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Le chien noir

Il y avait une fois, dans le pays de San, à l’est de Bamako, un homme qui vivait là avec son chien.
L’homme avait une maison, quelques biens et des boeufs dans un enclos.

Un soir où il fumait tranquillement devant sa porte, il entendit, avec étonnement, son chien parlant à un grand chien noir qui venait d’apparaître.
Le chien noir lui disait : “tu viens te promener ?”
L’autre lui répondit
- “Non !”
- “Pourquoi ?” lui dit le chien noir
- “Parce que ce soir, la maison de mon maître va brûler et je dois être là pour la garder.”
Et le chien noir disparut.
Le maître, ayant entendu cela trouva bizarre que son chien se soit mis à parler mais, par précaution, il retira ses meubles, ses tapis, ses tissus et ses coffres.
Le soir, il y eut un orage épouvantable. La foudre s’abattit sur la maison et la brûla.

Trois semaines plus tard, où le maître fumait tranquillement devant sa porte, le chien noir apparut à nouveau.
- “Tu viens te promener ?”
- “Non !”
- “Pourquoi ?”
- “Parce que ce soir, les hyènes vont venir et mangeront les boeufs de mon maître. Je dois être là pour les garder !”
L’homme, par précaution, retira les boeufs de son enclos tout en y laissant le plus malade afin de vérifier si ce qu’avait dit le chien était vrai.
Le soir, les hyènes arrivèrent et dévorèrent le malheureux boeuf laissé dans l’enclos.

Quelques semaines plus tard, où le maître fumait tranquillement devant sa porte, le chien noir réapparut à nouveau.
- “Tu viens te promener ?”
- “Non !”
- “Pourquoi ?”
- “Parce que ce soir, mon maître va mourir !”

Alors là, l’homme se jeta aux pieds de son chien en lui disant
- “Je t’en supplie, dis-moi ce que je dois faire !”
Le chien répondit
- “c’est trop tard !”
- “Comment ! c’est trop tard ?”
Le chien dit
- “le temps du sacrifice est passé. Si tu avais laissé brûler ta maison et tes meubles, si tu avais laissé dévorer tes boeufs, aujourd’hui tu pourrais te sauver toi-même. Mais tu as toujours voulu tout éviter. Cette fois-ci c’est trop tard, tu n’as rien sacrifié.
Trois jours après, le maître était mort.

Les gens du pays de San disent :
- ”Ne crois pas que cette histoire est vraie, mais si tu laisses passer le temps du sacrifice, après, c’est toi qui est mort.

(Raconté par André Voisin dans une émission télévisée.)

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