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LE CHIEN ET LE PARCMÈTRE       Collectif Nancy 1979

Il était une fois un beau parcmètre qui vivait très heureux. Tous les jours, une vieille dame venait faire ses courses à l’épicerie d’en face. Tous les jours elle attachait son basset au pied du parcmètre. C’était toujours le même manège, le chien tournait inlassablement autour du parcmètre.

Un jour, tous deux en eurent assez, et le basset se mit à parler au parcmètre. Il lui dit :
- “On, se fait chier ici, si on foutait le camp ?”   

Mais le parcmètre devint tout triste :
-“Toi, tu peux t’en aller, moi je suis cloué au sol, tel le Christ des temps modernes, je suis crucifié sur le béton” !

Mais le basset était un basset magique. Il lui répondit :
- “Je peux te transformer en papillon si tu le veux, mais pour cela, il me faudrait beaucoup d’argent”.

A ces mots, le parcmètre ne se sent plus de joie, il ouvre une large fente et laisse tomber une pluie scintillante de pièces d’argent.
A ce moment, une épaisse fumée s’éleva du bitume.
Quand elle disparut, le parcmètre était devenu papillon.
Ivre d’azur, il s’envola, le basset magique attaché à son cou. Ils s’élevèrent  au dessus de la ville polluée et prirent la direction du nord.

Ils arrivèrent dans une grande forêt. C’était une belle forêt comme il n’en existe plus aujourd’hui. Les odeurs nauséabondes de la ville s’étaient transformées en senteurs parfumées de pins et de pimprenelles.
Hélas, cela ne dura pas longtemps. A peine posés, un chasseur de papillon commençà à les poursuivre.
Pour échapper au chasseur, le basset transforma le papillon en un grand chêne. Le basset était installé dans un nid de basset, et ils vécurent là, heureux.
Mais un jour, un bûcheron arriva, il venait couper le grand chêne.
Par une formule magique : “BLACK ET DECKER”, le basset transforma le chêne en un lac paisible. Et ils vécurent là heureux. Le basset s’ébattait dans les eaux bleues du lac.
Mais un jour, une usine s’édifia sur la rive. Elle dégueulait dans le lac des immondices écoeurantes. Le lac ne supportant plus ces agressions, il demanda au basset de redevenir parcmètre.

Un gros nuage de fumée s’éleva du sol.

C’est alors que la vieille dame sortit de l’épicerie. Elle détacha son chien et fit un clin d’oeil au parcmètre.    Elle lui murmura :
- “Si mon chien vous parle, ne le croyez pas surtout, il est fou”.

Braves gens, si d’aventure, vous rencontrez un basset attaché à un parcmètre, mettez un franc et qui sait ce qui arrivera .

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