Né près de Boulogne au
7e siècle, dans un lieu nommé Sylviacum, aujourd’hui
“Samer” dans le Pas-de-Calais. Son père s’appelait
Walbert, sa mère Dude et son frère Wamer.
Il tomba amoureux d’une belle
jeune fille qui s’appelait Osterhilda. Mais après le mariage, un
jeune homme nommé Wilmer réclama son dû : Ostrehilda qui
lui avait été réservée selon les lois franques.
Wulmer dut céder et le mariage fut déclaré nul.
Le pauvre Wulmer en fut désespéré
et prit le monde en dégoût.
Il se rendit à l’Abbaye
d’Hautmont pour s’y faire moine. L’abbé lui donna la
tâche d’aller chercher du bois avec un chariot conduit par des
boeufs. Il passait la journée à ce travail pénible.
La nuit, il s’introduisait subrepticement
dans le dortoir des moines, enlevait leurs chaussures, les nettoyait puis
venait les replacer. L’abbé se demandait qui pouvait bien
être l’auteur de ce service. Il se cacha un soir et attendit dans le noir. Quand Wulmer
voulut prendre ses chaussures, il se fit empoigner par l’Abbé et
dût se faire reconnaître. Mais l’abbé, bienveillant le
laissa continuer sans révéler son nom aux autres moines.
Son travail quotidien ne
l’empêcha pas de désirer apprendre les lettres. En effet, il
ne savait pas lire.
Un jour, comme il conduisait ses
boeufs tout en lisant consciencieusement ses tablettes de lettres, son chariot
s’arrêta. Wulmer était si concentré qu’il ne
s’en rendit pas compte. Au bout d’un certain temps, il se retourna
et ne trouva plus son attelage. Il revint en arrière pour les rejoindre.
L’Abbé, apprenant le fait, lui retira la corvée et lui
permit de se consacrer entièrement à l’étude. Il fit
des progrès rapides.
Puis on l’ordonna
prêtre.
Il demanda alors la permission
d’aller vivre en solitaire. Il s’enfonça dans les grandes
forêts de Flandre où il trouva un chêne creux et y fit son
habitat. Les racines et les herbes furent ses repas quotidiens.
Mais Dieu apparut en songe à
un seigneur qui vivait non loin de là : “Vous mangez des mets
délicieux et vous buvez des vins exquis pendant que mon serviteur Wulmer
meurt de faim dans le creux de l’arbre où il habite !” Le
seigneur bouleversé prit des vivres et s’enfonça dans la
forêt à la recherche de Wulmer. Il criait “Wulmer, Wulmer,
où es-tu ?” Puis il entendit une voix qui chantait et se dirigea
vers elle. Wulmer était surpris mais mangea volontiers ce qu’on
lui apportait.
Le seigneur proposa à Wulmer
de venir s’installer sur une partie de ses terres et d’y construire
un ermitage.
Après
quelques temps passé dans son nouvel ermitage, Wulmer se mit à
faire des miracles et sa réputation s’étendit au point que
beaucoup de gens accouraient de toutes parts. Il résolut de repartir se
cacher dans les grandes forêts entre Desvres et Tangry. Elles faisaient
partie du patrimoine de sa famille.
Mais un jour, son frère
Wamer, qu’il avait perdu de vue depuis longtemps, chassait dans la
région et surprit l’ermite. Ne s’étant pas reconnus,
Wulmer craintif dit : “Seigneur, je prie Dieu pour les hommes, je me nourris
des herbes qui poussent dans vos bois et je me désaltère à
vos ruisseaux, laissez-moi vivre là où le ciel m’a
conduit”. Wamer lui demanda son nom : “Je m’appelle Wulmer
!” A ces mots, Wamer fondit
en larmes et se jeta dans les bras de son frère. Il l’engagea
à revenir avec lui pour retrouver ses parents, mais Wulmer
n’accepta pas.
Wamer retourna au château et
informa sa famille qui, heureuse de ces retrouvailles, lui ordonna de porter
à Wulmer tout ce dont il avait besoin. Wamer retourna dans la forêt
en appelant à tue-tête “Wulmer, Wulmer !”. Finalement
il retrouva son frère et lui donna ce qu’il avait apporté.
Mais Wulmer refusait toujours de
rentrer. Il attacha une planche et un marteau à un arbre. “Chaque
fois que vous voudrez me voir, frappez sur la tablette et je viendrai.”
Puis les foules se mirent à
envahir la forêt. Certains voulaient vivre sous la direction de Wulmer.
Comme il ne pouvait plus faire autrement, il organisa un ensemble de cabanes
afin de les recevoir. Puis il construisit un monastère plus vaste.
Peu de temps après, le roi de
Wessex, en Angleterre, se dirigeait vers Rome. En passant, il eut vent de la
réputation de Wulmer et voulut le rencontrer. Il lui donna une forte
somme d’argent afin qu’il construisit une basilique puis continua
son voyage vers Rome.
Wulmer construisit aussi un
monastère pour les femmes à Wierre-aux-bois.
Ces constructions de
monastères contribuèrent au défrichage des forêts de
la région.
Wulmer mourut vers 710. On le
représente soit au creux d’un arbre, soit dans un petit ermitage
au fin fond de la forêt.