La modalit : une parole crative, musique,
qui nĠest pas soumise un systme musical savant.
Willy Bakeroot
Cette anne,
nous vous proposons de nous pencher sur quelque chose qui nous parat important : la modalit.
Le
propos de la musicothrapie active est dĠoffrir un
contenant. Ce contenant permet lĠmergence des rapports conflictuels entre
lĠtre humain et la ralit qui lĠa model.
La
musicothrapie active nĠintervient pas directement sur les symptmes ou sur les
conflits eux-mmes.
Elle
favorise leur mise en vidence ainsi que leur cheminement vers une ventuelle
rsolution. Cette mise en vidence est facilite par
la mise en jeu du corps global.
La modalit est
une forme dĠexpression musicale qui est au plus prs de lĠhumain et de la
parole. Forme qui organise le temps, contrairement aux formes qui propose un temps dj organis comme celles du systme tonal.
De plus,
cette forme dĠexpression est loigne de toute
machinerie savante.
Ce nĠest
pas en 2 jours que nous en ferons le tour mais cela fournira sans doute des
points de repres pour la rflexion.
Pour
commencer, je voudrais vous faire couter un petit document
audio-visuel. Il sĠagit dĠune prestation de Billie Hollyday, une chanteuse
noire amricaine qui nous montre un bon quilibre
entre ce quĠelle garde des racines africaines et lĠutilisation du systme tonal
occidental.
CĠest un
document qui mĠa t souffl par le site de Bernard Lortat-Jacob. Je lĠai retrouv sur Youtube. Billie Holliday raconte
lĠhistoire terrible dĠun noir lynch par des blancs
racistes.
Bernard
Lortat-Jacob dit que le style de la chanteuse est tout
fait dans le registre du chant modal et donc du style oral parce quĠil ne
sĠinfode jamais une mlodie. Elle faonne le son sans se laisser faonner par lui. Elle joue avec le son.
Faire
rfrence au systme tonal sans y tre infod, cĠest sans doute un axe essentiel pour la dfinition de la modalit.
JĠavais
demand Bernard Lortat-Jacob sĠil pouvait venir aujourdĠhui mais ses activits le retiennent Toulouse. Ce sera pour la
prochaine fois peut-tre. Je pense quĠil doit toujours tre par monts et par vaux. Il aurait pu nous dire
des choses trs intelligentes sur la modalit.
Billie Holliday. Document
audio-visuel. :
http://www.youtube.com/watch?v=h4ZyuULy9zs
On ne
peut dfinir la modalit que par rapport la tonalit. CĠest
parce que notre expression musicale occidentale est imbibe du systme tonal
que nous avons invent un mot pour dsigner tout ce qui nĠest pas tonal.
Le systme Tonal
Comment
se dfinit le tonal ? CĠest
un systme qui sĠest constitu progressivement depuis le Moyen-ge partir des
thories grecques de Pythagore. On pourrait dire que son acm
sĠest manifest avec le Ç Trait dĠharmonie È de Jean-Philippe
Rameau. Le tonal est donc un systme tons
mari avec ce quĠon appelle la gamme
bien tempre qui divise lĠchelle musicale en 12 demi-tons gaux.
Mettez-vous sur un piano et jouez les notes de do
do, y compris les notes noires, vous aurez 12 demi-tons gaux.
CĠest
une gamme de notes distinctes qui, depuis quelques sicles, a rduit lĠoreille
occidentale en la condamnant ne plus entendre autre chose, sauf considrer
quĠil sĠagit de fausses notes.
Dans
cette gamme nous avons la prpondrance de la tonique, de la quinte ou la
quarte, et de lĠaccord parfait. La chanson
Ç frre Jacques È est une parfaite
illustration du systme.
La Modalit
La
modalit est en dehors de ce systme. Elle dsigne les
nombreuses expressions musicales qui sont le propre de ceux que nous appelons
les traditionnels ou les cultures de style oral.
Vous
avez bien d vous rendre compte quĠun chanteur Arabe ne chante pas tout fait
comme un chanteur franais, ou encore quĠun africain
du sud nĠutilise pas sa voix comme le ferait un parisien qui sĠaccompagne dĠun
accordon.
Mais
dĠabord, je voudrais vous dire dĠo vient mon intrt
pour la modalit.
