Sainte Anne (Grâce - celle qui est en haut) et
Saint Joachim. (Dieu met debout)
Sainte Anne a fait très fort, elle a eu trois
maris ! Les puritains Petits Bollandistes ne lui en donnent qu'un.
1 - Joachim avec qui elle engendra Marie, la Vierge, qui engendra
Jésus le Christ.
2 - Cléophé, qu'elle épousa
après la mort de Joachim et avec qui elle eut une autre fille qu'elle
appela aussi Marie et qui se maria avec Alphée.
3 - Salomé, qu'elle épousa après la mort de
Cléophé et avec qui elle eut encore une troisième fille
nommée aussi Marie et qui se maria avec Zébédée.
La seconde fille engendra Saint Jacques le mineur,
Barsaba, Simon et Jude.
La troisième fille engendra Jacques le Majeur et
Jean l'Évangéliste.
Anne avait une soeur nommée Hismérie qui
engendra Élisabeth et Éliud. Élisabeth engendra Saint
Jean-Baptiste.
Élius engendra Eminen qui engendra Saint Servais,
troisième Saint de glace, que l'on vénère à
Maestricht en centre Europe.
Voilà pour la famille.
Reste des choses pas très claires entre les
tribus, mais peu importe car tout ça fait de Sainte Anne la patronne
exemplaire des Grand-mères.
Revenons à Joachim de la tribu de Juda. Il
était pasteur et gardait les moutons. Il était de Galilée
et épousa Anne de Bethléem. Après 20 ans d'union, ils
n'avaient toujours pas d'enfant.
Un jour, à la fête de la Dédicace,
il alla à Jérusalem avec ceux de sa tribu. Quand il
présenta des offrandes, il s'approcha de l'autel mais fut
repoussé par un prêtre qui lui reprocha de vouloir s'approcher de
l'autel alors qu'il était sous le coup de la malédiction
puisqu'il était stérile. Il ne devait pas se présenter
avec ceux qui n'étaient pas infectés de cette souillure.
Joachim, honteux, se retira auprès des bergers dans la montagne. Anne fut sans nouvelles de lui pendant 5 mois. Tous deux continuaient à prier Dieu afin d'avoir un enfant.
Puis, un ange apparu à Joachim. C'était
sûrement Gabriel ! Il lui dit :
"je suis chargé de vous dire que vos
prières ont été exaucées. Anne enfantera. Si Dieu
ferme le sein d'une femme, c'est quelquefois pour l'ouvrir plus tard afin que
la naissance paraisse plus merveilleuse et pour faire connaître que
l'enfant n'est pas le fruit de la passion mais un don de Dieu. Sara n'a-t-elle
pas enduré la stérilité jusqu'à ses 99 ans ?
Cependant, elle mit au monde Isaac. Et Joseph, ne fut-il pas enfanté par
Rachel la stérile ? Quoi de plus fort que Samson et que Samuel ? Et
pourtant leurs mères étaient stériles.
Vous enfanterez une fille que vous appellerez Marie
et qui enfantera le Très-Haut."
De son côté, Anne pleurait. Vers la
neuvième heure, elle s'était assise dans son jardin sous un
laurier. Elle gémissait de ne point avoir d'enfant. Elle aperçu
un nid de passereaux et se mit à pleurer :
"Hélas ! à
qui me comparer ?
De qui suis-je donc née pour être ainsi la
malédiction d'Israël, on me repousse, on me méprise, on me
rejette du Temple.
A qui me comparer ?
Je ne puis me comparer aux
oiseaux du ciel car les oiseaux du ciel peuvent paraître devant vous,
ô mon Dieu !
A qui me comparer ?
Je ne puis me comparer aux
animaux de la terre car les animaux de la terre sont féconds devant
vous, Seigneur !
A qui me comparer ?
Je ne puis me comparer
aux fleuves et à la mer car les fleuves et la mer ne sont point
frappés de stérilité :
ou calmes ou émues, leurs
eaux, remplies de poissons, chantent vos louanges.
A qui me comparer ?
Je ne puis me comparer aux
plaines, car les plaines portent leurs fruits en leur temps, et leur
fertilité vous bénit, ô mon Dieu !"
Puis un ange apparut et lui promit qu'elle engendrerait.
C'était sûrement Gabriel !
Joachim rentra à la maison où Anne
l'accueillit avec des transports d'allégresse. Neuf mois après,
elle accoucha sans douleur et sans honte d'une fille à qui elle donna le
nom de Marie et qu'elle nourrit de son lait.
