Jacques de Nisibe n’y va pas par quatre chemins et
sûrement pas par celui de Compostelle.
“Originaire de cette cité, Jacques
embrassa la vie du désert en gagnant la cime des plus hautes montagnes.
Au printemps, en été et en automne, il profitait des taillis avec
le ciel pour toit. Durant la saison d’hiver, une caverne lui offrait un
petit abri. Il n’avait pour nourriture que celle qui pousse toute
seule… L’usage de la laine était de trop pour lui, car le
poil de chèvre le plus rude en tenait lieu pour la tunique qu’il
portait et pour sa pèlerine toute simple…”
C’était un homme sauvage.
Un jour, il résolut, de faire un voyage en Perse. Passant
par une ville, il se trouva devant des jeunes lavandières qui foulaient leur linge avec les pieds.
Loin d’adopter une attitude respectueuse à la vue d’un homme
aussi vénérable, elle se mirent à le regarder en le fixant
avec leurs yeux. Jacques furieux, lança une malédiction sur la
fontaine et la tarit sur le champ. Puis, prononçant une
exécration contre les femmes, leurs cheveux devinrent blancs comme ceux
des vieillards. Toute la ville accourut et supplia Jacques de revenir à
de meilleurs sentiments. Jacques, plein de mansuétude refit couler
l’eau et redonna aux cheveux leur couleur ordinaire.
Une autre
fois, se trouvant devant un juge inique, il lança une malédiction
contre une grosse pierre qui éclata. Le juge eut si peur qu’il
modifia son jugement.
A la suite de ces miracles, on le nomma évêque de
Nisibe.
Il participa au Concile de Nicée et se lança dans la
lutte contre les doctrines d’Arius.
Plus tard, il se trouvait à Constantinople et Arius voulut
y entrer en triomphateur avec ses soldats. Mais arrivé sur une grande
place publique, Arius eut le besoin de se retirer aux toilettes. Il y perdit
son fondement et mourut honteusement.
Jacques retourna à
Nisibe. Le roi de Perse Sapor II assiégea la ville. Comme elle
résistait, il fit un barrage sur le fleuve qui traversait la ville et
retint l’eau. Puis, il lâcha une quantité énorme d’eau
retenue qui, avec impétuosité, vint démolir une partie des
murs de Nisibe. Son oeuvre réalisée, Sapor se reposa
jusqu’au matin avant d’envahir la ville par les brèches.
Mais au matin, grâce aux prières de Saint Jacques, les murs étaient
reconstruits.
Saint Ephrem qui se trouvait
à Nisibe demanda à saint Jacques d’intervenir pour faire
cesser le siège. Jacques monta au sommet d’une tour et, voyant la
plaine remplie d’hommes et d’éléphants, pria Dieu de
punir l’orgueilleux Sapor II par sa création la plus humble. Au
même instant, Dieu envoya des nuées de moucherons qui se
posèrent sur les trompes des éléphants et les
agacèrent tellement que ceux-ci, excités, se ruèrent
ça et là en tuant et en mettant en désordre l’armée
de Sapor. Il n’eut plus qu’à retourner en Perse avec le
reste de son armée.
Saint Jacques de Nisibe mourut en 350. Son corps fut
transféré à Constantinople.