Cette
orientation mĠest venue progressivement
Exprience dcisive
Il fut un temps o je travaillais dans un foyer pour adolescents
dlinquants. CĠtait au moment o la profession dĠducateur
commenait son aventure. Les psychologues existaient
peine. Il nĠy avait aucune des professions que lĠon trouve aujourdĠhui et surtout pas de musicothrapeute.
CĠtait lĠpoque o, le soir, 22h00, on enfermait les ados dans
des cages fermes clef. De
petites alcves fermes au-dessus par une grille. Le matin,
on les ouvrait pour la journe.
JĠai
aussi assist la suppression des cages au profit de chambres ordinaires avec
fentres.
Nous tions tous trs heureux de cette rvolution mais nous ne nous
rendions pas compte que dĠautres spectres de cages taient toujours prts
nous enfermer.
Dans ma
navet de petit musicien, je croyais encore que la musique adoucissait les
mÏurs.
Pendant mes
loisirs, je dirigeais une chorale universitaire de 60 80 jeunes fort
sympathiques et prts rformer le monde. Nous
faisions partie du mouvement Ç Ë cÏur Joie È et
nous tions dĠun optimisme toute preuve.
Je
mĠefforais donc de faire en sorte que les gars du foyer puissent venir la
chorale pour bnficier de la musique gurisseuse.
JĠai t vite du car a ne les intressait pas bien. Ils trouvaient quelques plaisirs participer
nos sorties de week-end sans plus.
a ne
marchait pas et je me suis vite aperu quĠil fallait
autre chose comme activit musicale. La mayonnaise ne prenait pas. JĠai commenc me rendre compte que en entranant la musique
tonale, jĠenfermais de plus en plus les gens dans une cage.
JĠai
donc pris un tournant dans une trajectoire ricochet.
Dcouverte de Carl Orff
JĠen ai
parl un cousin Belge qui passait par l et qui me
dit Ç viens voir ce quĠon fait en Belgique È.
Je suis donc mont en Belgique et je suis tomb sur les
instruments du Schulwerk de Carl Orff. a mĠa fascin et
jĠai rapidement pris contact avec Carl Orff Salzburg. Comme Carl Orff parlait
allemand mais ne parlait pas Franais et que moi, je parlais Franais mais je
ne parlais pas Allemand, aprs plusieurs conversations par traducteurs
interposs, il mĠa conseill dĠaller en Belgique voir Marcel Andries, qui lui,
parlait Franais.
CĠest donc ce
que jĠai fait. Il mĠa appris bien des choses sur les
fondements de la pense de Carl Orff. Il est
mme venu animer un des premiers stages Orff en France, au Creps de Montry.
LĠaventure
devait continuer si Marcel Andries nĠavait pas compromis sa
sant en se tuant au travail. Il nous a donc quitt en 1985 et
laiss place Jos Wuytack. Mais a, cĠest une toute autre
histoire.
JĠai
continu organiser des stages de formation en mme temps que je poursuivais mon activit thrapeutique dans 3 CMPP de la rgion
parisienne.
Comme je
nĠavais pas de place pour ranger les instruments Orff, je les laissais dans les
salles de thrapie des institutions et je les reprenais
pour partir en stages.
Cela mĠa permis de faire nombre dĠexpriences de type musical avec
les enfants dont jĠavais la charge.
Expriences souvent spontanes, mais qui, durant
toutes ces annes, mĠont fait changer compltement mon rapport avec ce que nous
appelons la musique.
Mais revenons Carl Orff.
Un des
fondements de ses recherches tait son amour de la
langue. Toute son Ïuvre musicale en est imprgne. Son Ïuvre pdagogique prend le langage comme fil dĠAriane.
Il
disait lui-mme que le Schulwerk, avant dĠtre un
outil de formation musicale, tait un outil qui devait permettre aux enfants un
panouissement de son expression et de son accs la parole. CĠest--dire de ce qui lui permet dĠaller vers les autres.
Il
voulait revenir des positions que lĠon pourrait appeler
Ç primitive È et construire lĠenfant non pas
partir des conqutes techniques dĠaujourdĠhui mais partir de lĠlmentaire.
Pour voquer cet Ç lmentaire È, il
utilisait le terme allemand de Heimat, intraduisible en franais et qui
pourrait voquer une sorte de Ç maison de lĠenfance È, un pays de la
naissance et des fondements de la personne humaine.
