, à dix lieues de la ville, une poutre
d'une grosseur prodigieuse s'échoua. Le roi voulut la prendre pour
bâtir sa maison. Mais les nombreux ouvriers qu'il avait envoyés ne
purent déplacer la poutre. Thomas se proposa de la tirer jusqu'à
la ville à condition qu'on lui permette de bâtir une
église. Le roi accepta en sachant qu'il n'y arriverait pas. Thomas
attacha la poutre avec sa ceinture et la tira très facilement jusqu'au
centre de la ville. Après ça, tout Méliapour se convertit.
Puis
il convertit Migdomie, femme de Carisius, un cousin de Gondophorus. A la suite
de cette conversion, Migdomie ne voulut plus partager le lit de son mari.
Carisius s'en plaignit. On envoya la Reine afin de ramener Migdomie à de
meilleurs sentiments, mais elle fut elle-même convertie. Depuis ce temps
la, la Reine ne voulut plus partager le lit de son mari. Éploré,
le roi dit à son cousin : "en voulant sauver ta femme, j'ai perdu
la mienne".
Alors le roi, furieux, fit ligoter Thomas et le
fit marcher pieds-nus sur des lames rougies au feu. Mais une fontaine se mit
à jaillir et refroidit les lames. Après, le roi fit jeter Thomas
dans une fournaise brûlante, mais la fournaise s'éteignit. Puis
Thomas fit fondre, par sa prière, une idole du temple. Le grand
prêtre en colère saisit son glaive et transperça Thomas.
Les chrétiens excédés
voulurent tuer le roi et Carisius qui s'enfuirent. Le corps de Thomas fut
recueilli et mené à Edesse (l'actuelle Urfa, en Turquie)
Le roi de la cité d'Edesse, Abgare,
reçut une lettre manuscrite de Jésus. Depuis, aucun payen ne peut
vivre ni attaquer la ville car, en cas d'agression, un enfant monte sur les
murs d'enceinte et lit la lettre. Les ennemis sont alors mis en fuite.
Mais Urfa, et ses carpes, c'est toute une histoire.