Anne présenta alors son enfant au Temple
d'où elle avait été chassée. Après que les
prêtres aient donné leur bénédiction, elle arracha
l'enfant des mains des prêtres et le porta à sa mamelle puis
chanta un cantique devant la foule.
"Écoutez, écoutez, tribus
d'Israël, voici qu'Anne allaite !"
Après, on n'a plus beaucoup de renseignements sur Anne. On
dit que son corps fut transporté en France par la barque de Provence. On
la porta jusqu'à la ville d'Apt où le bienheureux
évêque Auspice la cacha dans une armoire du mur de la crypte la
plus basse afin de la protéger des persécutions. Il plaça,
devant les reliques une lampe qui ne s'éteignit qu'en 792 au moment de
la découverte du corps. Puis, il mura la crypte.
Sept siècles plus tard, Charlemagne vint séjourner
à Apt.
Pendant qu'il assistait la messe, on vit un jeune homme qui
s'appelait Jean et qui était aveugle, sourd et muet de naissance, qui
semblait écouter des voix célestes. Puis, il montra une marche de
l'autel en faisant comprendre qu'il fallait creuser dessous. L'office
était troublé mais comme cela surprenait tout le monde,
Charlemagne ordonna que l'on suive les conseils de l'enfant. On
découvrit une entrée puis des escaliers qui conduisaient à
une grotte souterraine : c'était la crypte. Jean fit signe de creuser
encore plus. On descendit alors dans un long souterrain étroit dans
lequel il y avait une lumière extraordinaire. C'était celle de la
lampe placée devant un mur.
Mais la lampe s'éteignit. Jean ouvrit les yeux, et eut les
oreilles et la langue déliée et dit : "dans cette
ouverture est le corps de Sainte Anne, la mère de la Vierge Marie."
On ouvrit la niche et une odeur suave se dégagea.
C'est
depuis Apt que des reliques furent distribuées un peu partout et surtout
à Auray, en Bretagne, dans le Morbihan, près de Lorient. Vers les
années 1614, Saint Anne apparut à un paysan de Pluneret,
près d'Auray : Yves Nicolazic.
Ses parents s'étaient servi des vestiges d'une
ancienne chapelle de Sainte Anne pour bâtir une grange. Anne lui
apparaissait soit dans une grande lumière, soit en marchant et tenant un
flambeau à la main. Quelquefois, il n'apercevait que le flambeau et la
main. C'est elle qui lui révéla l'existence de l'ancienne
chapelle, dans le Bocennu. Elle désirait qu'elle fut reconstruite.
Enfin, elle indiqua à Yves Nicolazic qu'il trouverait,
dans le champ du Bocennu, une statue de Sainte Anne. Il partit avec des
compagnons et, guidés par la lumière, ils
s'arrêtèrent à un endroit où ils découvrirent
la statue.
Quelques temps plus tard, la grange de Yves fut
brûlée sans qu'on puisse l'éteindre.
Depuis lors, il y a foule à Sainte Anne d'Auray.
Je ne sais pas où les petits Bollandistes
ont été chercher le cantique d'Anne qui gémit sous son
laurier. Peut-être l'ont-il inventé ? Mais ce cantique donne toute
sa dimension à celle qui peut être associée à la
grande Déesse mère que l'on retrouve dans différentes
traditions. Son nom tourne toujours autour du signifiant ANNA ou NANNA.
(curieusement revenu dans l'argot quotidien français : une nana.)
Jean Przyluski, dans son étude sur la
grande Déesse (La grande Déesse, Payot 1950, Paris) fait
remarquer que "Nana" est un mot qui sert à nommer la
mère dans des langues les plus diverses.
Les petits turcs ne disent pas "Maman"
mais "Anè" lorsqu'ils parlent à leur mère.
Sainte Anne peut être
considérée comme cette Grande Déesse à la taille de
la terre, des fleuves, des plaines et de toute la végétation.
Qu'elle soit fêtée au 26 juillet, à l'époque
où la terre donne son fruit n'est peut-être pas un hasard. Cela
est corroboré par la présence des 7 Dormants (au 27) qui sont en
rapport direct avec Artémise, et Marguerite, patronne des femmes en
couches au 20 et Marie-Madeleine la velue au 22, mais aussi de Jacques et
Christophe au 25.