Il prnait lĠaction de Ç musiquer È. Il utilisait le terme de
Ç bildkraft È (construction, qui advient par lĠimaginaire) qui voque
la puissance formatrice et crative de lĠaction de
musiquer.
CĠest
dans cet esprit quĠil sĠest loign des formes de musiques marques par
lĠOccident pour se diriger vers des formes qui donnaient la primaut la
parole, cĠest--dire les musiques modales.
Pour moi
qui cherchais dĠautres rfrences que celles de lĠaccord parfait, cĠtait une
perspective enthousiasmante.
La mcanique tonale
Notre
systme dit Ç tonal È sĠest dvelopp progressivement depuis la Grce
des Pythagoriciens pour aboutir au trait de Jean-Philippe Rameau. Trait qui a scell la grande cage musicale dans laquelle nous nous
agitons depuis. Une grande cage qui nĠa ni
visage ni sexe.
Pythagore
avait une cuisse en or. (cf. Jamblique) CĠtait
un tre trs spcial que nous appellerions sans doute
aujourdĠhui un psychotique ou au moins un psychopathe. Il a eu
le malheur de passer un jour devant une forge o il a entendu les sons des
coups de marteaux des ouvriers. Il a peru les harmoniques et
en a dduit un systme de rapports des sons qui a fait fortune jusquĠ
aujourdĠhui.
Je fais lĠhypothse que ce systme a t repris par les
musiciens de lĠpoque des dbuts de la socit industrielle. Vers le 11me
et le 12me sicle, les arts mcaniques diffusrent leurs
procds avec ampleur.
La fascination
du dveloppement technologique et la fabrication des
machines devinrent monnaie courante.
Le monde musical ne fut pas soustrait la mcanisation. Tambourins, lyres, et
fltes cdrent la place des machines de plus en plus perfectionnes. Apparurent
les viles, violons, les orgues et tout ce qui pouvait
mettre en valeur un son de plus en plus fascinant parce que de plus en plus
pur.
Cela donna lieu un divorce entre la parole et la musique. La
musique pure tait invente et pour longtemps. Elle a favoris lĠinvention de lĠharmonie.
Ce divorce a embarqu les techniques de production du son dans
le registre fascinant de lĠineffable. Ce registre sĠest rapidement accompagn
de la construction de tout un systme de gots et
dĠhabitudes bien installes.
Finalement,
les romantiques du 18 et 19me sicle en
ont dtermin la logique que lĠon trouve encore dans le mot Ç art È
tel quĠil est connot aujourdĠhui. CĠest une logique de lĠindividualisme :
lĠindividu inspir produit une Ïuvre dont le destin est dĠtre admire par les
autres. On cre alors la socit du spectacle et on
cre lĠAcadmie.
Les
possibilits de manipulation du son ont favoris la fortune du systme tonal
qui se prsente, lui, comme une norme mcanique base sur les harmoniques et donc sur la succession des quintes.
Vers le
15me sicle, grce lĠpanouissement de lĠimprimerie, le systme
se cristallise progressivement et attire la soif de
matrise. Ce sera un des outils majeurs de la
fabrication du systme bien tempr.
LĠisolement
du son grce des instruments perfectionns lui donne
lĠapparence dĠun objet matrisable. La matrise est
favorise par le solfge crit.
Il
suffit de sĠapproprier de quelques lois de cet objet
pour sĠen servir comme dĠun jouet.
CĠest
justement ce dont ne sont pas capables les gens dont nous avons la charge dans
nos salles de thrapie.
Les handicaps
Cela
pour deux raisons essentielles :
- La premire est quĠils sont dj victime dĠun systme
matriciel captatif avec lequel ils sont en conflit. Ds quĠon les remet en face
dĠun systme, il ragissent en sĠopposant.
- La seconde est que viennent se rajouter ensuite les
difficults de tous ordres quĠils soient moteurs – kinsiques ou
coenesthsiques - ou psychiques.
Le refus
dĠinvestir un ordre quel quĠil soit tient une
mfiance lĠgard de ce qui pourrait enfermer dans un langage symbolique sans
me, loin du rel et des mois primitifs.
Ë remarquer que le rel contient toute la mmoire des premires
aventures dans lĠloignement de la mre. Cette mmoire primaire est
confusionnelle.
La
mettre en catgories, cĠest la supprimer et la faire
mourir.
