5 octobre
Sainte Fleur ou Flora ou Flore
Il y aurait deux "sainte Fleur" ou "Flora". Sainte Fleur de Maurs, puis une sainte imaginaire qui serait la personnification de l'aubépine.
Autrefois, pour se protéger de la foudre, on récitait la comptine suivante :
Sainte Barbe et sainte Fleur
implorez Notre-Seigneur
partout où cette prière se
dira
jamais tonnerre ne tombera
Par temps d'orage, les paysans mettaient une "pierre à tonnerre"
dans leur poche en récitant :
Sainte Barbe, sainte Fleur
A la croix de mon Sauveur
quand le tonnerre grondera
sainte Barbe me gardera
J. Merceron ("Dictionnaire des saints facétieux et imaginaires" Seuil 2002) rappelle que cette prière était utilisée avec d'autres rituels mais toujours par temps d'orage.
Dans sa légende, Sainte Barbe fut martyrisée avec des torches en feu. Puis, lorsque son père lui eut coupé la tête, la foudre tomba qui le réduisit en cendres. On peut donc invoquer sainte Barbe (ou Barbara) pour se protéger de l'orage ou faire tomber la foudre où on désire qu'elle tombe. Quant à sainte Fleur de Maurs, rien, dans sa Vita, n'a de rapport avec la foudre sinon le thème de l'amour de Dieu qui la brûle intérieurement.
J.L. Le Quellec note que la foudre est toujours associée, depuis l'antiquité à la fleur d'aubépine. Cette fleur protège de l'orage parce qu'elle a servi à tresser la couronne du Christ. De plus, un jour, la vierge a pendu un lange de son bébé à une épine de la fleur. Lors de la fuite en Égypte, elle se reposa sous un massif d'aubépine.
Dans certaines version de la comptine, l'aubépine est associée à la "couronne de Notre Seigneur". Il en va sans doute de même pour sainte Barbe, sainte imaginaire, à qui on a attribué une Vita assez courante et commune à bien des vierges martyres.
J. L. Le Quellec pense qu'elle est née de la "joubarbe" (barbe de Jupiter) qui passait aussi pour protéger du tonnerre, attribut de Zeus-Jupiter. (Cf. Bulletin de la Société de mythologie française - n° 178) On retrouve le même processus de personnalisation avec la "centaurée" qui devient la "sainte Oreille" ou le "sainfoin" qui devient "saint Foin" ou encore "l'herbe d'éclair" ou "grande chélidoine" qui devient "sainte Claire".
A Nice, il existe une fête de sainte Fleur donnée le premier dimanche d'octobre. On y voit un défilé de femmes fleurs. Elle est organisée en la cathédrale Sainte Réparate par l'association "sainte Fleur".
cf : http://www.tresor-vieux-nice.com/album%20photos/ste-fleur2007/ste-fleur-2007.htm
Le diaporama dans : http://rivieraflorale.org/
Quant à saint Fleur ou Flora de Maurs, elle naquit vers 1309 à Maurs, dans le Cantal, non loin d'Aurillac. Ses parents faisaient partie de la noblesse. Son père s'appelait Pons de Corbie et sa mère Melhors. Ils eurent dix enfants : trois fils et sept filles. Maurs fit partie des quatre filles qui devinrent religieuses au monastère de l'Hôpital-Beaulieu (Issendolus - Lot). Dès sa plus tendre enfance, elle préférait aller prier avec sa mère plutôt que de participer aux jeux des enfants de son âge. A l'école, elle brillait par sa vivacité d'esprit et par son avidité d'apprendre.
Vers l'âge de 14 ans, son père songea à la marier mais elle avait une autre dessein, celui de devenir religieuse. Après avoir vaincu les refus de son père, elle entra au monastère de l'Hôpital-Beaulieu afin d'y devenir Hospitalière de saint Jean.
Très vite, elle eut à faire au démon qui la tenta sous diverses formes. Il mit en doute son état de pauvreté. Ayant fait voeu de pauvreté, elle était torturée par le fait que l'abbaye était bien riche. Puis, elle fut tourmentée par des doutes sur son voeu de chasteté. Elle priait sans cesse de manière ostentatoire en levant les yeux et les mains au ciel ou courant dans le cloître en poussant des soupirs, à tel point que ses compagnes la crurent folle. Mais devant ces accusations, Fleur restait silencieuse et passait des nuits entières dans la prière et les larmes. Plus elle était troublée, plus elle était tentée, plus elle s'adonnait à ses manifestations souvent bruyantes.
Un jour, Jésus lui apparu. Cela dura trois mois pendant lesquels Flore croyait porter le Christ dans son ventre. Mais la croix qu'il portait lui déchirait les entrailles. Lorsqu'elle marchait, on voyait qu'elle portait un poids considérable. De plus, elle crachait le sang. Elle se mit à entrer souvent en extases mais elle essayait de les garder secrètes. Pour cela, elle prétextait une maladie afin de rester dans sa cellule. Elle eut des visions dans lesquelles elle apercevait le ciel avec les saints. Une des visions dura vingt-deux jours pendant lesquels elle resta dans des rapports continuels avec les saints.
Un 22 novembre, elle assista au triomphe de sainte Cécile dans le ciel. Son biographe la compare à Moïse car elle vit Dieu et même la place qu'elle occuperait lorsqu'elle serait au ciel. Ses visions suivaient le calendrier liturgique et correspondaient aux saints du jour. A la Noël, elle voyait l'enfant Jésus entouré de langes, à la Purification, l'enfant dans les bras du vieillard Siméon etc.
Un jour de Pentecôte, son corps fut élevé au-dessus de terre pendant qu'elle chantait le "Veni creator". Elle demeura longtemps suspendue en l'air.
Un jour, un jongleur vint lui rendre visite et lui dit :"Si Jésus-Christ avait eu deux mères, vous auriez été certainement l'une d'elles" Cela ne lui empêchait pas de garder une grande humilité. Sa réputation de sainteté s'était répandue. Elle fit accourir bien des malheureux qui venaient de loin afin d'être secourus. Elle se mit alors à faire des miracles et à prédire l'avenir.
Brûlée autant par les austérités que par l'amour divin, elle s'éteignit doucement le 5 octobre 1347. De tout le corps de Fleur s'exhalait un parfum suave de lis et de roses. 0n procéda à "l'exaltation" de son corps. le 11 juin 1360. A l'ouverture de son tombeau, une odeur des plus suaves se répandit sous forme d'une rosée embaumée. Grâce à ce parfum, bon nombre de malades présents retrouvèrent la santé.
Elle fut canonisée par la volonté populaire. Elle est la patronne de celles qui portent un nom de fleur.
"Quand arrive la sainte Fleur, pour aller au verger, ce n'est plus l'heure."