Il y a
de quoi susciter de la mfiance vis--vis de ce qui
peut Ç mettre plat È.
Nous
pouvons laisser cette machinerie et utiliser dĠautres
possibilits qui nous font entrer dans le monde de ce que lĠon appelle le
MODAL.
Le Modal
Les
points fort du modal sont les suivants.
1) -
DĠabord il donne la primaut la parole.
CĠest la
parole qui donne le rythme et la mlodie. Un exemple est
celui du chant dit Grgorien ou cĠest la parole qui donne le rythme et suggre
la mlodie.
2) - Le
chanteur modal faonne le son sans se laisser faonner par lui. (Lortat-Jacob)
3) - Le
Ç chanteur È modal est un
Ç diseur È, un conteur. La diffrence habituelle entre le Ç chant È
et le Ç dire È est pratiquement annule. Ce
nĠest pas facile comprendre pour nous qui avons fait un
clivage radical entre la parole et le chant.
4) -
LĠappellation de Ç mode È voque un
Ç mode dĠtre È qui est fond sur le sens. Un exemple est celui des
ragas en Inde. Ragas qui se rapportent des situations
donnes. En Inde, il y a un mode spcifique qui
convient pour une situation. On ne chante pas nĠimporte quoi
nĠimporte quand.
DĠautre part, lĠattention nĠest pas attire par une organisation
mlodique de type tonal. Il nĠy
a pas de notes distinctes. La mlodie est intimement
lie la parole.
5) - Le
systme de notes distinctes ne vaut pas. Nous sommes l dans
une libert mlodique que ne nous laisse pas le systme tonal. CĠest le monde des mlismes et du rythme pur.
6) - Le
modal est li la personne du chanteur qui sĠexprime
selon un style personnel. Style propre sa
personnalit.
7) - Le
modal nĠest pas fait pour tre admir mais il
sĠadresse un prsence familire, si possible attentive et rpondante.
Il nĠest
donc pas question ici de rfrences un systme
rigide et mcanique. Dans le modal on ne chante pas faux.
Les rfrences sont dans le langage utilis pour dcrire des aventures ou des
situations.
Vous
comprenez pourquoi cette faon de musiquer donne des
ouvertures notre mtier. Elle donne des permissions
et des pistes larges et des invites musiquer librement sans se sentir
perptuellement coupable devant le dieu Ç LA È qui exige allgeance
et une performance technologique pour construire ce que nous appelons la
musique.
La pratique du modal
Dans la
pratique, comment essayer de retrouver cet usage ?
On
pourrait proposer de ne pas tenir compte des chelles tonales et de laisser sa voix
voyager librement dans les sons sans repres. Mais ce
nĠest pas aussi simple. Nous sommes tellement imbibs de
cette chelle quĠelle revient sans cesse chaque fois que nous voulons
chanter. Ce qui revient dĠailleurs le plus souvent
cĠest lĠaccord parfait.
Une
piste intressante est celle de la Ç Corde mre È ou du Ç bourdon È continu. Il faut tenir
compte du fait que chanter librement et seul provoque
de lĠanxit. Il est bon que le chanteur soit
accompagn sans que cet accompagnement freine la crativit du chanteur.
Un
instrument jouera le bourdon sur une seule note. Cette note sera la rfrence et la scurit du chanteur. La corde mre peut tre aussi
active par des voix.
Le chanteur sĠhabituera se promener autour de cette corde. CĠest un exercice qui
prendra du temps car il sĠagit dĠun entranement.
Les
choix et lĠtendue mlodique sont la discrtion du
chanteur qui prendra ce qui convient la phrase quĠil exprimera. La plupart du
temps, il est bon de commencer par le recto-tono. Cela habituera lĠexercice.
Reste la question de la parole.
Dans les
socits traditionnelles, des textes sont connus par cÏur. Par exemple, en
Inde, il est courant dĠemprunter au Ramayana ou au
Mahabaratha des squences qui vont nourrir un rituel et fonder les mouvements
des acteurs.
En Occident, la Bible ou lĠvangile ont fourni longtemps des textes
qui convenaient la liturgie ou aux Mistres reprsents devant les
cathdrales.
En ce qui nous concerne, dans les sances de thrapie, lĠimprovisation est de mise. Cela ne
nous empche pas dĠemprunter des comptines ou des chants simples en guise de
refrains qui serviront donner une forme aux rondos.
Mais il sĠagit dĠabord de raconter ce qui se passe dans la
situation vcue par le ou les protagonistes.
Raconter
et mettre en chant ce quĠon a fait la veille ou ce que lĠon fera demain,
raconter ce de quoi on a envie de parler o ce de quoi on a du mal parler
mais qui sĠexprimera plus facilement en jouant et en chantant. Il est
important de faire en sorte que cette incantation
ait des rpondants dans le jeu du groupe. La parole dĠun seul doit tre prise
en compte par le groupe. CĠest une des conditions de
la thrapie. La parole ne va pas sĠencombrer de
rgles savantes qui rajouteraient la culpabilit de ne pas correspondre la
norme.
CĠest la
condition pour que, petit petit, la parole prenne une forme rythmique de plus
en plus cohrente et arrive sĠarticuler au discours symbolique du groupe.
Reste sĠimprgner progressivement des formes modales. Elles sont lgions dans le
monde. Pour y accder, il faut les couter et
mme les voir danser. Les moyens ne manquent pas aujourdĠhui pour prendre
contact avec elles, ne fut-ce que sur Internet et You
tube.
Les chants modaux tant lies intimement aux contexts culturels de lĠendroit dans lesquels ils sont ns,
Leurs rythmes et leurs mlodies ne peuvent pas tre calqus pour contenir une langue diffrente.
Il est indispensable de
sĠinspirer de lĠesprit de la modalit pour trouver le rythme et la mlodie qui sont lis la parole nonce.
Ë rappeler :
- non conforme la gamme bien tempre,
- expression lie au sens des paroles,
- utilisation des mlismes,
- insistance sur le rythme pur libre de la mesure,
- construction mlodique dpendante du rythme du langage.
+
Quelques TEXTES de rfrence :
Ç L'aspect musical devait voluer par rapport celui de
l'poque. Le centre
de gravit fut dplac de l'aspect harmonique vers l'aspect rythmique.
En consquence : les instruments rythmiques devinrent
privilgis. Je me suis cart de la mthode
d'ducation par le mouvement base sur l'utilisation du piano comme elle tait
(et est encore aujourd'hui) habituellement pratique, et je voulais arriver
ce que les lves improvisent et composent leur propre musique. È
Sur le Schulwerk : Rtrospectives
et perspectives 1963 Orff.
http://carmina-carmina.com/carmina/musicotherapie/orff.htm
Mais, dans toute excution, il y a
toujours quelque chose d'immdiat. Sitt la premire note entonne, tous les
chanteurs en prsence se trouvent Ç embarqus È dans
une aventure musicale dont personne ne peut prvoir vritablement lĠissue.
Certes, le texte musical a une forme mnsique plus ou moins prcise et les
paroles des chants sont gnralement connus dĠavance (les situations
dĠimprovisation littraire sont plutt rares dans le cas qui nous occupe), mais
la musique, au sens que nous donnons ce terme (cf. supra), nĠest pas
assimilable une Çpartition intrieureÈ : elle nĠest
pas conue comme un espace clos dont les lments seraient parfaitement
identifies non seulement en tant que tels, mais aussi les uns par rapport aux
autres dans une structure de rfrence 5 . Elle est davantage un trac (notion sarde de
: "traggiu") qui se construit dans un cadre temporel limit :
essentiellement dans lĠunit de souffle permettant le dveloppement dĠune
phrase musicale. Quant la forme mnsique, elle est
surtout fournie par la trace acoustique que ce chant a lui-mme cr lors de
prestations prcdentes, mais cette trace est souvent lgre. Elle est plus
marque, certes, lorsque les chanteurs en prsence ont une grande habitude de
chanter ensemble ; mais, en gnral, il n'y a pas une
rgle fondant des automatismes, qui dboucheraient sur un chant standardis
et quasi acadmique – Ç canonico È, comme on le dit Castelsardo.
Bernard Lortat Jacob : Lortajablog - http://lortajablog.free.fr
HUGUES (de Saint Victor) prtend que les humains
sont affaiblis par leur propre faute.
La SCIENCE MECANIQUE est donc un remde cette douloureuse
condition. Elle doit donc soulager
les faiblesses humaines et non contrler, dominer ou conqurir la
nature. La SCIENCE MECANIQUE est une tentative de restauration partielle
de la comptence humaine dĠavant le pch.
Il ne sĠagit pas de subjuguer la nature mais :
ÒDĠune
poursuite empresse de la VERITE non point mue par cet amour qui chrit le
Òparfaitement connu, mais plutt pousse par le dsir de poursuivre plus loin ce qui a Òt got et trouv agrable...
ÒLorsquĠil
(Hugues) songe au travail de la laine, ce nĠest pas au travail en soi quĠil
Òsonge mais la relation entre cet art et la SAGESSE comme le fit en notre
sicle le ÒMahatma GANDHI !
Mais la fascination du
dveloppement technologique mis ces ides au vestiaire :
ÒEn
moins dĠun sicle la consommation de FER avait plus que doubl dans lĠEurope du
ÒNord-ouest : Gnralisation du ferrage des chevaux,
fabrications des charrues, armures pour les croisades...
ÒDu
vivant de HUGUES, le nombre des moulins eau doubla tandis que le nombre et la Òvarit des nouvelles machines mues par ces moulins
augmentaient encore plus rapidement.Ó
ÒLes
MONASTERES prirent lĠallure de parcs machines. Un nouveau genre dĠartisans et ÒdĠouvrier se multiplia. CĠtaient des hommes capables de
construire, entretenir et Òrparer lĠquipement. On inclinait les considrer comme du bas peuple.
ÒIl
devint malsant pour des gens dĠesprit de parler de ces mtiers.
ÒLe terme
de MECANIQUE dsignait alors une espce de salariat. La MECANIQUE nĠavait Òplus
grand chose de commun avec lĠeffort de djouer la nature et
encore moins de lĠimiter.Ó
ÒElle se
rapprochait de lĠexploitation de la nature, ayant dj volu dans le sens de
la domination.Ó
ÒLorsquĠau
18e sicle la MECANIQUE accda lĠUniversit ce fut sous forme conceptuelle
Òdiamtralement oppose la SCIENTIA MECHANICA de HUGUES de Saint Victor, qui
tait la recherche conviviale. Alors que cette dernire menait la Sagesse
dans son Òimitation de la nature, le nouveau sujet dĠtude tait clairement une
Òscience des ENGINSÓ, une science tourne vers la production pour
lĠHomme. Contrairement la
CRATION par lĠHomme.
Extrait de Yvan Illich : Le travail fantme, pp. 95 113, Seuil, Paris 1980.
+
Rappel
Bibliographique en vrac
Quignard Pascal, La haine de la musique, Folio 3008 Gallimard
Quignard Pascal, La leon de musique, Folio
1767 Gallimard
Jamblique Vie de Pythagore Les belles lettres
Illich Ivan Le travail fantme Seuil
James Jamie La musique des sphres ditions
du rocher
Cosquin Emmanuel Contes Philippe
Picquier
Les frres Grimm Contes Garnnier-Flammarion
Pierre Lafforgues Petit Poucet deviendra grand Mollat diteur 1995
Mardrus Les Mille et une nuits Bouquins Laffont
Simonsen Michle Le conte populaire Puf
Vellay-Valentin Cat LĠhistoire des
contes Fayard
Rouanet Marie Nous les filles Presses
Pocket
Zumthor Paul La lettre et la voix Seuil
Arveiller
J. Des musicothrapies Ed
Scientifiques et Psychol
Combarieu La musique et la magie Monkoff – Reprint
Genve
Meschonnic H. Critique du rythme Verdier
Gaignebet Claude A plus Hault sens Maisonneuve
et Larose
Gaignebet Claude Le folklore obscne des enfants Maisonneuve
et Larose
Gaignebet Claude Art profane et religion populaire au Moyen
ge Maisonneuve et Larose
Saint Yves Pierre Les contes de Perrault et leurs
origines Bouquin-Laffont
Vernant J.Pierre Mythe et socit en Grce ancienne Maspero
Walter Philippe Mythologie chrtienne Entente
Bourdieu Pierre Les rgles de lĠart Point
essai
Debray Rgis Vie et mort de lĠimage Gallimard
Rabelais Franois Oeuvres compltes Seuil
Schott-Billmann Fr. Possession,
danse et thrapie Sand
Schott-Billmann Fr. Corps et
possession Gauthier-Villars
Schott-Billmann Fr. Le
primitivisme en danse Odile Jacob